VALLÉE DU KEPHISSOS. – Elatée et Aghia Marina - 2021

Dans la Vallée du Képhissos, Katja Sporn (DAI) et Panos Kounouklas (Éphorie des antiquités de Phthiotide et d’Eurytanie) ont dirigé en 2021 une nouvelle campagne de prospections qui a concerné plusieurs sites situés autour d’Elatée et d’Aghia Marina. L’objectif du projet qui a démarré en 2018 était l’étude des habitats dans la Vallée du Kephissos durant l’Antiquité (sanctuaires, nécropoles, habitat, infrastructures).

À Elatée, on a mené une prospection dans le but de relever les vestiges de construction conservés en surface, ainsi que ceux qui sont enfouis, détectés par la géophysique (fig. 1-2). Ainsi on a pu partiellement restituer la fortification (par sections) sur environ 100 hectares de superficie : de l’acropole fortifiée et l’habitat romain tardif, partent deux courtines vers le Sud-Est et le Sud-Ouest, en direction de la vallée. Par endroits, elles ne sont visibles que par leurs traces sur le rocher taillé. Les recherches ont permis de repérer les tours. En revanche on n’a pas encore trouvé de portes. Les résultats ont fait apparaître un réseau régulier de rues dans la ville basse, avec des îlots orientés N-S et de dimensions 35-38 m x 112-116 m. On distingue également un réseau plus ancien, orienté NO-SE, détecté au Sud-Ouest de l’acropole, près de la chapelle de Saint Athanase. Des traces d’un bâtiment de grandes dimensions au Sud-Ouest de cette chapelle suggèrent peut-être qu’il s’agit du centre civique de la ville.

S. Ortisi (Université Ludwig-Maximilans de Münich) a mené une recherche sur la présence militaire romaine à Élatée : il a notamment exploré le mur défensif de Kokkinovrachos. Le mobilier recueilli près des fondations date de l’époque hellénistique et romaine. Un nettoyage a été effectué sur un mur de moellons sur le versant oriental de Ftoulia, mais aucun autre indice chronologique n’a été recueilli. Au sommet de la colline, près d’une construction en pierre de taille (tour ?) on a trouvé du mobilier similaire à celui de Kokkinovrachos. Quatre sondages sur l’acropole d’Elatée ont révélé que le secteur a été redéfini et reconstruit dans la seconde moitié du IV^e s. av. J.-C. Les niveaux inférieurs qui ont été atteints révèlent que la première occupation de l’acropole remonte au Bronze Moyen : soit une occupation plus ancienne que ce que révèlent les vestiges du BR dans la nécropole à Alonaki (BR-début de l’Age du Fer).

À Aghia Marina, d’importants travaux ont été effectués (fig. 3). Le site se trouve au-dessus du village moderne situé sur les pentes de Parnassos. De nombreux vestiges sont conservés, dont les remparts, des constructions, des rues etc. En 2021, on a procédé à un nettoyage de la « plateia », la place centrale, qui a été repérée en aérophotographie. Elle a été relevée en LIDAR. Il s’agit d’un complexe en pi (dim. 55 x 45 m), aménagé sur trois niveaux et constitué de 11 pièces qui s’ouvrent sur la place et sur la rue. On a également procédé au relevé du rempart oriental de la ville basse : la zone urbaine couvrait une superficie de 10,2 ha.

D’autres activités ont été menées dans le cadre de ce programme :

• à Anemolyos, la prospection pédestre et la prospection géophysique du site ont permis de repérer le rempart de la ville basse et d’estimer la superficie de la ville à 23,5 ha (fig. 4).
• à Vourlia, une superficie de 5,1 ha a été cartographiée et documentée (fig. 5). Le rempart est visible en photographie aérienne : on ne repère aucune tour.
• à Paliothiva, les recherches menées par Simon Hoffmann ont permis d’identifier un pont qui passe audessus du Kephissos et qui se trouve dans l’axe de la porte Nord de la ville antique. On a repéré à cet endroit des blocs de taille qui pourraient effectivement provenir de la construction d’un pont.

Prospection du sanctuaire d’Athéna Kranaia. E. Koenigsacker (DAI Zentrale) a mené une prospection dans le sanctuaire d’Athéna Kranaia, dans le cadre de sa thèse de doctorat. Les vestiges du temple dorique et du téménos de l’époque classique avaient été découverts dans les années 1890 par Pierre Paris, puis en 2000/2001 par l’éphorie. Une nouvelle documentation du site, avec son mur de soutènement, a été entreprise après un nettoyage autour des constructions.

Dans le cadre du programme « Ground  Check, Holocene Flooding in Kephissos Fluvial System » (Uni Osnabrück, Pf. Dr. J. Härtling), deux carottages ont été prélevés. Le prélèvement est en cours d’analyses au laboratoire Dimokritos. Des datations OSL pourront déterminer des séquences d’inondations et de sécheresses dans la vallée du Kephissos. Dans le cadre du programme sur le paléoclimat, I. Unkel (Université de Kiel), des échantillons ont été prélevés à 16 endroits afin de déterminer la fertilité des terrains.