KITION. - Mound - 2019
Informations Générales
Numéro de la notice
7848
Année de l'opération
2019
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères (Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères)
Localisation
Toponyme
Kition Citium Kitium
Kition Citium Kitium
Notices et opérations liées
2019
Description
À Kition, la mission française, dirigée par Sabine Fourrier (HiSoMa/CNRS), a mené en octobre 2019 une fouille limitée, sur le site du Mound. Localisé dans la partie Sud de la ville, dans un quartier aujourd’hui partiellement construit délimité au Nord par le boulevard Grivas Digenis et au Sud par l’église de la Phaneromeni, le site a l’aspect d’une petite colline arborée, bordée sur son flanc Ouest par un profond fossé (Fig. 1). L’éminence, qui se dresse à une hauteur moyenne d’environ 10 m au-dessus du niveau de la mer, constitue un marqueur topographique bien visible dans le paysage, malgré les remblaiements massifs et les lissages du relief intervenus à date récente du fait de la construction de maisons et de routes. Il est mentionné par quelques voyageurs qui l’interprètent comme un bastion protégeant l’une des portes de la ville antique. De fait, on a pu repérer lors de prospections antérieures des blocs de conglomérat affleurant en surface, tout à fait similaires à ceux qui, dans la partie Nord de la ville (site de Kathari) appartiennent au rempart du XIIe s. av. J.-C. L’hypothèse d’un rempart continu, englobant toute la partie Sud de la ville moderne de Larnaca jusqu’aux abords de l’église de la Phaneromeni, a été acceptée par certains spécialistes, mais rejetée par d’autres. Ces derniers soulignent qu’aucun vestige du Bronze récent n’a été mis au jour dans cette zone et que son extension vers le Sud donnerait à Kition une superficie de 70 ha (de très loin supérieure à celle des autres villes chypriotes connues de la période, notamment Enkomi).
La campagne de fouilles avait donc pour but d’assurer l’existence de la muraille, son tracé et sa datation. Un nettoyage de surface général a permis de relever précisément tous les blocs de conglomérat visibles et de distinguer ceux qui étaient en place de ceux qui avaient été déplacés (rejetés dans la partie Nord du site par le creusement de la rue qui le borde, ou dans la partie Sud par l’érection d’un bunker militaire). D’orientation Nord-Sud, le mur suit un retour marqué vers l’Est. Un sondage, implanté perpendiculairement aux blocs, a confirmé l’orientation du mur et son interprétation. Les gros blocs de conglomérat enserraient un remplissage de blocaille et de débris divers (dalles de gypse et blocs de plâtre), liés au mortier de plâtre, dont on a fouillé la couche d’effondrement (Fig. 2). Le rare matériel associé à cette couche peut être daté de la fin de l’époque classique – début de l’époque hellénistique. Les dalles de gypse sont toutes très fragmentaires (elles n’étaient donc pas utilisées comme orthostates ou assises de réglage du mur) et de grandes dimensions : la mieux conservée avait une largeur de 54 cm ; leur épaisseur va de 6 à 9 cm.
L’exploration a été poursuivie jusqu’au substrat naturel, du côté Est (interne) et, dans une fenêtre étroite en raison des limites de temps, du côté Ouest (externe). Sous la couche d’effondrement reposait une épaisse couche de terre argileuse, dense et très dure, vraisemblablement destinée à assurer une assise stable pour le rempart. Le peu de matériel retrouvé dans cette couche date également de la fin de l’époque classique – début de l’époque hellénistique (fin du IVe-début du IIIe s. av. J.-C.). Le rocher a été atteint au même niveau (environ 9,40 m) des deux côtés du rempart. Du côté Ouest (externe), la surface du substrat a été aplanie puis retaillée verticalement pour ménager une espèce de marche (Fig. 3). Du côté Est (interne), le rocher se présente sous la forme d’une surface aplanie et enduite de mortier de plâtre, portant l’empreinte d’un dallage de grandes plaques (Fig. 4). Tout le pavement a été arraché. Ne subsistent que les nervures de mortier qui permettent de restituer des dalles de dimensions similaires à celles des plaques de gypse découvertes dans la couche d’effondrement du rempart. Par ailleurs, l’orientation du pavement (dans l’espace fouillé, au moins 8 rangées de dalles successives, sur plus de 4 m de large) est perpendiculaire au tracé du rempart et à la découpe verticale du rocher mise en évidence dans le sondage profond pratiqué du côté Ouest. Il est donc probable que les aménagements du substrat soient contemporains et documentent l’existence d’un bâtiment antérieur, qui a été arasé, et dont les matériaux ont été remployés pour la construction du rempart.
La campagne de fouille a donc permis d’assurer qu’un tronçon du rempart de la ville antique passait bien à cet endroit, très au Sud des autres tronçons fouillés jusqu’à présent. Elle a également montré que ce tronçon datait de la fin de l’époque classique – début de l’époque hellénistique. Une seule phase chronologique a, de fait, été fouillée, depuis le substrat jusqu’à la surface. Ce constat n’est pas sans susciter de nouvelles questions. S’agit-il, à cet endroit, d’une extension de la muraille (et donc de la ville) à la fin de l’époque classique ? La présence des blocs de conglomérat (caractéristiques à Kition des ouvrages du IIe millénaire) et la découverte de matériel résiduel du Bronze récent peuvent aussi suggérer qu’il s’agit d’une reprise, d’une réfection tardive de la muraille.
L’édification du rempart coïncide à peu près avec la fin du royaume autonome de Kition. Plusieurs événements peuvent s’y rapporter, et justifier son mode de construction hâtif : le siège de Ptolémée en 315, ou les affrontements entre Démétrios et Ptolémée entre 306 et 294. La nature du bâtiment antérieur, qui a été arasé, demeure inconnue. Son extension et sa qualité (même si seule une toute petite partie a été dégagée) indiquent un monument remarquable, qui manque pour le moment de parallèle.
La campagne de fouilles avait donc pour but d’assurer l’existence de la muraille, son tracé et sa datation. Un nettoyage de surface général a permis de relever précisément tous les blocs de conglomérat visibles et de distinguer ceux qui étaient en place de ceux qui avaient été déplacés (rejetés dans la partie Nord du site par le creusement de la rue qui le borde, ou dans la partie Sud par l’érection d’un bunker militaire). D’orientation Nord-Sud, le mur suit un retour marqué vers l’Est. Un sondage, implanté perpendiculairement aux blocs, a confirmé l’orientation du mur et son interprétation. Les gros blocs de conglomérat enserraient un remplissage de blocaille et de débris divers (dalles de gypse et blocs de plâtre), liés au mortier de plâtre, dont on a fouillé la couche d’effondrement (Fig. 2). Le rare matériel associé à cette couche peut être daté de la fin de l’époque classique – début de l’époque hellénistique. Les dalles de gypse sont toutes très fragmentaires (elles n’étaient donc pas utilisées comme orthostates ou assises de réglage du mur) et de grandes dimensions : la mieux conservée avait une largeur de 54 cm ; leur épaisseur va de 6 à 9 cm.
L’exploration a été poursuivie jusqu’au substrat naturel, du côté Est (interne) et, dans une fenêtre étroite en raison des limites de temps, du côté Ouest (externe). Sous la couche d’effondrement reposait une épaisse couche de terre argileuse, dense et très dure, vraisemblablement destinée à assurer une assise stable pour le rempart. Le peu de matériel retrouvé dans cette couche date également de la fin de l’époque classique – début de l’époque hellénistique (fin du IVe-début du IIIe s. av. J.-C.). Le rocher a été atteint au même niveau (environ 9,40 m) des deux côtés du rempart. Du côté Ouest (externe), la surface du substrat a été aplanie puis retaillée verticalement pour ménager une espèce de marche (Fig. 3). Du côté Est (interne), le rocher se présente sous la forme d’une surface aplanie et enduite de mortier de plâtre, portant l’empreinte d’un dallage de grandes plaques (Fig. 4). Tout le pavement a été arraché. Ne subsistent que les nervures de mortier qui permettent de restituer des dalles de dimensions similaires à celles des plaques de gypse découvertes dans la couche d’effondrement du rempart. Par ailleurs, l’orientation du pavement (dans l’espace fouillé, au moins 8 rangées de dalles successives, sur plus de 4 m de large) est perpendiculaire au tracé du rempart et à la découpe verticale du rocher mise en évidence dans le sondage profond pratiqué du côté Ouest. Il est donc probable que les aménagements du substrat soient contemporains et documentent l’existence d’un bâtiment antérieur, qui a été arasé, et dont les matériaux ont été remployés pour la construction du rempart.
La campagne de fouille a donc permis d’assurer qu’un tronçon du rempart de la ville antique passait bien à cet endroit, très au Sud des autres tronçons fouillés jusqu’à présent. Elle a également montré que ce tronçon datait de la fin de l’époque classique – début de l’époque hellénistique. Une seule phase chronologique a, de fait, été fouillée, depuis le substrat jusqu’à la surface. Ce constat n’est pas sans susciter de nouvelles questions. S’agit-il, à cet endroit, d’une extension de la muraille (et donc de la ville) à la fin de l’époque classique ? La présence des blocs de conglomérat (caractéristiques à Kition des ouvrages du IIe millénaire) et la découverte de matériel résiduel du Bronze récent peuvent aussi suggérer qu’il s’agit d’une reprise, d’une réfection tardive de la muraille.
L’édification du rempart coïncide à peu près avec la fin du royaume autonome de Kition. Plusieurs événements peuvent s’y rapporter, et justifier son mode de construction hâtif : le siège de Ptolémée en 315, ou les affrontements entre Démétrios et Ptolémée entre 306 et 294. La nature du bâtiment antérieur, qui a été arasé, demeure inconnue. Son extension et sa qualité (même si seule une toute petite partie a été dégagée) indiquent un monument remarquable, qui manque pour le moment de parallèle.
Auteur de la notice
Sabine FOURRIER
Références bibliographiques
Sabine Fourrier, rapport inédit de la mission française à Chypre en 2019.
Légende graphique :
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polygone du toponyme Chronique
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Date de création
2019-11-18 12:31:49
Dernière modification
2024-01-04 07:55:45