ATHÈNES. - Agora - 1982
Agora antique, Athenian Agora
Fouilles de l'École américaine. — La fouille de l'angle Sud-Ouest de la Stoa Poikilè et de ses abords immédiats a été poursuivie, en 1982, sous la direction de
, apportant de nouveaux éléments à la connaissance de l'édifice tout en confirmant sa date et son identification.A l'angle Ouest de la stoa on a découvert, dans la tranchée de fondation, un conduit souterrain en pierre qui fut endommagé et mis hors d'usage lors de la construction de l'édifice. On en a retiré de la céramique de la décennie 470-460 av. J.-C, ce qui confirme la date proposée pour la construction de la stoa.
A l'angle Sud se dresse, sur le degré inférieur de la krépis, une grande fondation rectangulaire en blocs de pôros (3,60 x 2,80 m), alignée sur l'ante et la colonnade. Un massif identique, qui a conservé deux blocs d'une assise supérieure plus soignée, a été découvert cette année à 2,50 m au Sud-Ouest. Il s'agit des deux piles d'une porte monumentale que franchissait, à l'entrée de l'Agora, la rue Nord/Sud dont la chaussée de gravier passe précisément entre ces deux massifs. L'examen des états de rue superposés indique que la porte fut construite au tout début du IIIe siècle av. J.-C. Le fait que cette porte est accolée, à l'Est, à la stoa, et qu'elle jouxte, à l'Ouest, l'autel découvert en 1981, s'accorde bien avec la description que Pausanias fait de l'angle Nord-Ouest de l'Agora (I, 14, 7-15, 1) et confirme donc l'identification de la Stoa Poikilè tout en suggérant, du même coup, que l'autel appartient au sanctuaire d'Aphrodite Ourania.
Si la fouille de l'angle Nord-Ouest du terrain n'a apporté aucun élément à l'appui de cette dernière identification, elle a du moins fourni des précisions sur l'aménagement du sanctuaire à l'époque romaine. C'est ainsi qu'on a pu reconnaître dans la fondation en pôros apparue au Nord de la fouille celle d'un petit temple romain à podium du début de l'époque impériale, dont il n'est malheureusement pas possible de préciser les dimensions ni le plan. On a également pu interpréter de façon sûre les cinq rangées de blocs de pôros accolées au côté Ouest de l'autel comme étant les fondations d'une grande plate-forme dallée qui supportait l'autel d'époque romaine. Une base monumentale, sur laquelle se dressait peut-être une grande statue impériale, est apparue à l'extrémité Ouest de la fouille, contre la première marche du temple.
La fouille s'est étendue cette année au bâtiment classique situé immédiatement derrière la Stoa Poikilè, en bordure de la rue Nord/Sud, et qui s'est avéré être le premier édifice privé en dehors de la place publique. A l'origine — c'est-à-dire au début du IVe siècle av. J.-C. — il se composait d'une série de boutiques de 4,40 x 7,90 m, dont deux ont été partiellement explorées. Chacune d'elles comportait une seule pièce, accessible depuis la rue. Les murs extérieurs avaient des orthostates en pôros reposant sur une assise de toichobate, tandis que les murs intérieurs étaient en appareil polygonal. Au Ier siècle ap. J.-C. une deuxième série de pièces fut ajoutée à l'Est, doublant la première. Le bâtiment présente une superposition de dix sols en argile battue qui correspondent à cinq siècles d'occupation. On y a relevé des traces d'activités commerciales et industrielles mais aussi, dans deux cas, de sacrifices domestiques apparemment célébrés lors du départ de l'occupant. Reconstruit à peu près sur le plan initial au cours du Ve siècle ap. J.-C, l'édifice fut définitivement détruit et abandonné après les invasions slaves des années 580. Les constructeurs de l'époque byzantine réutilisèrent les murs classiques arasés comme fondations, déblayant l'intérieur des pièces jusqu'au-dessous du niveau du sol romain tardif.
A l'Ouest de ce bâtiment et de la Stoa Poikilè la rue Nord/Sud a été fouillée. On a pu en observer la séquence stratigraphique complète, qui va du milieu du Ve siècle av. J.-C. à la fin du VIe siècle ap. J.-C. Des canalisations, dont la plupart servaient à drainer les eaux usées vers l'Éridanos tout proche, étaient associées à presque tous les sols de la rue. Mais l'installation hydraulique la plus intéressante est apparue dans la ruelle qui sépare la Stoa Poikilè des boutiques classiques. Il s'agit de deux conduites en terre cuite parallèles au mur de fond de la stoa. La plus récente (milieu du IVe s. av. J.-C), arrivée à l'angle Ouest de la stoa, tourne à angle droit vers le Sud et suit la rue. L'autre, manifestement contemporaine de la construction de la stoa (deuxième quart du Ve s. av. J.-C.) passe sous la rue et se dirige vers la porte du Dipylon : on est donc tenté d'y voir un aqueduc et de le mettre en rapport avec les travaux d'adduction d'eau à l'Académie effectués par Cimon à cette époque (Plutarque, Cimon, 13, 8).
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