LE MIRAMBELLO. - Latô, Dréros, l'Anavlochos - 2010
Informations Générales
Numéro de la notice
1957
Année de l'opération
2010
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Dréros
Dréros
Notices et opérations liées
Description
L’exploration archéologique du site de Dréros a été poursuivie en collaboration avec l’éphorie d’Aghios Nikolaos et l’Université Paris 4 et avec l’appui de la municipalité de Néapolis (Alexandre Farnoux, Paris 4/EfA, Stavroula Apostolakou & Vassiliki Zôgraphaki, KD' EPCA). On présentera les différents secteurs étudiés dans l’ordre où ils se présentent au visiteur.
Secteur 5. – Situé sur la pente Nord du site, à une cinquantaine de mètres en contrebas du mur de soutènement de l’agora, le secteur 5 avait été repéré en 2009 en raison de la présence d’un four à chaux et de nombreux murs visibles dans les pierriers alentour ; un deuxième four à chaux a été localisé soixante mètres plus au Nord-Est : l’un et l’autre ont fait l’objet de relevés et d’une première étude. Pour le reste, après nettoyage, on a mis au jour les vestiges d’un important bâtiment dont le plan d’ensemble ne se dessine pas encore nettement (fig. 1) :
- une longue pièce rectangulaire (12 m sur 3,50 m), orientée Est-Ouest et appuyée sur un haut mur de terrasse, a été dégagée ; elle semble s’ouvrir au Nord par une porte en partie détruite par l’installation du four à chaux. Au Nord-Est de la pièce, le départ d’un mur indique clairement que la grande pièce appartient à un ensemble qui se développe vers le Sud. Sous une mince couche de surface, une couche de destruction par endroit très épaisse a livré un abondant mobilier céramique et métallique, en particulier à l’Ouest où une dizaine de pithoi a été dégagée, essentiellement d’époque hellénistique. Du reste, l’ensemble du mobilier — un bracelet, une anse en bronze, un hameçon en bronze, des clous en bronze et en fer, mais aussi des fusaïoles et des pesons en terre cuite, des outils lithiques, dont une meule — paraît appartenir à un équipement domestique d’une relative ampleur. Le bâtiment semble avoir été détruit brutalement et abandonné immédiatement à l’époque hellénistique, sans doute à la suite de l’attaque des Lyttiens.
- au Nord de cette grande pièce, une petite pièce prend appui sur le mur de terrasse et a été installée postérieurement, avec une porte ouverte au Nord ; à l’Ouest de cette petite pièce, un espace limité par le rocher entaillé a été aménagé. Ces deux espaces ont livré peu de matériel : de la céramique commune hellénistique ainsi que des os dans la petite pièce, un pithos, sans doute de date plus récente, dans l’espace à l’Ouest.
Secteur 1 : l’agora. – Le secteur 1 couvre l’agora et les gradins dégagés par les fouilles françaises de 1932 et 1936. Deux interventions d’inégale importance y ont été conduites :
- le nettoyage du côté méridional rend désormais visible la succession des degrés sur toute l’aile méridionale ainsi que l’angle Sud-Ouest.
- une fouille in extenso du côté Ouest a permis le dégagement d’une nouvelle série de cinq longs gradins très bien conservés sur une longueur de 9,21 m ; à 5,10 m de la limite septentrionale des gradins, trois blocs disposés en pi pourraient constituer un petit escalier partiellement conservé ou bien d'un siège. En contre-haut des gradins et après un alignement de pierres, a été mis au jour un dallage bien conservé et délimité à l'Ouest par un muret formant une banquette. Il s'agit vraisemblablement d'une voie, large de 1,85 m, qui longe les gradins à l'Ouest et se dirige ensuite, selon toute apparence, vers le temple d'Apollon Delphinios au Sud (fig. 2).
Secteur 3 (H. Siard). – Situé à l’extrémité orientale de la large terrasse qui couronne l’Acropole Ouest, ce secteur (fig. 3) avait permis en 2009 la découverte d’un petit autel et d’un ensemble de figurines en terre cuite :
- la campagne 2010 a d’abord vu l’achèvement de la fouille de la pièce à l’autel. Elle se présente comme un espace auquel on accédait depuis l’Est. Sans doute s’agissait-il d’une cour hypèthre, car aucun élément de toiture n’a été retrouvé : du reste, la présence de l’autel et celle de la fosse contenant des résidus sacrificiels fouillée en 2009 assurent que l’on faisait brûler des animaux dans cet espace. L’épaisse couche de destruction qui repose sur un niveau de sol mal conservé a livré, outre de la céramique, une statuette en terre cuite d’un homme drapé d’un himation et un couvercle de vase en bronze avec une figurine de souris. L’architecture simple et modeste ainsi que le matériel céramique de cette cour — céramique commune, mais aussi un peu de céramique fine destinée à la consommation alimentaire — invitent à considérer qu’elle appartient à une maison particulière. Le type d’autel et les statuettes découvertes dans sa proximité s’accordent parfaitement avec les vestiges d’un culte domestique. – Cette maison était en usage à l’époque hellénistique ; la destruction a pu intervenir à la fin du IIIe ou au début du IIe siècle, en relation peut-être avec l’attaque et la destruction de la cité par Lyttos.
- l’enlèvement des pierriers qui encombraient la partie Nord de la terrasse couronnant l’acropole Ouest a permis de mettre au jour les vestiges de l’angle Sud-Est d’un grand bâtiment, composé d’un long mur Est-Ouest et d’un retour vers le Nord percé d’une porte. À l’Ouest de cette porte, la fouille a mis au jour le niveau d’occupation qui repose sur un remblai correspondant à la construction du bâtiment. L’ensemble du matériel retrouvé dans la couche d’occupation — en particulier une quantité importante de pesons de métier à tisser — fait penser à un contexte domestique et indique une occupation à l’époque hellénistique ; cette période est également celle de son abandon. À l’Est de cette porte, et donc en avant du grand bâtiment, a été identifiée une cour, dont l’angle Sud-Ouest était occupé par un grand four de plan circulaire (fig. 4). Four et bâtiment ont été construits d’une même venue : ils fonctionnaient donc conjointement, la cour constituant une annexe de la « maison » et associant diverses fonctions : cuisine, comme l’attestent une quantité impressionnante de restes fauniques provenant de déchets alimentaires, de très nombreux fragments de céramique commune, mais aussi espace de stockage, en raison des nombreux fragments de pithos ou de grands vases de type amphore, ou encore espace de travail, si l’on en juge par les nombreux pesons de métier à tisser et fusaïoles, dont certains étaient associés à des tiges de fer qui pourraient provenir d’un métier. – Le matériel provenant tant de la couche de destruction que des couches d’occupation paraît entièrement l’époque hellénistique, ce que confirment trois monnaies de bronze trouvées dans la couche d’occupation.
Au total, la campagne 2010 établit donc que les constructions sur cette terrasse, tant au Sud avec la cour à l’autel, qu’au Nord avec le bâtiment au four, datent de l’époque hellénistique. Elle établit aussi la nature domestique de l’usage de ces deux ensembles. Le second toutefois pourrait, au vu de ses dimensions, avoir eu une vocation « publique » ou être d’usage collectif.
Secteur 4. – Enfin, au sommet de l’acropole Ouest, la fouille menée en 1917 avait mis au jour un grand bâtiment public d’abord identifié comme un temple, puis comme un « andreion ». Les opérations conduites en 2010 ont permis de distinguer clairement une terrasse supérieure à l’Ouest et une terrasse inférieure à l’Est, dont on a retrouvé la limite Sud et, dans le mur qui la limite à l’Est, les indices d’une ouverture ou d’un accès (fig. 5). Elles obligent donc à reconsidérer le plan unitaire jusqu’ici admis pour ce monument. Il est désormais manifeste que l’on n’a pas affaire à un seul bâtiment, mais que la terrasse inférieure a pris appui sur la terrasse supérieure qu’elle a englobée en partie. L’examen d’un « dallage », dégagé par Xanthoudidis à peu près dans l’angle Nord-Est de la terrasse supérieure, a permis de reconnaître plutôt un mur, qui pourrait appartenir à un petit bâtiment rectangulaire. Sous ce mur, a été mis au jour un riche dépôt de céramique et de fragments de figurines votives : vases complets du type kalathos et près d’une dizaine de statuettes en terre cuite représentant des bovins (fig. 6) et datables entre la fin du bronze récent et le début de l’époque géométrique. La découverte de ce dépôt, joint au riche matériel découvert en 1917 — nombreux objets de bronze dont des éléments d’armure, vaisselle céramique en faible quantité, quelques fragments de statuettes en terre cuite — permet peut-être d’avancer l’hypothèse d’un temple installé sur un lieu de culte plus ancien et intégré postérieurement dans une terrasse plus vaste.
Ajoutons à l’ensemble de ces opérations le nettoyage des anciennes fouilles de P. Demargne sur l’acropole Est : il a permis de dégager partiellement le bassin de décantation de la grande citerne nettoyée en 1932. Ce nettoyage partiel a fourni un matériel abondant dont de la céramique datée du XIIe-XIIIe s., en particulier des fragments à glaçure, d’importation étrangère (Chypre, Italie du Sud ou Sicile) ou de fabrication locale, ainsi que des objets ou des fragments de fer ou de bronze, dont une monnaie du XIIe s. (époque des Commène). À l’évidence, l’occupation byzantine de l’acropole Est ne s’est pas réduite à la présence d’une simple garnison dans une forteresse : il s’agit en réalité d’une installation d’une plus grande importance qu’il faudra préciser.
Auteur de la notice
Dominique MULLIEZ
Références bibliographiques
D'après le rapport d'activités de l'École française d'Athènes
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
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Date de création
2011-05-20 00:00:00
Dernière modification
2023-10-06 14:48:47
Figure(s)
Fig. 1/ Dréros. – Secteur 5 : bâtiment rectangulaire et, au Nord, les deux pièces aménagées ultérieurement. Vue depuis l’Ouest.