THÈBES. - Rue Polynikous - 2004

À Thèbes, au Sud-Est de la Cadmée, la IX^e éphorie des antiquités préhistoriques et classiques a effectué une fouille préventive sur le terrain Manisali (rue Polynikous), mettant principalement au jour des vestiges d’un sanctuaire remontant à l’époque géométrique, attribué à Héraklès, mais aussi des vestiges de l’occupation mycénienne et romaine (fig. 1-2).

Le sanctuaire a été repéré au Sud-Ouest et à l’Est du terrain. Au Sud-Ouest, la fouille a dégagé un stylobate sur lequel reposaient les tambours inférieurs de colonnes doriques, qui furent fixés avec des fragments de tuiles à une époque ultérieure. À peu de distance à l’Ouest du stylobate, on a dégagé l’angle d’un édifice qu’on est tenté d’identifier à un péribole, construit avec des blocs et fragments sculptés de l’époque archaïques en remploi. Ces deux éléments paraissent appartenir à un lieu de culte.

Cette identification est confortée par la découverte, autour de ces structures et à des niveaux inférieurs, de dépôts cendreux, avec des ossements animaux et toute sorte d’offrandes (en bronze, en fer, en pierre et en terre cuite). De grandes quantités de céramique et de nombreux tessons inscrits datant principalement du VI^e s. av. J.-C. ont été recueillis. Il s’agissait pour la plupart d’offrandes à Héraklès, sauf une qui était dédiée à Mégara, fille de Créon et épouse d’Héraklès. On recense également une inscription lacunaire sur une épaisse lamelle de bronze, datée du début du V^e s. De ce secteur proviennent aussi une statuette en bronze d’Héraklès au lion (fig. 3), un petit kouros en bronze, un vase en pierre sur pieds de lion, des couteaux sacrificiels en fer.

Dans le secteur oriental du terrain, la fouille a dégagé un autel rectangulaire (dim. 9 x 8 m), ayant servi au dépôt de cendres, une sorte d’eschara pour les sacrifices. Les offrandes les plus anciennes qui en proviennent remontent à la fin de l’époque géométrique/subgéométrique, mais la majorité est d’époque archaïque. Parmi le mobilier, un canthare en bronze inscrit est particulièrement remarquable : ΑΝΕΘΕ]ΚΕ ΤΟΠΟΛΟΝΙ ΤΟΙ ΗΙΣ[ΜΕΝΙΟΙ.

On recense de nombreux tessons de vases peints (fig. 4), représentant notamment des guerriers, des danseurs masculins, le centaure Nessos, un débarquement, ou encore la mise à mort d’animaux sauvages. À l’intérieur de l’espace délimité par des murets, on a retrouvé de nombreux vases à décor linéaire et végétal, ainsi qu’un très grand nombre de marmites sans décor. Au total, plus de 400 vases entiers ont été recueillis. À part les vases, on signale des couteaux sacrificiels, un sceau et des bijoux en bronze. Toutes ces offrandes constituent le noyau de l’autel-eschara qui s’est formé avec l’accumulation de sang, de cendres et d’os provenant des sacrifices. L’autel n’a pas été déplacé au cours des siècles, mais a été délimité, lors de deux phases, à l’époque archaïque, par des périboles peu élevés, dont le mur Nord est construit en appareil polygonal (début VI^e s. av. J.-C.).

Par ailleurs, au centre du terrain et au Nord-Ouest, les couches supérieures ont livré des vestiges construits et des sols recouverts de mortier de chaux, ainsi que des fosses-dépotoir comportant les restes d’un artisanat du verre des I^er-II^e s. apr. J.-C. Dans ce secteur, les couches les plus profondes ont livré de la céramique de l’HA et de l’HM. Une partie d’un édifice de l’HR IIIB2 a également été dégagée.