RHODES. - Ville - 1998
Rodos, Rhodes
En 1997 et 1998, la XXIIe Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques a effectué soixante-quatorze fouilles d'urgence dans la ville antique et ses nécropoles, travaux dont les résultats sont présentés dans AD 52 (1997) [2003] B'3, p. 1075-1100 ; 53 (1998) [2004] B'3, p. 930-952 [K. Baïrami, M. Chalkiti, N. Christodoulidis, A. Dréliossi-Irakleidou, Ch. Fantaoutsaki, E. Kaninia,E. Karantzali, A.-M. Kasdagli, St. Palaiologou, Chr. Stratou, P. Triantaphyllidis, F. Zervaki].
De son côté, la 4e Éphorie des antiquités byzantines a effectué trente fouilles d'urgence dont les résultats sont exposés dans AD 52 (1997) [2003] B'3, p. 1147-1155 ; 53 (1998) [2004] B'3, p. 989-1002 [Th. Archontopoulos, V. Karambatsos, A.-M. Kasdagli, G. Katsou, E. Papavassileiou, A. Psarologaki, P. Psarri, M. Sigala].
Ville antique. — 1) Installations hydrauliques. — Une construction souterraine hellénistique destinée à la collecte et à l'adduction de l'eau a été repérée dans la tranchée médiévale, à l'extérieur du passage Isle Adam, à l'occasion de travaux de nettoyage ; creusée dans le rocher, elle est constituée d'une chambre voûtée et d'un escalier de descente à 10 degrés. Deux galeries voûtées ont été explorées rue Ethnikis Amynis (ex-rue Annis-Marias) à l'emplacement du futur 5e gymnase de Rhodes ; d'autres constructions du même type ont déjà été explorées dans la région ; la proximité de la gorge de Makry Sténo , qui délimite la ville de Rhodes du côté Ouest, explique sans doute la présence de ces installations hydrauliques. Une troisième galerie a été explorée dans la région de Rodini (rue Elsinski), dans le secteur Sud de la ville, à proximité de la gorge Rodiniou sans doute en relation avec la construction.
2) Bâtiments publics. — Un arc monumental d'époque romaine était incorporé dans la construction d'une maison de la période ottomane (rue Haghiou Phanouriou, maison Mylonaki) ; elle se trouve dans l'axe du cardo de la ville romaine, qui coïncide en partie avec l'actuelle rue Haghiou Phanouriou. La fouille de l'édifice monumental, qui était sans doute un édifice public de l'agora antique, a été poursuivie dans la rue Hippodamou (terrain Nikoli) (v. BCH 125 [2001], Chron., p. 1010). Enfin, un lambeau de sol en mosaïque décoré d'un cheval marin est sans doute lié à la présence d'un bâtiment public, peut-être un bain (rue Makariou, secteur Nord de la ville).
3) Installations artisanales. — On a aussi poursuivi et achevé l'exploration d'un complexe d'installations artisanales (citernes, canalisations et puits) d'époque hellénistique et romaine à l'angle des rues Ammochostou et Fanouraki (terrain Karageorgiou) (v. ibid.). Trois citernes explorées dans la rue Vénétokléon (terrain Arfara) sont sans doute liées à l'installation d'un atelier de verrerie.
4) Quartiers d'habitation. — De nouveaux vestiges d'îlots d'habitation et de rues, notamment la rue centrale P39 (rue Makariou), la rue P14 (angle des rues Sofouli et Messolonghiou, terrain Konsola), la rue P17 (angle des rues Romanou Mélodou et Haghion Anargyron, terrain Malliaka et terrain de l'État), la rue centrale P30 (rue Mégalou Konstantinou), la rue P32b (rue Vénétokléon, rue Arfara). Signalons aussi l'exploration partielle de deux maisons tardo-hellénistiques, l'une à l'angle des rues Thaleias et Plymnias (terrain Spanou), l'autre dans la rue Théotokopoulou (terrain Zarifi).
5) Rempart. — Un tronçon du rempart antique, conservé sur quatre assises, a été dégagé rue Papanikolaou.
6) Sanctuaire. — On a repéré un espace hypèthre avec plusieurs bases d'offrandes inscrites, qui doit appartenir au sanctuaire d'Asklépios (angle des rues Romanou Mélodou et Haghion Anargyron, terrain Malliaka et terrain de l'État) .
Tombes et Nécropoles. — 1) Nécropole Nord. — Douze sépultures en pleine terre datant de la fin du IVe-début du IIIe s. av. J.-C. ont été explorées dans la région de Psaropoula (Akti Miaouli, terrain Tachliambouri). Les tombes d'adultes ne contenaient pas de mobilier funéraire. On y a aussi repéré trois squelettes de chiens.
2) Nécropole Ouest. — Une centaine de nouvelles tombes datant de la fin du IVe et du IIIe s. av. J.-C. ont été explorées dans cette nécropole occidentale, dont 17 tombes construites ou creusées dans le rocher appartenant à un complexe funéraire (angle des rues Kamirou et Isiodou, terrain Pipinou) et quatre simples fosses (rue Kamirou, terrain Toutsi) ; parmi leur mobilier, on signale, outre un grand nombre de vases, un lot de fruits en terre cuite et de perles en or appartenant à une couronne, des bijoux en or, un autel en marbre décoré de guirlandes et de bucranes, de nombreuses stèles inscrites. Quatre-vingts tombes, dont une à chambre et le reste à ciste creusées dans le rocher, ont été fouillées rue Parthénopis, terrain Atsidi ; pour la plupart pillées, elles contenaient tout de même un certain nombre de vases, de rares bijoux et quelques lampes ; à l'extérieur d'une tombe, un autel cylindrique inscrit (ΦΛΑ / ΠΟΡΑΚΡΥ) portait une figure masculine en relief ; dans le même terrain, on a exploré un complexe de quatre pièces, d'époque romaine, dont on ignore la fonction exacte ; parmi les blocs architecturaux repérés, on note un tambour en porphyrite inscrit. Enfin une trentaine de tombes ont été explorées respectivement dans les rues Petridi (terrain Manoussou), Kamirou (terrain Diakogeorgiou) et Parthénopis (terrain Tsimbidaki).
3) Nécropole centrale. — Deux chambres funéraires creusées dans le rocher ont été mises au jour au cours d'une fouille complémentaire dans les parties Nord et Ouest du terrain Machairaki-Diakosavva, rue Piréos prolongée (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 1057). À l'intérieur de la deuxième chambre, qui contenait au moins onze tombes, on a recueilli de nombreux vases, dont une pélikè à figures rouges portant une scène d'amazonomachie du Peintre des amazones, de nombreuses stèles funéraires, des autels, des cistes funéraires brisées et de nombreux lambeaux de stucs reproduisant des colonnettes, des têtes de lions et des corniches, provenant du décor des tombes. Douze tombes creusées dans le rocher ont été explorées rue Ithakis (terrain Machairaki-Diakosavva-Zambélaki, juste à l'Est du précédent) et deux autres rue Κ. Ydraiou (terrain Dimitropoulou-Kastrouni) . Dans cette même rue (terrain Ioannidou) on a exploré 45 tombes de types divers, s'échelonnant entre le IVe et le IIe s. av. J.-C. Enfin, une vingtaine de tombes (IVe et IIIe s. av. J.-C.), organisées en deux niveaux, ont été explorées à l'angle des rues Ydraiou et Mytilinis (terrain Toutsi-Zervou) ; certaines d'entre elles renfermaient un riche mobilier : lame de poignard en fer, miroir en bronze, perles en os et en verre appartenant à un bijou, deux objets en terre cuite en forme de feuille pourraient être interprétées comme des navettes de tisserand.
4) Nécropole Est. — Plus de 80 nouvelles tombes ont été explorées dans cette nécropole qui s'étend entre la gorge de Rhodinio et le site archéologique de Korakonéri. En 1997, on a achevé la fouille du terrain Frona-Konstantinidi, sur la route Rhodes-Lindos (v. BCH 123 [1999] Chron., p. 805), mettant au jour une soixantaine de tombes, pour la plupart de type « à tiroir », organisées dans un complexe monumental (fig. 217). Vingt-trois tombes environ, de taille et de types divers (simples fosses, grandes chambres taillées, cistes à incinérations, tombes de type « à tiroir »), ont été explorées rue Dodonis (terrain Karimali) ; elles datent des époques hellénistique et romaine ; parmi leur mobilier on note une paire de boucles d'oreille en or avec pierres semi-précieuses en forme de têtes de lynx, des stèles et des autels inscrits, dont les ethniques évoquent des villes d'Asie Mineure. D'autre part, plusieurs stèles funéraires non décorées et une tombe contenant deux cistes cinéraires ont été trouvées rue Atavyrou (terrain Kladogéni). Enfin, une grande partie de la nécropole hellénistique Est a été explorée dans la région de la rue Philérimou (terrain Nikolodaki) ; on y a notamment mis au jour, dans un espace qui avait été exploité comme carrière, deux séries de tombes, doubles ou triples, creusées dans le rocher ; plusieurs stèles funéraires fragmentaires ont été recueillies, dont une décorée de deux figures masculines en relief et deux autres inscrites : ΔΙΟΚΛΗΣ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΣΕΥΣ, ΜΑΤΡΟΔΩΡΟΣ ΕΦΕΣΙΟΣ.
À Karakonéri, des travaux d'aménagement du site archéologique ont mis au jour une grande tombe en fosse creusée dans le rocher, non pillée, contenant une phiale en or et un alabastre en argent à décor floral gravé ; ce dernier vase date du début de l'époque hellénistique. On y a aussi mis au jour un ensemble de « thékès » creusées dans le rocher, qui font partie d'un vaste péribole funéraire d'époque hellénistique.
Ville médiévale. — Une trentaine de fouilles ont été effectuées dans différentes parties de la fortification byzantine et médiévale et dans plusieurs églises de la ville médiévale.
1) Fortification. — Des recherches à l'intérieur de la forteresse Saint-Nicolas (bastion du grand maître Pierre d'Aubusson), du bastion Saint-Georges et de l'auberge d'Espagne ont donné de nouvelles informations sur les phases de construction antérieures des monuments. Dans la tour Saint-Pierre on amis au jour un tronçon de l'avant-mur byzantin.
2) Églises. — Dans l'église Sainte-Marie du Kastro, les fouilles ont été centrées sur deux endroits : la petite cour entre les absides des nefs centrale et Sud et le rempart maritime, où l'on a mis au jour un contrefort ; juste au Sud de la nef Sud, deux pièces annexes voûtées servaient sans doute de chapelles. L'église des Saints-Apôtres (rue Socratous), qui appartient à un complexe plus vaste, a remplacé une grande église à trois nefs du XIVe ou du XVe s. ; dans sa cour on a exploré de nombreuses tombes de la période des Chevaliers. Les fouilles dans l'église Saint-Jean (rue Panaitiou) avaient comme objectif la recherche des limites Nord et Ouest de la nef Nord ; on y a repéré quatre tombes ainsi que des vestiges antiques et byzantins. Les recherches dans l'église Sainte-Marie-du-Bourg (rue Alchadef) ont été centrées sur toute la partie Sud-Ouest du monument, où se trouvent plusieurs chapelles renfermant des tombes. Dans l'église Saint-Georges (rue Apolloniou) on a exploré des constructions funéraires à l'Est de l'abside et dans la cour ; dans cette dernière on a aussi repéré des tronçons de rues antiques. Dans l'église Saints-Constantin-et-Hélène (rue Ménékléous) de nombreuses tombes ont été mises au jour dans la nef Sud ; dans la partie Est de la nef centrale on a exploré l'abside du monument. Trois tombes ont également été fouillées dans l'église Sainte-Kyriaki (parodos Homirou), à l'occasion de travaux pour la mise en valeur du monument, et deux autres dans la chapelle des Saints-Théodores, dans la même rue. Les squelettes de 25 défunts, dont beaucoup de jeunes enfants, ont été découverts dans la partie Ouest de l'église Saint-Marc (rue Ménandrou) ; au-dessous des tombes, on a repéré un sol pavé de mosaïques à motifs géométriques de la période tardo-romaine. Dans l'église Sainte-Marie-de-la-Liberté (place Peisidorou) on a dégagé une construction rectangulaire du côté Sud du monument et deux bases du prostoon du côté Ouest.
Enfin on a exploré deux églises anonymes, dont une à plan en croix, décorée de riches peintures murales du XIVe-XVe s., dans la partie Sud-Est de la ville médiévale (rue Thésée) ; autour de celle-ci ont été fouillées une douzaine de pièces annexes, dont certaines renfermaient des tombes. La deuxième église anonyme, à nef unique, était accolée au rempart (rue Kisthiniou) ; on y a décelé des peintures murales du XVe s.
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