SALAMINE. – Grotte de Péristéria - 1994

En 1994, G. Lôlos, en collaboration avec l'Éphorie de Paléoanthropologie-Spéléologie, a exploré une grotte au Sud de l'île, au-dessus de la baie de Péristéria. Un sentier partant de la côte, utilisé probablement dès l'Antiquité, mène à l'entrée de la grotte qui se trouve sur la pente abrupte d'une hauteur rocheuse, à 100 m de la mer. La grotte elle-même mesure 46 m de long et comporte dix chambres. Son intérieur donne l'impression d'un labyrinthe avec de grosses stalagmites. Les travaux de cette première campagne (dont un rapport est en outre donné dans Ενάλια 4 [1992] (1995), p. 30-31) se sont limités au relevé topographique des chambres, à la récolte du matériel en surface et à l'exploration des terres perturbées par les fouilleurs clandestins. Les données archéologiques témoignent d'un usage très long de la grotte, de l'époque néolithique à la période franque. Au Néolithique, une installation d'agriculteurs, artisans et pêcheurs a laissé des traces dans la plupart des chambres ; parmi les trouvailles de cette époque, signalons des fragments de céramique et des outils en obsidienne et silex. L'utilisation de la grotte à la période mycénienne est confirmée par des trouvailles sporadiques de fragments de vases de bonne qualité, quelques petits objets, mais surtout par la découverte d'un poignard en bronze en bon état de conservation, avec trois clous sur le manche, en connexion avec des perles, des pesons et de la céramique dans les terres perturbées ; il s'agirait plutôt d'une offrande votive que funéraire, ce qui indiquerait la fonction cultuelle de la grotte à cette époque. La majorité du matériel date cependant de la fin de l'époque hellénistique et de la période impériale : beaucoup de lampes, fragments de canthares, vases à décor en relief, bijoux en bronze, monnaies.

La grotte était probablement consacrée au culte des Nymphes, puisqu'une source d'eau se trouvait un peu en contrebas de son entrée, mais peut-être aussi au culte des héros régionaux : Kykhrée, premier roi légendaire de l'île, et Ajax. Elle peut être identifiée avec l'« Antre de Kychréas », le premier roi légendaire de l'île, et évoque la célèbre grotte de Salamine dans laquelle, si l'on en croit les auteurs anciens, se retirait Euripide pour écrire ses tragédies.

À l'époque franque, la grotte a servi de refuge ou cachette de trésor(s), comme en témoignent les restes d'un trésor monétaire et des bijoux en argent et petits objets en bronze. Presse, 27/11-13/12.