KITION. - Bamboula - 2023
Informations Générales
Numéro de la notice
18610
Année de l'opération
2023
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Kition Citium Kitium
Kition Citium Kitium
Notices et opérations liées
Description
En octobre 2023, la mission française de Kition, dirigée par Sabine Fourrier (CNRS/HiSoMA-MOM) et Pauline Maillard (université de Fribourg), a conduit une campagne de terrain sur le site de Bamboula. Comme en 2022, la fouille a porté sur le secteur 11, situé dans la partie Nord-Ouest du site, afin d’achever le dégagement d’un niveau de dépotoir qui avait livré de nombreux ostraca phéniciens d’époque classique (IVe s. av. J.-C.) et d’en préciser le contexte topographique, stratigraphique et historique.
Deux tranchées ont pu être ouvertes mécaniquement : la première, à l’Ouest et d’orientation Nord-Sud, afin de définir l’extension du dépotoir dans cette direction ; la seconde, large de 2,5 m et d’orientation Est-Ouest afin de fouiller soigneusement les différentes couches du dépotoir en évacuant rapidement l’épais remblai de couleur rouge brique qui a servi ensuite à niveler la zone (fig. 1).
La tranchée Nord-Sud a permis de retrouver la limite Sud d’une fosse, comblée par le remblai rouge brique à la fin du IVe siècle, et qui semble, dans cette zone, couper des niveaux de sédimentation alluvionnaire, très pauvres en mobilier (fig. 2), recouvrant un niveau de briques crues fondues. La stratification de ce secteur, hors de l’emprise de la fouille, n’apparaît pas encore clairement. Un sondage très limité, implanté dans le niveau de briques, a toutefois livré du mobilier ancien. La datation demeure hypothétique en raison du peu de tessons découverts, mais ces derniers constituent, pour le moment, un lot homogène du XIIe s. av. J.-C.
Dans le secteur central, on a retrouvé les niveaux de dépotoir, sous l’épaisse couche de remblai rouge brique, très compacte. Le dépôt est caractérisé par une forte densité de matériel (plus importante dans les deux couches supérieures, fig. 3), dont une grande quantité de céramiques parmi lesquelles dominent les gros contenants : amphores importées de Grèce, amphores à anses de panier importées de Salamine, jarres de transport phéniciennes, jattes, cruches. On trouve aussi des bouchons de plâtre, de petites dalles de gypse découpées de façon circulaire, et de manière générale, de nombreux rebuts de construction en pierre de taille, des tuiles, des fragments de briques et de plâtre utilisés pour des revêtements de plafond. On remarque également des vases transformés (fragments de panse percés de trous, fonds remplis de plâtre) et des jetons. Les collages entre des fragments céramiques et des objets en pierre, retrouvés sur une surface d’environ 6m2 et à des altitudes variées, montrent que la zone de dépotoir est probablement constituée rapidement par des objets jetés pêle-mêle dans un laps de temps limité. La couche qui contenait les ostraca phéniciens formait une pellicule sableuse qui a été déposée au-dessus du dépôt. Les tessons inscrits comptent donc parmi les derniers éléments mis au rebut. Ils ont été jetés, eux aussi, lors d’une seule opération. La fouille de cette année a livré un nombre réduit d’ostraca (nombre maximum de 19, sans doute à réviser à l’étude), ce qui confirme que les fragments n’ont pas « roulé » plus au Sud dans le dépotoir et que nous avons récolté l’ensemble du lot. La partie inférieure du dépôt est quant à elle caractérisée par plusieurs lentilles charbonneuses, accompagnées parfois de zones argileuses rubéfiées et de concentrations de petits coquillages interprétées comme des mises au rebut de foyers.
Comme on l’avait constaté lors des campagnes précédentes, le mobilier mis au jour dans ce dépotoir est très altéré. Plusieurs hypothèses avaient été émises : matériel provenant d’un curage du bassin portuaire, situé à peu de distance à l’Est (mais l’assemblage est, chronologiquement et typologiquement, homogène) ; altération due à l’usage d’un produit dans un contexte artisanal que suggère, par ailleurs, la composition du mobilier et les transformations subies par les vases (mais les analyses effectuées ont seulement révélé la présence de gypse et de plâtre). La fouille de ce qu’on avait d’abord interprété comme un « muret » grossier, sur et contre lequel s’appuyait le dépôt (locus 954) suggère une dernière hypothèse (fig. 4) : le « muret » est en réalité une accumulation de gravats qui s’est solidifiée contre la paroi Nord de la dépression qui a servi de lieu de dépotoir. On en déduit que ce dernier, resté à ciel ouvert, a pu être régulièrement inondé, l’eau stagnante entraînant la précipitation du gypse et encroûtant l’épiderme des céramiques.
Les résultats obtenus à l’issue de cette campagne permettent de reconstituer l’histoire de ce secteur à l’époque classique (IVe s. av. J.-C.). La zone, située à l’Ouest du bassin portuaire, est d’abord utilisée comme lieu de décharge. À la fin de la période, la dépression est nivelée, avec un remblaiement massif et compact, destiné à créer un niveau de circulation plus élevé, sur lequel on a découvert des restes très ruinés de murs. Il s’agit d’une transformation radicale, qui intègre un lieu sans doute périphérique dans la trame urbaine. Il reste, désormais, à poursuivre la fouille en profondeur, pour mieux comprendre les conditions d’implantation de la décharge et, on l’espère, retrouver les niveaux manquants entre l’habitat du début de l’Âge du Fer, fouillé à peu de distance à l’Est (sondage 10) et l’occupation d’époque classique.
Deux tranchées ont pu être ouvertes mécaniquement : la première, à l’Ouest et d’orientation Nord-Sud, afin de définir l’extension du dépotoir dans cette direction ; la seconde, large de 2,5 m et d’orientation Est-Ouest afin de fouiller soigneusement les différentes couches du dépotoir en évacuant rapidement l’épais remblai de couleur rouge brique qui a servi ensuite à niveler la zone (fig. 1).
La tranchée Nord-Sud a permis de retrouver la limite Sud d’une fosse, comblée par le remblai rouge brique à la fin du IVe siècle, et qui semble, dans cette zone, couper des niveaux de sédimentation alluvionnaire, très pauvres en mobilier (fig. 2), recouvrant un niveau de briques crues fondues. La stratification de ce secteur, hors de l’emprise de la fouille, n’apparaît pas encore clairement. Un sondage très limité, implanté dans le niveau de briques, a toutefois livré du mobilier ancien. La datation demeure hypothétique en raison du peu de tessons découverts, mais ces derniers constituent, pour le moment, un lot homogène du XIIe s. av. J.-C.
Dans le secteur central, on a retrouvé les niveaux de dépotoir, sous l’épaisse couche de remblai rouge brique, très compacte. Le dépôt est caractérisé par une forte densité de matériel (plus importante dans les deux couches supérieures, fig. 3), dont une grande quantité de céramiques parmi lesquelles dominent les gros contenants : amphores importées de Grèce, amphores à anses de panier importées de Salamine, jarres de transport phéniciennes, jattes, cruches. On trouve aussi des bouchons de plâtre, de petites dalles de gypse découpées de façon circulaire, et de manière générale, de nombreux rebuts de construction en pierre de taille, des tuiles, des fragments de briques et de plâtre utilisés pour des revêtements de plafond. On remarque également des vases transformés (fragments de panse percés de trous, fonds remplis de plâtre) et des jetons. Les collages entre des fragments céramiques et des objets en pierre, retrouvés sur une surface d’environ 6m2 et à des altitudes variées, montrent que la zone de dépotoir est probablement constituée rapidement par des objets jetés pêle-mêle dans un laps de temps limité. La couche qui contenait les ostraca phéniciens formait une pellicule sableuse qui a été déposée au-dessus du dépôt. Les tessons inscrits comptent donc parmi les derniers éléments mis au rebut. Ils ont été jetés, eux aussi, lors d’une seule opération. La fouille de cette année a livré un nombre réduit d’ostraca (nombre maximum de 19, sans doute à réviser à l’étude), ce qui confirme que les fragments n’ont pas « roulé » plus au Sud dans le dépotoir et que nous avons récolté l’ensemble du lot. La partie inférieure du dépôt est quant à elle caractérisée par plusieurs lentilles charbonneuses, accompagnées parfois de zones argileuses rubéfiées et de concentrations de petits coquillages interprétées comme des mises au rebut de foyers.
Comme on l’avait constaté lors des campagnes précédentes, le mobilier mis au jour dans ce dépotoir est très altéré. Plusieurs hypothèses avaient été émises : matériel provenant d’un curage du bassin portuaire, situé à peu de distance à l’Est (mais l’assemblage est, chronologiquement et typologiquement, homogène) ; altération due à l’usage d’un produit dans un contexte artisanal que suggère, par ailleurs, la composition du mobilier et les transformations subies par les vases (mais les analyses effectuées ont seulement révélé la présence de gypse et de plâtre). La fouille de ce qu’on avait d’abord interprété comme un « muret » grossier, sur et contre lequel s’appuyait le dépôt (locus 954) suggère une dernière hypothèse (fig. 4) : le « muret » est en réalité une accumulation de gravats qui s’est solidifiée contre la paroi Nord de la dépression qui a servi de lieu de dépotoir. On en déduit que ce dernier, resté à ciel ouvert, a pu être régulièrement inondé, l’eau stagnante entraînant la précipitation du gypse et encroûtant l’épiderme des céramiques.
Les résultats obtenus à l’issue de cette campagne permettent de reconstituer l’histoire de ce secteur à l’époque classique (IVe s. av. J.-C.). La zone, située à l’Ouest du bassin portuaire, est d’abord utilisée comme lieu de décharge. À la fin de la période, la dépression est nivelée, avec un remblaiement massif et compact, destiné à créer un niveau de circulation plus élevé, sur lequel on a découvert des restes très ruinés de murs. Il s’agit d’une transformation radicale, qui intègre un lieu sans doute périphérique dans la trame urbaine. Il reste, désormais, à poursuivre la fouille en profondeur, pour mieux comprendre les conditions d’implantation de la décharge et, on l’espère, retrouver les niveaux manquants entre l’habitat du début de l’Âge du Fer, fouillé à peu de distance à l’Est (sondage 10) et l’occupation d’époque classique.
Auteur de la notice
Sabine FOURRIER
Références bibliographiques
Rapport de mission 2023.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
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Date de création
2023-11-14 12:06:49
Dernière modification
2023-11-27 07:25:32