KOMMOS - 1983

Fouilles de l'Université de Toronto et du Royal Ontario Museum. — Au cours de la campagne de 1983, dirigée par J. W. Shaw qui en a donné un compte rendu détaillé dans Hesperia 53 (1984), p. 251-287, l'activité des fouilleurs a été concentrée sur le secteur Sud, où neuf sondages de dimensions variables ont été ouverts (fig. 185). On y a découvert trois nouveaux bâtiments du sanctuaire grec (V, Q et W) et poursuivi le dégagement de l'édifice minoen monumental T, au-dessous et à l'Est du temple classique C (fig. 184).

Il semble que l'« édifice » V date du VII^e siècle av. J.-C. et soit en réalité un enclos accolé à un bâtiment qui resterait à découvrir au Nord-Est. La présence, non loin de là, d'une fosse probablement utilisée pour la fonte du fer semble confirmer que le travail du métal était pratiqué au voisinage du temple B, comme le suggérait déjà la découverte d'un lingot de fer ou loup de fonderie (fig. 183). L'édifice Q, situé à quelque distance au Sud du précédent, dont il est apparemment contemporain, est une construction massive de 5,40 m de large avec, semble-t-il, l'entrée à l'Ouest. L'édifice W, bâti en même temps que le temple G, consiste en une petite pièce (1,88 x 2,15 m) qui fut pourvue, dans une phase ultérieure, d'un bloc de pierre central servant de table avec des sièges en pierre autour.

L'édifice minoen T, que le temple G et les quatre autels construits au-dessus empêchent de fouiller complètement, est beaucoup plus étendu qu'on ne le pensait. C'est un bâtiment allongé orienté Est/Ouest. Dans sa phase primitive (MR I), il fonctionne probablement en liaison avec l'édifice J, qui lui est contigu à l'Ouest. Sa façade Nord, dont une partie avait déjà été mise au jour immédiatement à l'Est du temple C (v. BCH 107 [1983] Chron., p. 830, fig. 152), se continue vers l'Est sur plus de 50 m, en bordure de la rue dallée (fig. 186). Les murs, conservés parfois jusqu'à 2,40 m de haut, sont d'excellente facture. Le plan intérieur, qui n'est encore que très partiellement connu, comporte, à l'Est de l'édifice J, un portique à cinq colonnes (entrecolonnement 3,27 m) alignées parallèlement à la façade au Sud. Ce portique mesure 27 m de long sur 5,15 m de profondeur et ouvre sur une cour dont on n'a pas encore trouvé la limite Sud. A l'Est du portique s'ouvre une série de pièces disposées de part et d'autre d'un couloir Est/Ouest. L'une d'elles, fouillée jusqu'au niveau du sol, contenait un dépôt de céramique MR I et quantité de grands fragments de stuc peint qui permettent de reconstituer une large frise faite de quatre bandes de couleur noire, bleue, rouge et blanche. Les pièces situées à l'Est du portique furent, semble-t-il, abandonnées dès le MR I et les colonnes remplacées, dans une seconde phase (peut-être encore au MR I), par un mur Est/Ouest. L'édifice Τ ne fut pas réutilisé au MR III A 2, à la différence des bâtiments J, Ν et S qui forment alors à l'Ouest un vaste complexe dont la fonction n'est apparemment pas domestique. Une phase intermédiaire est représentée par une construction inachevée (R) qui s'installa sur la cour MR I entre cette époque et le MR III A 1.

Les dimensions et l'aspect monumental de l'édifice T, qui est comparable aux bâtiments récemment découverts à Archanès et à Zakro, ajoutent une nouvelle dimension à notre appréciation du site de Kommos, tout en contrastant avec la modestie de l'architecture domestique : peut-être la fonction des bâtiments J et T était-elle moins liée à l'habitat environnant qu'à sa position stratégique au débouché de la route du port, axe principal qui reliait Phaistos et Cnossos au golfe Libyen.

En marge des travaux de fouille, l'étude de la céramique minoenne a progressé et l'on a entrepris celle des pièces d'origine italienne trouvées en contexte MR III A 2-B. D'autre part l'achèvement de la fouille des maisons minoennes et de la prospection fournit la matière d'un volume qui commence à prendre forme.