PAROS. - Katapoliani - 1986
Paros, Paroikia
G. Gruben, A. Ohnesorg et I. Ring ont poursuivi leurs recherches architecturales, presque exclusivement centrées, cette année, sur l'ensemble monumental de Katapoliani.
1) Cathédrale de Katapoliani. — Jusqu'à présent 2 100 remplois antiques ont été identifiés. On a procédé cette année au levé du plan de la tribune, après avoir mené à bien celui du rez-de-chaussée (fig. 109). La séquence des trois édifices qui constituent la cathédrale de Justinien (chapelle Saint-Nicolas, église de la Panaghia et baptistère) a été vérifiée. Il est désormais établi que l'église principale et la chapelle Saint-Nicolas sont contemporaines, et cela parce que 1) les murs jointifs s'interpénétrent ; 2) le mur de séparation entre les deux édifices est percé d'une porte et d'une fenêtre répondant exactement à celles du mur du presbytérium de la Panaghia qui leur fait face ; 3) le mur Sud de la chapelle Saint-Nicolas n'a pas de fenêtre extérieure qui correspondrait à un état primitif. Le baptistère est postérieur à cet ensemble, tandis que l'atrium, considéré par Orlandos comme plus ancien, est contemporain du narthex de l'église principale.
2) Chapelle Saint-Nicolas. — Elle présente une rupture de plan entre le rez-de-chaussée, qui est celui d'une basilique, et la tribune, qui est celle d'une église en croix à coupole. Le mur à arcades Sud a conservé un fragment des mosaïques murales originales avec inscription.
3) Église de la Panaghia. — Les dernières observations amènent à conclure que l'édifice ne comporte pas, comme le pensait Orlandos, deux états architecturaux successifs (une basilique en croix du IVe-Ve siècle avec toit à charpente et une église du VIe siècle couverte de voûtes en berceau et couronnée d'une coupole), mais un seul état, qui date du milieu du VIe siècle. Même si, comme il semble, un toit à charpente a bien été initialement prévu lors de la construction du rez-de-chaussée, la tribune est manifestement conçue de façon que les voûtes des nefs latérales soutiennent la croisée des voûtes de la nef centrale et du transept surmontées de la coupole. Le fait que les murs extérieurs sont reliés au stylobate et aux supports de la partie centrale par un toichobate situé exactement au même niveau, atteste l'unité de conception et de réalisation de l'ensemble. Le décor sculpté, qui présente la même homogénéité, permet d'en dater la construction de la fin de l'époque de Justinien.
4) Basilique paléochrétienne. — Les restes d'une basilique à trois nefs avaient été mis au jour par Orlandos sous le sol de la nef centrale de l'église de la Panaghia (v. BCH 88 [1964] Chron., p. 804-819). Sa colonnade Est, encore visible, s'enfonce sous la mosaïque d'un édifice profane (villa ? gymnase ?) de la première moitié du IVe siècle ap. J.-C, mosaïque qui, sans doute, continua d'être utilisée. Les colonnes doriques, qui ont pour fondement deux bases d'autels circulaires remployées, furent arasées lors de la construction de l'église justinienne et les fûts sectionnés recouverts par le nouveau dallage. La date de la basilique se situe donc entre celle de la mosaïque et celle de l'église ; vu l'abondance des remplois on pencherait volontiers pour l'époque de Théodose.
5) Pastophorion (sacristie). — Cette pièce, qui se trouve dans l'angle entre le presbyterium et le bras Sud de la croix, possède un plan complexe, avec piliers d'angle et voûte en croix. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, les modifications apportées aux murs Est et Sud à la suite d'un séisme n'ont pas affecté le plan original de la pièce ni l'agencement des voûtes : on a en effet retrouvé une portion de mosaïque protobyzantine dont le décor (à motifs géométriques) est en relation directe avec le plan de la pièce. Au-dessus, la tribune a également conservé sa forme primitive.
6) Baptistère. — Plusieurs observations confirment que le baptistère est un ajout postérieur, notamment la faible épaisseur de son mur Nord (0,45 m) et du mur Ouest de son narthex (0,50 m), qui s'appuie contre un mur plus ancien et deux fois plus épais, appartenant vraisemblablement au diaconicon (cf. infra § 7). Ce mur épais était percé d'une ouverture, qui ne· répond à aucune des portes du baptistère, mais qu'on ne put condamner parce qu'il n'y en avait pas d'autre à l'Ouest. Le plan et l'ordonnancement inhabituels de l'édifice, qui ne compte pas moins de 11 portes, s'expliquent probablement aussi par le fait qu'il fut accolé à un ensemble déjà construit.
Pour le mur de refend Est, on est maintenant amené à restituer, à la place du tribélon (v. BCH 89 [1965] Chron., p. 857), des plaques de chancel avec deux portes latérales. Les restes de mosaïques antiques et byzantines nettoyés en 1984 ont été dessinés. Deux portes ouvrant vers l'Est, à l'extrémité des nefs latérales, devaient mener au palais episcopal, qui est censé se trouver de ce côté.
7) Diaconicon. — Les sources invitent à interpréter comme diaconicon l'espace situé au Sud du narthex de l'église principale et à l'Ouest du baptistère. On y accédait, depuis le narthex, par une porte ouvrant d'abord sur un vestibule, dont le seuil est conservé. Comme on vient de le voir, cette pièce commandait, à l'Est, l'accès au baptistère.
8) Trouvailles architecturales. — Un certain nombre de remplois ont été identifiés :
a) Le jambage droit de la porte principale de la cathédrale de Katapoliani provient d'un autel à triglyphes d'époque classique consacré à Zeus Éleuthérios ; le monument, qui mesurait au moins 4,76 x 1,54 m, peut maintenant être restitué graphiquement (fig. 110).
b) Les portes latérales du baptistère réutilisent le chambranle et le linteau d'une porte hellénistique.
c) Dans la colonnade de la basilique paléochrétienne sont remployés deux tambours de colonnes doriques, posés sur deux bases rondes moulurées qui appartiennent à des autels funéraires.
d) Dans la chapelle Saint-Nicolas sont maçonnés des blocs à parement décoratif dans le style de ceux du Létôon de Délos.
e) De nombreux blocs de gradins du théâtre ont été retaillés en consoles pour supporter les coupoles des trois églises.
9) Monuments funéraires. — En poursuivant l'étude des sarcophages à socle et piédestal, on a pu constater que les fragments retrouvés jusqu'à présent appartenaient au moins à 13 monuments de ce type.
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