ARGOS - 1994
Âge du Bronze - Bronze Moyen - Bronze Récent
Âge du Fer - Protogéométrique - Géométrique
Argos
En 1991 et 1992, une trentaine de fouilles d'urgence ont été effectuées par le Service archéologique dans la ville et ses faubourgs. Le compte rendu détaillé, auquel nous empruntons les informations qui suivent, en est donné dans AD 46 (1991) [1996] Β'1, p. 88-103, 129-130 et AD 47 (1992) [1997] Β'1, p. 85-92 [A. Banaka-Dimaki, E. Spathari, Chr. Pitéros, A. Papadimitriou, O. Psychogiou, E. Bakourou].
Rues. — Dans trois terrains du centre-ville (rue Kapodistriou, parodos Kapodistriou et place Dimokratias), on a recoupé trois rues orientées Est-Ouest, en usage de l'époque classique à l'époque byzantine. La fouille d'un quatrième terrain (rue Polykleitou) a révélé des bâtiments hellénistiques bordant une autre rue de même orientation, fréquentée jusqu'au Ier s. av. J.-C.
Dans le quartier Est de la ville, on a mis au jour deux rues hellénistiques qui devaient se croiser (rue Kalmouchou), et un réseau d'au moins trois voies utilisées de l'époque classique à l'époque romaine, ainsi que le lit d'un torrent (rue Kofiniotou) ; dans le quartier Sud-Est (rue Karpétopoulou), une rue romaine orientée Est-Ouest et présentant trois chaussées superposées, avec des maisons attenantes.
Constructions archaïques, classiques et hellénistiques. — La fouille d'un terrain situé dans le centre-ville (parodos Bélinou) a révélé deux bâtiments datés respectivement du VIe-IVe s. av. J.-C. et de la fin du IVe-début du IIIe s. av. J.-C., ainsi qu'une fosse remplie de matériel archaïque et classique (astragales, protomés féminines, figurines de divinités trônantes, de cavaliers et d'animaux, de satyres ithyphalliques, de sphinx...) ; la nature des trouvailles, ainsi que certaines particularités de la fosse elle-même (parois enduites d'argile, briques crues posées de chant, fig. 1) témoigneraient du caractère cultuel de cet espace.
Plus à l'Est (rue Papaoikonomou) on a dégagé cinq pièces d'une maison du début de l'époque hellénistique, dont l'une était pavée d'une mosaïque de galets noirs et blancs. Il s'agit probablement d'une villa extra muros. La présence, parmi les trouvailles, d'un ensemble de vases miniatures du Ve s. et d'une plaquette du IIIe s. av. J.-C. ornée d'une représentation de cavalier, suggère l'existence d'un dépôt de sanctuaire à proximité.
Constructions romaines et byzantines. — Sous un bâtiment tardo-romain du quartier Sud-Est partiellement fouillé dans le passé (angle des rues Séféri et Aghiou Konstantinou), on a découvert un bâtiment romain dont la partie centrale est dallée de plaques en terre cuite.
La fouille d'un terrain situé dans la partie occidentale de la ville (rue Gounari) a mis au jour un vaste bâtiment romain d'usage domestique, comprenant cinq pièces et un espace dallé qui doit correspondre à une cour ; le soubassement de l'un des murs en brique était construit en arête de poisson (fig. 2) ; dans le même terrain, on signale la présence d'un mur monumental d'époque hellénistique.
Dans la même rue, une autre fouille a révélé les restes d'une maison protobyzantine, tandis que ceux d'une maison mésobyzantine ont été découverts près du centre-ville (rue Manou). Cette dernière présente plusieurs états successifs, avec une fosse-dépotoir construite contenant de la céramique commune, un espace ellipsoïdal enduit de mortier hydraulique et des citernes dans lesquelles on a trouvé notamment des poids de tissage (XIe-XIIe s. ap. J.-C.).
Installations artisanales. — Des vestiges d'ateliers ont été mis au jour dans deux terrains des quartiers Est et Sud-Est. Dans le premier (rue Kofiniotou) il s'agit d'un four rectangulaire et d'un dépôt céramique d'époque romaine, avec trois puits plus anciens — l'un géométrico-archaïque, les deux autres classiques — contenant probablement les déchets d'autres fours. Dans le second terrain (rue Kavafi), il s'agit d'un bâtiment de deux pièces dont l'une abritait un four du début de l'époque classique ; à l'extérieur du bâtiment gisait le corps d'une statue romaine en bronze portant des traces de malfaçon (fig. 3-4) : probablement un rebut d'atelier en attente de réutilisation.
Nécropole Nord. — La fouille de deux terrains à bâtir situés au pied du flanc Est de l'Aspis (angle des rues Xénophontos et Diakou, parodos Perséôs), a amené la découverte de dix tombes HM et de quinze tombes HR ; parmi ces dernières, une tombe à chambre construite du type de la tombe rhô du Cercle Β de Mycènes (HR I-IIB).
Dans le même quartier (rue Hérakléous), une tranchée de travaux publics a recoupé des vestiges de toutes époques : l'habitat et le cimetière HM (entre la rue Diomidous et la rue Perséôs), une tombe mycénienne, quatorze tombes protogéométriques et géométriques, une fosse contenant trois sépultures archaïco-classiques, des restes de constructions hellénistiques, enfin trente-six tombes et treize enclos funéraires datés entre le IIe s. av. J.-C. et le VIe s. ap. J.-C. ; parmi le mobilier de ces dernières, une grande lampe en terre cuite signée Πρίμον ἐποίει (ΙIe s. ap. J.-C).
Nécropole du centre-ville. — Plusieurs tombes appartenant à la nécropole géométrique située près de la place Saint-Pierre (v. BCH 102 [1978] Chron., p. 664) ont été exhumées rue Polykleitou ; deux d'entre elles contenaient des objets métalliques (bagues et jambière en bronze, poignards en fer). À l'Ouest de la place, rue Théophanopoulou, on a fouillé sept tombes à ciste protogéométriques.
En 1994, ce sont vingt-trois tombes de la nécropole classique et hellénistique qui ont été fouillées à l'Ouest de la place, dans un terrain situé en bordure de la rue Tsokri. Elles contenaient toutes des inhumations et peu d'offrandes. Actes du 5e Congrès des Études Péloponnésiennes, Γ', p. 395-413 [E. Sarri].
Nécropole Sud. — Du vaste cimetière qui s'étendait au Sud de l'agglomération antique (v. BCH 101 [1977] Chron., p. 547) on a fouillé, entre 1989 et 1991, soixante dix-sept tombes classiques et hellénistiques, dont deux seulement appartenaient à des enfants (angle des rues Ménandrou et Polyneikous) (fig. 5) ; trente tombes s'échelonnant entre l'époque géométrique et l'époque hellénistique (rue Messinias-Arcadias et lieu-dit Paliopyrga) ; dix tombes géométrico-archaïques, une ciste hellénistique et dix-sept tombes à tuiles d'époque tardive (rue Miaouli) .
Nécropole du Xérias. — Vingt-cinq tombes appartenant à la nécropole repérée dans le lit du Xérias (v. BCH 102 [1978] Chron., p. 666) ont été fouillées à faible distance de la rive occidentale ; les plus anciennes datent de la fin du Ve s., les plus récentes du Ier s. av. J.-C.
Autres tombes. — Dix tombes géométriques ont été exhumées dans le quartier Sud-Est (rue Karpétopoulou et rue Séféri), six autres dans le secteur Ouest (rue Gounari). Deux de ces dernières abritaient plusieurs sépultures accompagnées d'un très grand nombre de vases (50 dans l'une, 30 dans l'autre) et d'objets métalliques (armes en fer, rondelles et figurine zoomorphe en bronze) ; une troisième — en jarre — a livré une amulette en bronze doré.
Trouvaille fortuite. — Une dédicace aux Dioscures (IVe-IIIe s. av. J.-C.) a été découverte dans la parodos Tsokri.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 754-758
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