KITION. - Bamboula - 2024
Informations Générales
Numéro de la notice
19855
Année de l'opération
2024
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Université Lumière Lyon 2 (Université Lumière Lyon 2)
Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères (Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères)
Localisation
Toponyme
Kition Citium Kitium
Kition Citium Kitium
Notices et opérations liées
Description
En octobre 2024, la mission française de Kition, dirigée par
À la fin de la campagne 2023, nous avions découvert un bloc rectangulaire taillé, aux dimensions particulièrement massives (mur 962). La poursuite de la fouille révèle que ce dernier repose sur une seconde structure oblongue d’orientation Nord-Sud, elle aussi formée par des blocs de grandes dimensions (le module moyen est de 47 cm de hauteur pour 1,04 m de longueur). Il s’agit donc de deux structures distinctes conservant une orientation similaire, ce que la poursuite de la fouille devra vérifier. Directement à l’Est, nous avons dégagé un aménagement contemporain de la phase finale de réutilisation du mur le plus récent (962). Il est constitué d’une rangée de quatre grandes dalles plates et rectangulaires en gypse (mesurant entre 42 et 49 cm de long, pour 35 et 60 cm de haut), installées de chant, la partie supérieure légèrement inclinée vers le Nord (locus 963, fig. 1). Ces dalles suivent un alignement Est-Ouest, perpendiculaire aux blocs du mur 962. La fouille directement au Nord permet d’établir que les dalles se sont appuyées contre une couche de sédiment qui les a retenues. Elles se sont en fait affaissées contre un petit mur en galets, appartenant à un état antérieur, mais dont l’élévation en brique était encore matérialisée au sol.
La fouille de l’espace remblayé au Sud permet d’établir que les dalles délimitent le Nord d’une « cuvette » de forme ovale, arrondie dans son extrémité Est (fig. 1). Cette cuvette a été creusée dans un niveau en terre et chaux qui pourrait correspondre à une phase d’occupation finale d’un bâtiment utilisant peut-être le mur 962 comme limite Ouest. L’intérieur de la « cuvette » (sa profondeur varie entre 16 et 21 cm) est recouvert d’une couche hétérogène, matérialisée par un sédiment crayeux de couleur gris clair avec des taches charbonneuses. Contrairement au niveau en terre dans lequel il est installé, le fond de la « cuvette » présente une surface bosselée qui n’est pas totalement homogène. Sa fonction nous échappe pour le moment, mais l’absence d’un revêtement étanche et d’un système de fermeture adéquat empêche en tout cas d’y voir un espace destiné à accueillir du liquide.
La fouille du niveau de sol associé à la « cuvette » (locus 966) a, quant à elle, permis d’établir que ce dernier était issu d’une taille effectuée dans une structure antérieure : un niveau de plâtre de chaux formant une excroissance surélevée de profil convexe, dont le diamètre atteint 70 cm (fig. 2). Le dégagement de la structure permet de comprendre que celle-ci a été progressivement ensevelie par une superposition de couches alternant des compositions argileuses, charbonneuses et cendreuses, semblables au feuilletage de couches que l’on observe à proximité d’anciens foyers. Directement au Sud-Est, un ensemble comprenant deux vases complets (un pot à cuire et une petite cruche, tous deux d’époque classique) a été abandonné sur place, pris dans le comblement du niveau. La poursuite de la fouille en 2025 aura pour but de comprendre la finalité de ce geste et la fonction de l’espace associé.
Un peu plus au Nord du sondage, on a dégagé un mur en galets d’orientation Nord-Sud (= locus 965). Son axe et son altitude laissent envisager la possibilité d’une installation contemporaine de l’alignement de galets et brique crue (locus 968) sur lequel s’appuient les dalles du locus 963. Si cette hypothèse est valide, il s’agit d’un retour de mur, formant peut-être les limites Ouest d’un bâtiment. Cependant, le mur 965 est interrompu au Sud par une large perturbation qui nous empêche pour l’heure de vérifier sa relation stratigraphique avec les installations de la partie Sud du sondage. La fouille du niveau d’installation du mur 965 a révélé la présence de jarres commerciales phéniciennes, posées à plat et prises dans un sédiment de brique (une analyse micro-morphologique en cours devra le vérifier). L’étude de la céramique associée à ces strates confirme qu’elles appartiennent à une occupation plus ancienne, le mobilier étant uniquement assignable à l’époque archaïque.
Enfin, lors de cette campagne, nous avons également poursuivi la fouille en profondeur de la tranchée exploratoire ouverte au Sud-Ouest en 2023 (fig. 4). À cet endroit, la fouille récente a permis de dégager un large tronçon de mur (locus 964) dont l’orientation est sensiblement décalée dans un axe NNE-SSO (fig. 3). Tout comme la dernière phase du mur 962, le mur 964 ne suit donc pas un alignement strictement Nord-Sud, qui est celui des autres structures alentour. Le mur a pu être dégagé sur une longueur de 1,40 m, mais son extension vers le Sud n’a pas encore pu être vérifiée. Il est massif, sa largeur varie entre 0,95 et 1,02 m. L’absence de parement de part et d’autre du mur permet de supposer qu’il s’agit d’une fondation. Elle a été construite au moyen d’une fondation en tranchée qui a coupé les niveaux de remblaiement liés à l’abandon des loci 962, 963 et 966, qui sont tous antérieurs. Sa construction est donc postérieure à l’abandon des autres installations classiques.
Les résultats obtenus à l’issue de cette campagne permettent de compléter l’histoire de ce secteur à l’époque classique (Ve-IVe s. av. J.-C.). La zone, située à l’Ouest du bassin portuaire était donc bien bâtie, avant d’être utilisée comme lieu de décharge et d’être massivement remblayée. La fouille des structures et des niveaux en place sous les couches formant le dépotoir classique sera poursuivie lors des prochaines campagnes afin de caractériser les occupations antérieures à l’époque classique.
(CNRS/HiSoMA-MOM) et Pauline Maillard (École suisse d’archéologie en Grèce), a conduit une campagne de terrain sur le site de Bamboula. En 2023, la fouille avait permis de clarifier une partie du phasage du sondage 11, situé au Nord-Ouest de la colline. Nous constations alors que cet espace avait été massivement remanié dans un laps de temps resserré au IVe siècle av. n. è. Nous avions distingué 4 phases successives lors desquelles le secteur a été utilisé comme zone de mise au rebut de déchets divers (notamment des matériaux de construction, mais aussi des documents comptables jetés pêle-mêle) avant un comblement et un nivellement massif de cette partie de la ville antique. L’objectif principal de la campagne 2024 était de poursuivre la fouille sous les niveaux les plus anciens du dépotoir pour établir la jonction chronologique entre les niveaux d’occupations du IVe siècle et les occupations précédentes de la partie Nord de la Bamboula, dont la plus ancienne, dégagée plus à l’Est, date du XIIIe siècle av. n. è.À la fin de la campagne 2023, nous avions découvert un bloc rectangulaire taillé, aux dimensions particulièrement massives (mur 962). La poursuite de la fouille révèle que ce dernier repose sur une seconde structure oblongue d’orientation Nord-Sud, elle aussi formée par des blocs de grandes dimensions (le module moyen est de 47 cm de hauteur pour 1,04 m de longueur). Il s’agit donc de deux structures distinctes conservant une orientation similaire, ce que la poursuite de la fouille devra vérifier. Directement à l’Est, nous avons dégagé un aménagement contemporain de la phase finale de réutilisation du mur le plus récent (962). Il est constitué d’une rangée de quatre grandes dalles plates et rectangulaires en gypse (mesurant entre 42 et 49 cm de long, pour 35 et 60 cm de haut), installées de chant, la partie supérieure légèrement inclinée vers le Nord (locus 963, fig. 1). Ces dalles suivent un alignement Est-Ouest, perpendiculaire aux blocs du mur 962. La fouille directement au Nord permet d’établir que les dalles se sont appuyées contre une couche de sédiment qui les a retenues. Elles se sont en fait affaissées contre un petit mur en galets, appartenant à un état antérieur, mais dont l’élévation en brique était encore matérialisée au sol.
La fouille de l’espace remblayé au Sud permet d’établir que les dalles délimitent le Nord d’une « cuvette » de forme ovale, arrondie dans son extrémité Est (fig. 1). Cette cuvette a été creusée dans un niveau en terre et chaux qui pourrait correspondre à une phase d’occupation finale d’un bâtiment utilisant peut-être le mur 962 comme limite Ouest. L’intérieur de la « cuvette » (sa profondeur varie entre 16 et 21 cm) est recouvert d’une couche hétérogène, matérialisée par un sédiment crayeux de couleur gris clair avec des taches charbonneuses. Contrairement au niveau en terre dans lequel il est installé, le fond de la « cuvette » présente une surface bosselée qui n’est pas totalement homogène. Sa fonction nous échappe pour le moment, mais l’absence d’un revêtement étanche et d’un système de fermeture adéquat empêche en tout cas d’y voir un espace destiné à accueillir du liquide.
La fouille du niveau de sol associé à la « cuvette » (locus 966) a, quant à elle, permis d’établir que ce dernier était issu d’une taille effectuée dans une structure antérieure : un niveau de plâtre de chaux formant une excroissance surélevée de profil convexe, dont le diamètre atteint 70 cm (fig. 2). Le dégagement de la structure permet de comprendre que celle-ci a été progressivement ensevelie par une superposition de couches alternant des compositions argileuses, charbonneuses et cendreuses, semblables au feuilletage de couches que l’on observe à proximité d’anciens foyers. Directement au Sud-Est, un ensemble comprenant deux vases complets (un pot à cuire et une petite cruche, tous deux d’époque classique) a été abandonné sur place, pris dans le comblement du niveau. La poursuite de la fouille en 2025 aura pour but de comprendre la finalité de ce geste et la fonction de l’espace associé.
Un peu plus au Nord du sondage, on a dégagé un mur en galets d’orientation Nord-Sud (= locus 965). Son axe et son altitude laissent envisager la possibilité d’une installation contemporaine de l’alignement de galets et brique crue (locus 968) sur lequel s’appuient les dalles du locus 963. Si cette hypothèse est valide, il s’agit d’un retour de mur, formant peut-être les limites Ouest d’un bâtiment. Cependant, le mur 965 est interrompu au Sud par une large perturbation qui nous empêche pour l’heure de vérifier sa relation stratigraphique avec les installations de la partie Sud du sondage. La fouille du niveau d’installation du mur 965 a révélé la présence de jarres commerciales phéniciennes, posées à plat et prises dans un sédiment de brique (une analyse micro-morphologique en cours devra le vérifier). L’étude de la céramique associée à ces strates confirme qu’elles appartiennent à une occupation plus ancienne, le mobilier étant uniquement assignable à l’époque archaïque.
Enfin, lors de cette campagne, nous avons également poursuivi la fouille en profondeur de la tranchée exploratoire ouverte au Sud-Ouest en 2023 (fig. 4). À cet endroit, la fouille récente a permis de dégager un large tronçon de mur (locus 964) dont l’orientation est sensiblement décalée dans un axe NNE-SSO (fig. 3). Tout comme la dernière phase du mur 962, le mur 964 ne suit donc pas un alignement strictement Nord-Sud, qui est celui des autres structures alentour. Le mur a pu être dégagé sur une longueur de 1,40 m, mais son extension vers le Sud n’a pas encore pu être vérifiée. Il est massif, sa largeur varie entre 0,95 et 1,02 m. L’absence de parement de part et d’autre du mur permet de supposer qu’il s’agit d’une fondation. Elle a été construite au moyen d’une fondation en tranchée qui a coupé les niveaux de remblaiement liés à l’abandon des loci 962, 963 et 966, qui sont tous antérieurs. Sa construction est donc postérieure à l’abandon des autres installations classiques.
Les résultats obtenus à l’issue de cette campagne permettent de compléter l’histoire de ce secteur à l’époque classique (Ve-IVe s. av. J.-C.). La zone, située à l’Ouest du bassin portuaire était donc bien bâtie, avant d’être utilisée comme lieu de décharge et d’être massivement remblayée. La fouille des structures et des niveaux en place sous les couches formant le dépotoir classique sera poursuivie lors des prochaines campagnes afin de caractériser les occupations antérieures à l’époque classique.
Auteur de la notice
Pauline Maillard
Références bibliographiques
Rapport de mission pour l'année 2024, rédigé par Pauline Maillard.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran
Date de création
2025-01-09 12:34:32
Dernière modification
2025-01-15 08:21:09
Figure(s)
Fig. 1/ Détail des dalles formant le locus 963 et découpe de la « cuvette » (locus 966), sur la gauche : le mur 962 ; vue vers le Nord
Fig. 2/ Fouille de la structure circulaire (locus 967) et vases abandonnés in situ ; vue vers le Nord