LEUKOPÉTRA - 2001
Lefkopetra, Isvoros
En 2000 et 2001, aux abords de cette localité située sur le versant Sud-Est du mont Vermion, huit nouveaux sites ont été repérés à l'occasion des mêmes travaux* ; ils s'échelonnent entre l'époque préhistorique et l'Antiquité tardive. Parmi eux, deux seulement ont fait l'objet de fouilles d'urgence, qui devraient être achevées en 2002.
Koufoyannos. — Un établissement du début de l'Âge du Fer a été exploré sur cette hauteur (1 500 m) difficile d'accès et naturellement fortifiée qui domine l'Haliakmon. La fouille a porté sur la partie de l'habitat qui s'étend sur les pentes très abruptes (et non pas sur le sommet) et qui fut détruite en grande partie par l'érosion et les glissements de terrain. Les données archéologiques se limitent à des lambeaux d'habitations et à des fragments de céramique, monochrome pour la plupart ; 69 % de la céramique appartient à des vases de stockage de technique grossière et 2 % seulement à des poteries fines. L'horizon chronologique principal du site pourrait se situer entre la fin du BR et le début de l'Âge du Fer. Au-dessous de cet horizon, une couche de cendre a notamment livré un fragment de coupe mycénienne, ce qui suggère l'existence d'une phase antérieure, datant sans doute de l'HR IIIC.
Kallipétra. — Ce vaste site, qui se trouve à 700 m environ au Sud-Ouest du sanctuaire de la Mère des dieux autochtone (v. BCH 124 [2000] Chron., p. 899), s'étend sur deux hauteurs entourant un plateau et une vallée. La fouille a porté sur trois secteurs.
1) Vestiges préhistoriques. — Sur les pentes Ouest du plateau, la fouille a mis au jour des constructions très lacunaires appartenant sans doute à un établissement du BM, dont on a reconnu deux états : au premier appartiendrait un alignement de pierres de forme semi-circulaire, partiellement dégagé, dont on ignore encore la fonction. Une construction en terre cuite de forme ellipsoïdale, probablement voûtée, évoque les structures de stockage ou de cuisson connues à Archontiko ou à Angélochori. La céramique recueillie comprend surtout des vases de stockage, mais aussi un assez grand nombre de poteries de taille moyenne et des bols ouverts. D'après l'étude de ce matériel, l'habitat daterait du IIe millénaire, plus précisément de la fin du BM et du début du BR. Les analyses 14C semblent confirmer cette datation (1880-1600 av. J.-C.).
Au cours du BR, l'habitat fut transféré un peu plus haut, sur le plateau, où l'on a trouvé de la céramique à peinture mate ainsi que d'autres vases caractéristiques de cette période. L'occupation se poursuivit pendant l'Âge du Fer, période à laquelle appartiennent des vestiges architecturaux épars, dont une route pavée.
2) Vestiges des périodes historiques. — Dans ce même secteur, on a mis au jour les vestiges d'au moins cinq bâtiments datant, d'après la céramique recueillie et des analyses 14C, entre le VIIe et le Ve s. av. J.-C. Le bâtiment le mieux conservé, de plan rectangulaire (20 x 6,80 m), possédait peut-être un étage. Il a livré une grande quantité de céramique, des bijoux en fer, des armes, des outils en pierre et surtout soixante-dix poids de métier, ce qui confirme que l'activité principale des habitants était liée à l'élevage.
Après la destruction de ces bâtiments par un séisme, vers la fin du Ve s. av. J.-C., l'espace fut occupé par une vaste aire pavée et une sorte de péribole. Au cours du IVe ou du IIIe s. av. J.-C. vinrent s'y installer des ateliers, comme en témoignent un four piriforme, un autre circulaire et de nombreux outils en fer.
À l'autre extrémité du plateau (Est), on a entrepris l'exploration d'un grand complexe d'époque hellénistique, dont on a pour le moment mis au jour une vingtaine de pièces : espaces pour la préparation de la nourriture et le stockage, pièces de séjour et au moins deux sanctuaires domestiques, dont le premier était dédié à Aphrodite (figurines d'Éros et d'Aphrodite Courotrophe), tandis que le deuxième (figurines féminine et de Satyre, petit autel, encensoir) se trouvait dans une grande pièce qui était aussi destinée à des banquets ; dans cette même pièce, on a fait une découverte exceptionnelle : une empreinte de papyrus portant l'inscription πολιταρχῶν Βεροίας, ce qui indiquerait que cette pièce avait une fonction administrative et que le site, au moins au IIe s. av. J.-C., dépendait de Verria.
Dans le troisième secteur, à l'Ouest de la vallée, la fouille a mis au jour quatorze tombes en fosse appartenant à la nécropole de la ville hellénistique ; toutes ne renfermaient pas de mobilier. Le seul bâtiment repéré dans ce secteur a la forme d'un portique et date, d'après la céramique, du milieu du IIIe s. av. J.-C. ; il était probablement destiné à la célébration de rites funéraires.
ΑΕΜΘ 14 (2000) [2002], p. 537-553 ; 15 (2001) [2003], p. 559-574 [L. Stéphani].
* Il s'agit des travaux de construction de la nouvelle « voie Egnatia » [O.D.].
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