ATHÈNES. - AGORA - 1980
Agora antique, Athenian Agora
Fouilles de l'École américaine. — Au cours des deux premières campagnes menées, en 1980-81, sous la direction de fig. 5).
, au Nord de la rue Hadrianou (v. BCH 105 [1981], p. 774), on a mis au jour un ensemble de maisons byzantines superposées à des constructions du Bas-Empire, qui recouvraient elles-mêmes un portique et un autel du début de l'époque classique. Tous ces vestiges s'organisent par rapport à une rue Nord/Sud, en usage de l'époque classique à l'époque ottomane, et qui aboutissait à l'angle Nord-Ouest de l'Agora (Les maisons byzantines, au nombre de quatre au moins, furent occupées sans interruption et sans cesse remaniées de la fin du IXe à la fin du XIIe siècle. Dans la cour de l'une d'elles on a fouillé un puits, creusé au Xe siècle et comblé au XIIe, qui a livré un grand nombre de jarres et autres vases domestiques ainsi que des déchets alimentaires (os, arêtes de poisson, coquillages, graines carbonisées, noyaux, etc.) dont on a entrepris l'analyse systématique.
Dans les niveaux romains tardifs on a pu identifier les restes de deux bâtiments arasés au niveau des fondations : un tronçon de la colonnade Nord d'une via colonnata Est/Ouest déjà recoupée anciennement à quelque distance vers l'Est, et l'angle Sud-Est d'un énorme édifice qu'il faut probablement interpréter comme des thermes. Dans la fondation de la colonnade se trouvait remployée une stèle en marbre d'époque hellénistique portant deux décrets éphébiques avec listes de noms (177/6 av. J.-C).
Le portique du Ve siècle av. J.-C, dont on a dégagé l'extrémité occidentale à l'Est de la rue précitée (fig. 6), a été immédiatement identifié, vu sa situation à l'angle Nord-Ouest de l'Agora, son orientation, ses dimensions imposantes, la qualité et la date de son exécution, comme la Stoa Poikilè, mentionnée dans une cinquantaine de textes et d'inscriptions. L'édifice, dont l'orientation Nord-Est/Sud-Ouest est déterminée par le cours de l'Éridanos (fig. 5), mesure 12,37 m de large et sa longueur est évaluée à 55 m environ. Il est donc un peu plus grand que la Stoa de Zeus Éleuthéreus (11,40 x 46,55 m). Les éléments architecturaux retrouvés en place ou dans les murs byzantins avoisinants permettent d'en restituer l'élévation avec une certaine précision.
La stoa était pourvue, sur la façade Sud, d'une colonnade dorique surmontée d'une frise où alternaient triglyphes en pôros et métopes en marbre. La krèpis comportait trois degrés en façade et quatre en retour sur le petit côté Ouest. Des fragments de colonnes ioniques sans cannelures appartiennent probablement à une colonnade intérieure dont on a retrouvé, à l'Ouest, un bloc de fondation en place. Le mur de fond, en parpaings comme les murs des petits côtés, était doublé intérieurement, sur toute sa longueur, par une large banquette. Bien qu'on n'ait pas retrouvé trace du sol même de l'édifice, la fouille de ses fondations a permis de recueillir, dans le remplissage de déchets de taille qui en formait la substruction, de la céramique exceptionnellement bien datée de la décennie 470-460 av. J.-C. Construite dans la première moitié du Ve siècle av. J.-C, la stoa ne fut pas détruite avant le VIe siècle de notre ère : l'implantation du bâtiment tardif adjacent montre en effet qu'elle était encore en place pendant la deuxième moitié du Ve siècle ap. J.-C.
La fouille n'a apporté aucun élément qui permette de localiser la Stoa des Hermès, voisine, comme on sait, de la Stoa Poikilè, mais on notera que la plus belle trouvaille de la campagne est précisément une tête d'hermès de la fin de l'époque archaïque, qui était incorporée dans un mur byzantin juste au-dessus de la krèpis Ouest de la Stoa Poikilè.
En face de celle-ci, du côté Ouest de la rue Nord/Sud, on a mis au jour un autel remarquablement bien conservé, qui devait appartenir à l'un des grands sanctuaires situés dans cette partie de l'Agora, celui d'Aphrodite Ourania ou d'Hermès Agoraios. La totalité du soubassement et trois des six orthostates formant les côtés étaient encore en place, l'intérieur étant occupé par une série de dalles de pôros placées de chant et qui, n'ayant pas de fonction réelle dans l'état final du monument, sont probablement les vestiges d'une structure plus ancienne respectée par l'autel. Un bourrage de terre et de débris sacrificiels occupait l'espace libre entre les dalles. D'après la céramique recueillie sous le sol correspondant à la base du monument, l'autel date, dans son état original, de la fin du VIe siècle av. J.-C, et tout indique qu'il demeura en usage jusque pendant l'époque romaine. On espère que la poursuite de l'exploration des niveaux archaïques permettra d'identifier la divinité à laquelle il était consacré.
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