KLIMONAS. - Pakhtomena - 2022

Dans la région d’Amathonte, François Briois (EHESS) et Jean-Denis Vigne (CNRS) ont poursuivi en 2022 pour une dernière année du quadriennal, leur programme de recherche consacré À la recherche de l’Epipaléolithique et du PPNA ancien de Chypre soutenu par le Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères (MEAE). Des efforts importants ont été consacrés à la poursuite du travail de publication des recherches précédemment menées à Klimonas, qui devraient paraître sous la forme d’une monographie dans le courant du premier semestre 2023 (manuscrit remis et expertisé). Parallèlement, les fouilles se sont poursuivies au mois de mai sur le site de Pakhtomena, sur le plateau d’Armenochori, localisé dans la région d’Amathonte, dont les sondages de diagnostique réalisés en 2021 avaient montré le grand potentiel.
Quatre des dix sondages réalisés en 2021 avaient montré la présence de vestiges archéologiques. Une zone de près de 160 m² a été décapée tout autour de ces quatre sondages de manière à pratiquer une fouille extensive. La surface réellement explorée s’étend sur 90 m² environ. De vastes surfaces empierrées aux bordures bien délimitées et parfois coupées de fosses de plantation plus tardives (époque antique ?) sont apparues. Elles correspondent à une superposition d’au moins cinq sols construits sous la forme de radiers de petites pierres liés avec de la terre à bâtir. Ces radiers supportaient des sols de terre qui appartenaient à au moins cinq unités d’habitation, auxquelles on peut associer un foyer ainsi que des trous de poteaux (fig. 1). Une structure d’une longueur de 4 m, formée de pierres de plus gros modules, servait peut-être de mur de barrage à un cour d’eau qui n’a pas été identifié.
En 2022, 2485 pièces lithiques ont été recueillies, portant leur nombre à plus de 4000 pour l’ensemble des pièces connues. Les plus nombreuses proviennent de la partie Sud de l’espace fouillé, ce qui pourrait suggérer que le cœur du site se trouvait dans cette direction. Elles témoignent d’une industrie de type microlithique. La présence de nucléus, de déchets de taille ainsi que d’outils montre que l’activité de taille se faisait sur le site même.
Sept datations radiocarbones (sur onze) ont donné des dates au XIII^e et au XII^e millénaires pour les structures d’habitation, ce qui confirme leur attribution à l’Epipaléolithique. Pakhtomena est le premier site résidentiel connu à Chypre pour cette période. Les résultats de cette campagne sont importants pour la connaissance du peuplement épipaléolithique de Chypre, et des conditions dans lesquelles le Néolithique s’est mis en place dans l’île.