TORONÈ - 1989

Sur le promontoire de Lékythos, A. Cambitoglou et son équipe ont poursuivi en 1989 leurs fouilles dans trois sondages.
Dans la fouille profonde de la tour semi-circulaire byzantine ou post-byzantine, les murs de la seconde moitié du V^e s. av. J.-C. découverts en 1988 (cf. BCH 113 [1989] Chron., p. 650) pourraient appartenir à l'une des maisons d'où, selon Thucydide, les Athéniens se défendirent contre l'assaut Spartiate en 423. Dans l'une des trois pièces partiellement recouvertes par la tour, on a dégagé un mur et un sol d'époque archaïque, ainsi que deux pithoi (fig. 1). Le remblai qui supportait ce sol a livré une céramique allant du Bronze ancien à l'époque archaïque ; les deux pithoi, probablement géométriques, reposent sur un sol inférieur et pourraient appartenir à l'habitat associé à la nécropole du début de l'Âge du Fer d'Andiros.
Dans le second sondage, une grande citerne en pierre, datant probablement du début de l'époque hellénistique quoique contenant une grosse quantité de tessons post-byzantins, a livré entre autres une monnaie en argent d'Histiée et la figurine acéphale de la fig. 2. Parmi le matériel, des gouttes provenant d'un entablement dorique, associées à un tesson avec dédicace fragmentaire à Ἀθη- découvert en 1986, assurent, conformément au texte de Thucydide, l'existence d'un temple d'Athéna, désormais caractérisé comme dorique.
Le troisième sondage a permis de dégager une petite « pièce » orthogonale, datant du Bronze moyen, qui faisait partie d'un ensemble plus étendu. Les trouvailles de ce sondage montrent que les styles céramiques du Bronze moyen coexistaient à Toronè avec ceux du début du Bronze récent : on y a recueilli aussi un lot d'objets en terre cuite d'usage incertain (chevilles ? boutons ?) (fig. 3). Deux murs, ainsi que les sols correspondants, constituent les découvertes les plus importantes de la campagne : il s'agit des soubassements en pierres de murs en briques crues, appartenant à deux bâtiments, respectivement du Bronze moyen et du Bronze ancien, dont le plus ancien était peut-être couvert par un toit de tuiles. Trois sols successifs étaient associés au mur du Bronze ancien : un foyer en argile y a été partiellement dégagé, de même que, à la surface du sol inférieur, une sorte d'« exèdre » en terre, dotée de six petites cavités pleines d'une terre grasse stérile, dont la fonction demeure inconnue (fig. 4). À courte distance du foyer, on a recueilli une grande masse de tessons, dont l'un orné d'un décor gravé de triangles quadrillés par des lignes incisées pleines d'une matière blanche. Il faut signaler aussi, de la même époque, la figurine féminine de la fig. 5.
Ergon (1989) [1990], p. 73-78.