KITION. - Pervolia - 2013
Informations Générales
Numéro de la notice
4562
Année de l'opération
2013
Chronologie
Mots-clés
Métal - Parure/toilette - Lampe - Sépulture - Nécropole - Matériaux - Mobilier et aménagement du bâti - Bâti - Espaces
Nature de l'opération
Institution(s)
Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères (Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères)
Localisation
Toponyme
Kition Citium Kitium
Kition Citium Kitium
Notices et opérations liées
Description
La mission française a fait une deuxième campagne de fouilles dans la nécropole de Kition-Pervolia, au Nord-Ouest de la ville antique. La mission précédente avait permis de localiser cinq tombes de datation similaire (Ve s. av. J.-C.) mais d’orientation différente, creusées dans le rocher, dont une (tombe 379) avait été entièrement explorée.
On a fouillé en 2013 la tombe 396, qui avait été repérée lors du décapage de surface de 2012 (fig. 1). Orientée vers le Nord, la tombe possède un dromos assez court et étroit, en partie creusé dans le rocher (dans sa portion Nord), en partie dans un comblement très compact de terre à brique. Il possède quatre marches taillées dans le substrat naturel (konnos). L’entrée était fermée par une dalle de gypse, soigneusement calée par des petites pierres dans la découpe du stomion. Ce dernier, étroit et bas, conduit à une chambre de forme trapézoïdale, voûtée en berceau. La chambre était en partie comblée par du sédiment entraîné par les grosses pluies d’hiver. La stagnation d’eau dans la chambre a, par ailleurs, endommagé les parois qui ont été recreusées.
Plus de dix corps avaient été déposés dans la chambre. Contrairement à ce qu’on avait pu observer dans la tombe 379 fouillée en 2012, aucun bloc posé sur le sol n’indiquait la présence de tréteaux ou de cercueils. En revanche, la position des squelettes montre que les corps étaient étroitement enserrés dans des linceuls : les os ne sont pas sortis du volume initial et les phalanges des mains se retrouvent au niveau du bassin. La plupart des offrandes (vases et lampes) étaient placées dans les coins Sud de la chambre, de part et d’autre de l’entrée, conformément à l’usage attesté dans les tombes contemporaines de Kition. Quelques offrandes étaient associées à des défunts particuliers : de petits bols, quelques cruchons, des lampes (en coupelle pincée de tradition chypriote ou du type fermé d’origine grecque). On mentionnera surtout des bijoux : un squelette d’enfant portait des bracelets de bronze aux chevilles ; un autre un collier d’amulettes en faïence et de perles en pâte de verre.
L’ensemble du matériel (trouvé à la fois dans le comblement du dromos, déposé en une seule fois lors de la fermeture définitive de la tombe, et dans la chambre) est très homogène et peut être daté de la seconde moitié du IVe s. av. J.-C. La tombe collective a donc été utilisée pendant environ deux générations.
Dans la paroi Est du dromos, près du stomion, une plaque de gypse dissimulait une « cachette », semblable à celles qui avaient été découvertes en 2012. Dans cette niche, creusée dans le rocher, ont été mis au jour trois biberons et de petits bijoux (bracelets et anneaux en bronze). Ces offrandes, qui ne sont jamais associées à des ossements, posent d’intéressantes questions concernant la relation entre les vivants et les morts : il ne s’agit pas d’offrandes individuelles, mais d’offrandes destinées à une communauté de morts, sans doute familiale. C’est, par ailleurs, une pratique généralisée, du moins dans la nécropole de Pervolia et du moins à l’époque classique (Ve-IVe s. av. J.-C.) : toutes les tombes explorées jusqu’à présent possédaient des « cachettes » similaires.
L’extension du décapage de surface vers l’Est (environ 200 m2 ont été dégagés) a mis au jour un long fossé (sa limite Nord-Est n’a pas été repérée) dont la fonction, en l’état actuel des fouilles, nous échappe. Son comblement, datable de la seconde moitié du IVe s., fournit seulement un terminus ante quem. Il débouche, au Sud-Ouest, sur une chambre funéraire effondrée qu’on a pu dater, grâce au matériel retrouvé scellé sous la couche d’effondrement du rocher, du début du Ve s. L’architecture de la chambre, qui possède un décrochement en niche dans la paroi du fond, distingue cette tombe de celles qui ont été mises au jour précédemment dans la nécropole de Pervolia, mais elle possède des parallèles dans d’autres nécropoles de Kition.
Plusieurs dromoi, repérés grâce au décapage de surface, permettent de localiser cinq nouvelles tombes, qui datent toutes probablement, d’après leur typologie, de l’époque classique (Ve-IVe s. av. J.-C. ; fig. 2). La découverte la plus spectaculaire de cette année est apparue dans la partie Est de la fouille, au Sud du grand fossé. Une fosse rectangulaire soigneusement creusée dans le rocher, comblée par une terre meuble remplie de céramique archaïque (VIIe-VIe s. av. J.-C.), s’est révélée être le dromos d’une tombe dont la (ou les) chambre(s) se situe à l’Ouest. Il s’agit de toute évidence d’une tombe exceptionnelle, tant par les dimensions du dromos (sa largeur fait trois fois celle des dromoi de tombes classiques et il est creusé très profondément) que par son architecture (la présence de trous de poteaux dans les parois à l’avant du stomion et celle de deux consoles ménagées dans le rocher indiquent que le dromos était, du moins en partie, couvert d’une superstructure légère, sans doute en bois). C’est la première fois qu’une tombe de ce type est découverte à Kition. Son exploration constituera l’objectif principal de la prochaine campagne de fouilles.
Auteur de la notice
Sabine FOURRIER
Références bibliographiques
S. Fourrier, rapport d'activités de la mission française à Kition et Salamine en 2013.
Légende graphique :
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Date de création
2014-09-04 00:00:00
Dernière modification
2023-10-18 07:57:49