KASSOPÈ - 1983

Fouilles de la Société archéologique. — En collaboration avec l'Institut archéologique allemand de Berlin, S. Dakaris a poursuivi, en 1983, l'exploration de la ville antique. Les travaux ont porté sur quatre secteurs.

1) Maison 14. — La fouille commencée l'année précédente a été achevée et l'on a pu observer que des orthostates de remploi avaient été utilisés sur tout le côté Est et Nord-Est lors de la reconstruction du III^e siècle av. J.-C.

2) Maison 4. — Dans cette maison située au Nord du katagogion et de la maison 2 (v. plan dans BCH 104 [1980] Chron., p. 619), on a effectué plusieurs sondages exploratoires : le plan est du type habituel, avec sept ou huit pièces ouvrant sur une cour centrale, et l'élévation en brique crue sur socle de pierre en appareil polygonal. La stratigraphie et le matériel indiquent que la maison fut construite au IV^e siècle av. J.-C et plusieurs fois remaniée au cours du III^e-II^e siècle av. J.-C. Parmi les trouvailles on signale 36 poids coniques de métier à tisser, 4 clés en fer de type laconien, une drachme en argent d'Apollonia et une pointe de lance foliacée de la fin de l'HR.

3) Portique Nord de l'agora. — La poursuite de la fouille a montré que l'édifice public du IV^e siècle av. J.-C. découvert sous le portique hellénistique avait presque la même longueur que ce dernier, que sa largeur était de 8,50 m et qu'il était divisé en une série de pièces rectangulaires ; que l'égout qui drainait les eaux du katagogion et de ses abords était contemporain du portique et appartenait à un réseau complet desservant toute la région Est de la ville. Six nouvelles bases, dont certaines sont inscrites (fig. 75), ont été découvertes, alignées devant le petit côté Est du portique : elles supportaient, semble-t-il, des statues en bronze de personnages morts dédiées par leur famille aux dieux et à la cité (IIe s. av. J.-C).

4) Côté Ouest de l'agora. — Là aussi on a mis au jour plusieurs bases dont l'une, qui a conservé les tenons de fixation de deux statues en bronze, porte l'inscription Φιλόξενος Πολυξένοντος | "Ιππαρχον Νικ[ίου], Αίσχρίαν 'Ιππάρχου | τοις θεοΐς καΐ ται πόλει (IV^e-III^e s. av. J.-C).

Mais l'activité des fouilleurs s'est concentrée sur le grand bâtiment de 27,30 x 14,30 m qui règne sur ce côté (fig. 76). Il est bordé à l'Est par la rue 7, large de 4,50 m et couverte, à cet endroit, à la manière d'un portique. A l'Est de la rue s'étend un « téménos » rectangulaire délimité par des orthostates (35,50 x 6,50 m) devant lequel on a mis au jour une rangée de quatre autels dont le plus grand porte l'inscription Διός Σωτηρος. Le bâtiment lui-même se compose d'une cour péristyle (12,20 x 8,40 m) autour de laquelle se répartissent six pièces : la pièce c, qui est couverte à l'Est et comporte une exèdre semi-circulaire (6,56 x 3,40 m), la pièce d (8,60 x 8,70 m) au centre de laquelle on a retrouvé un amas de briques cuites et des ossements d'animaux, les pièces e (4,20 x 4,70 m) et f (4,20 x 7,20 m) dans lesquelles il faut restituer des lits de repas, la pièce i qui n'a pas été fouillée et la pièce k qui s'ouvre sur la cour par un portique à trois colonnes corinthiennes et abritait les restes d'une statue (cultuelle ?) en terre cuite. Cet édifice, que tout désigne comme le Prytanée, date au plus tard du début du III^e siècle av. J.-C. Il fut complètement détruit lors du sac de la ville par les Romains en 167 av. J.-C, puis rebâti de façon très sommaire — ce qui prouve qu'il perdit alors de son importance, comme, du reste, toutes les institutions démocratiques. Ce dernier point est confirmé par le fait que les bases inscrites de l'agora, qui datent presque toutes du II^e siècle av. J.-C, portent non pas des décrets de la cité mais des dédicaces d'offrandes faites par des particuliers à des morts de leur famille. Ergon 1983 (1984), p. 36-42.