THASOS. – Abords Nord de l’Artémision (THANAR) - 2022

À Thasos, Arthur Muller (Université de Lille) a dirigé en 2022 une nouvelle campagne sur le terrain situé aux abords Nord de l’Artémision sur lequel on a mis au jour les vestiges d’une domus protobyzantine (DOM5). Les objectifs de la mission de 2022 étaient : l’achèvement de la fouille en air ouverte de la parcelle de terrain acquise en 2019, qui recouvre la partie centrale de la vaste demeure protobyzantine (DOM5) ; des sondages dans la pièce PCE55 de la domus pour répondre à des questions d’architecture et de chronologie relative au bâtiment archaïque (BAT25) qui est situé sous l’aile Nord de la domus ; ainsi que des actions de mise en valeur pour une ouverture au public et des consolidations de maçonneries (fig. 1).
Les sondages 22 et 23 ont été implantés dans une grande pièce du bâtiment de l’époque archaïque BAT25. Cette pièce, qui n’existait pas dans l’état originel du bâtiment, fut construite dans un second temps. Les résultats complètent ceux qui ont été obtenus lors des fouilles plus anciennes. Des murs ou des sols déjà connus sont apparus, ainsi que d’autres qui ne l’étaient pas. Il est ainsi possible de préciser la séquence architecturale et chronologique pour les époques les plus anciennes connues du secteur, notamment la fouille d’un radier de dallage qui a révélé plusieurs états dont l’aménagement d’un four.
Un autre sondage a été ouvert dans la rue qui passe à l’Est de la demeure protobyzantine et sur laquelle empiète la grande salle à abside, au Nord de cette abside. Il a donné des informations sur la rue elle-même, mais également sur les opérations de construction de la maison et sur le chantier qui fonctionna à cette occasion. Des scories, de nombreuses battitures provenant du martelage d’objets en fer et en bronze, ainsi que cinq foyers de forge installés entre les dalles de la rue témoignent de la présence d’un atelier temporaire. Ces découvertes complètent les découvertes similaires faites en 2021 au Sud de l’abside. Une monnaie a été recueillie dans le remblai qui recouvre cet atelier ; elle date de la fin du IV^e siècle après notre ère. Le sondage a également permis d’observer les traces laissées par l’agrandissement du triclinium de la maison au début des années 570, ainsi que celles de la dernière phase d’occupation de l’édifice.
Les efforts ont néanmoins principalement porté sur le dégagement de la partie orientale de la cour à péristyle de la demeure. Des niveaux profonds ont été atteints dans un sondage (sondage 24) : les couches de l’époque archaïque, les fondations de la cour, ainsi que les sols primitifs. On observe que la cour existait dès le premier état de la maison. Son implantation est un peu irrégulière : les colonnades sont de largeurs différentes et ne forment pas des angles droits entre elles. Les stylobates sont constitués de pierres de remploi, dont une stèle portant une inscription funéraire datée du II^e ou III^e siècle de notre ère. Des meneaux et chapiteaux de meneau trouvés dans la couche de destruction suggèrent la présence d’un étage sur la colonnade orientale. Dans une phase de transformation ultérieure, des murs ont été construits pour fermer certaines ouvertures des colonnades. Le séisme de 620 a fait tomber vers l’Ouest l’élévation de la cour qui repose sur le dernier sol. Un dernier sondage (sondage 21) a été implanté au Nord de l’aile Nord de la demeure, sur un mur de refend apparu à l’occasion des opérations de consolidation.