DELPHES. – La ville - 2024

À Delphes, Jean-Marc Luce (EFA/Université de Toulouse) a poursuivi en 2024 son programme d’étude la ville de Delphes et de l’occupation du site à travers les périodes. Cette mission a permis de préciser et compléter le réseau des rues. La rue de la grande citerne se prolongeait vers l’Ouest au-delà des limites de la ville pour rejoindre la partie de la nécropole Ouest sur la croupe rocheuse dominant le musée. Cette voie existe depuis l’époque mycénienne et la nécropole comporte des tombes de cette époque. Au-dessus des tombes, mycéniennes et autres, repérées devant et sous le jardin de la succursale de l’Ecole des Beaux-Arts, se dresse un mur qui pourrait remonter à l’époque mycénienne, témoin potentiel d’un établissement. Un autre mur, S-362.5, sur la terrasse 2, présente une orientation qui diffère de celle des autres murs, mais qui peut être mise en relation avec la descente de la rue de la tombe au dromos. L’emplacement de la tombe S-404, fouillée par P.  Amandry en 1938, permet de constater que le chemin emprunté par les visiteurs pour aller du musée au site remonte à l’époque mycénienne. Ces précisions montrent à quel point l’héritage de l’Age du bronze dans le réseau des rues de Delphes a été déterminant. Au fur et à mesure de son développement, la ville historique s’est parfois contentée de transformer en rues des routes qui préexistaient et parfois elle semble avoir préféré des tracés de rues perpendiculaires pour passer d’une terrasse à l’autre. L’étude de la voierie a permis d’observer également les limites de la ville. Au Nord de la route Sud, on peut suivre, sur près de 230 m, une longue série de murs de soutènement, qui pourrait correspondre à la limite Sud de la ville, qui bordait une route. Cette ligne de murs rejoindrait peut-être une autre ligne similaire qui formerait la limite Ouest, la séparant de la nécropole ; cette hypothèse n’a pas été confirmée. Enfin, les investigations ont permis de mieux connaître les îlots d’habitation, notamment ceux qui s’inscrivent entre la rue basse et la rue médiane dans la partie Ouest.  Dans la zone étudiée en 2024, plus au Sud, les traces d’habitations archaïques se limitent à quelques tronçons de soutènement et à un mur désaxé. La présence d’un four rappelle l’atelier métallurgique découvert sous l’une des domus protobyzantines dans le secteur Sud-Est. Une hypothèse à explorer davantage est celle de l’investissement de la terrasse 2 par des habitations à l’époque protobyzantine alors que jusque là elle était occupée en grande partie par des ateliers, ainsi qu’un probable différenciation sociale entre la partie Ouest et Est de cette terrasse.