DESPOTIKO. - Mandra - 2004
En 2003 et 2004, les fouilles systématiques sur cet îlot situé en face d'Antiparos ont été poursuivies au lieu-dit Mandra, sous la direction de Y. Kourayos5, mettant au jour de nouveaux vestiges du sanctuaire archaïque dédié à Apollon et Artémis Isthmia (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 1043-1045), notamment le péribole et une série de bâtiments, qui donnent une idée plus claire de son plan et de son organisation (fig. 207).
Bâtiment Α. — Du côté Ouest du sanctuaire, où se trouve le complexe des cinq pièces en enfilade (Bâtiment A, v. ibid), on a déblayé une série de constructions plus récentes pour libérer le prostoon à huit colonnes devant les pièces A3, A4 et A5 et dégager le sol dallé de celles-ci. Au cours des fouilles aux abords des deux grandes pièces à vestibule (A1-A2) on a trouvé un anthémion qui pourrait être un acrotère central et provenir du temple lui-même, un pied en marbre de très belle qualité provenant d'une statue de taille plus grande que nature et la tête d'une korè en marbre mal conservée. Particulièrement intéressante est la découverte in situ d'un autel carré, fait de quatre dalles de marbre dont l'une porte l'inscription ΕΣΤΙΑΣ ΙΣΘΜΙΑΣ. Cette inscription, qui date d'après la forme des lettres de la période tardo-classique, fournit le nom d'une des divinités adorées dans le sanctuaire aux époques classique et hellénistique ; c'est la première fois que la déesse Hestia est accompagnée de l'épithète Ισθμία, qui suggère que le site du sanctuaire s'appelait Ισθμός. D'autre part, la découverte de céramique géométrique dans les niveaux profonds de la pièce A1 indique que le culte dans cet espace remonte à l'époque géométrique.
Péribole Sud. — Du côté Sud du sanctuaire, le démontage de certains murs médiévaux (v. ibid.) a fait apparaître la suite du mur de péribole Sud. Ces murs plus récents incorporaient en remplois plusieurs blocs architecturaux provenant du temple ou d'autres bâtiments archaïques ainsi que plusieurs pièces de sculpture, notamment des fragments de kouroi. À peu près au centre du mur de péribole Sud, on a repéré une porte monumentale avec un propylon et son grand seuil en place (2,50 x 0,90 m).
Bâtiment Δ et Portique Nord. — Du côté Nord du sanctuaire, on a mis au jour le Bâtiment Α, constitué d'une grande pièce carrée (10 x 10 m) à vestibule (10 x 4 m) et dont la construction, très soignée (façade en marbre en appareil isodome), rappelle celle du Bâtiment A. La fouille des fondations de cette pièce a livré une grande quantité d'objets qui appartiennent sans doute à un dépôt de fondation : des fragments de vases archaïques dont plusieurs portent l'inscription ΑΠ ou ΑΠΟΛ, confirmant ainsi le nom de la divinité titulaire du sanctuaire ; un vase fragmentaire (dinos) de type « mélien » portant une représentation de guerriers et deux inscriptions, ΜΕΝΕΛ[ΑΟΣ] et ΣΦΕΛ[ΛΑΣ] (fig. 208) ; des fragments de figurine samienne, deux petites doubles haches (amulettes) en pierres semi-précieuses, des poignards, des fibules, des épées et d'autres petits objets métalliques dont la restauration est en cours, des objets en ivoire, une concentration d'ossements calcinés. À l'Est du Bâtiment Δ, on a dégagé sur une longueur de 30 m environ un mur de péribole (Nord, orienté Est-Ouest) qui, du côté intérieur, est muni de petites pièces formant une sorte de portique. Dans ce péribole, juste à l'Est du Bâtiment Δ, s'ouvre la porte Nord du téménos, en face de la porte Sud mais de dimensions plus réduites que celle-ci (1,60 x 0,55 m).
Bâtiment Ε et « temple » Nord-Est. — Du côté Est du sanctuaire, presque à l'extérieur de son angle Nord-Est, on a exploré le Bâtiment E, orienté Est-Ouest et constitué de deux grandes pièces (15 x 6 m). Entre ce bâtiment et le mur de péribole Est, la fouille a mis au jour un petit bâtiment de deux pièces, de forme trapézoïdale, avec entrée au Sud ; il s'agit d'une sorte de petit temple ou de trésor, qui a livré une abondante céramique archaïque et plusieurs objets en plomb ou en fer.
Cour centrale. — À l'intérieur de la grande cour (40 x 40 m) entourée par des périboles, on s'attendait à retrouver le temple lui-même. À sa place, la fouille a révélé une grande construction semi-circulaire (diam. 8 m), sans doute une exèdre ou une base d'offrande ; elle était située à peu près au centre de la cour, en face du vestibule des pièces A1 et A2. L'intérieur de cette construction inhabituelle était rempli de pierres de dimensions variées ; sa fouille a livré de la céramique géométrique et archaïque. D'après les données dont on dispose à l'heure actuelle, le temple de Despotiko – dont Schuller avait tenté une reconstitution graphique – devait se trouver en dehors du grand péribole, sans doute du côté Sud où il y avait le plus d'espace. Il semble que ce temple, qui devait présenter des affinités avec le Délion de Paros, fut justement fondé par Paros ; cette hypothèse est renforcée par la présence d'une grande quantité de céramique parienne, représentée par les vases dits « méliens » – qui sont en fait originaires de Paros – et par de nombreuses pièces de sculpture parienne (kouroi et korès).
Abords Nord-Est du sanctuaire. — Les recherches aux abords Nord-Est du sanctuaire (fig. 209) ont mis au jour une série d'autres bâtiments dont on ignore encore la fonction. Le Bâtiment Β, construit sur un point dominant, est un grand édifice rectangulaire (long. 30 m environ) dont les nettoyages ont fait apparaître ses contours et des murs de refend. À l'Ouest de celui-ci, on a exploré le Bâtiment Γ, lui aussi en position dominante ; de plan presque carré (10,39 x 11,35 m), il est divisé en deux pièces par un mur de refend ; il pourrait s'agir d'un double oikos dédié à Apollon et Artémis, comme le suggère l'inscription sur la base d'un skyphos attique : APTHME ; ce bâtiment a aussi livré des lampes tardo-archaïques, qui permettent de le dater. Au Sud des précédents, on a exploré le Bâtiment Ζ, d'époque classique ou hellénistique, constitué de quatre pièces avec cour dallée et entrée au Sud. ΕΥΛΙΜΕΝΗ 5 (2004), p. 27-89 ; AAA 35-38 (2002-2005), p. 37-88 ; dans ce volume, p. 133-174.
5. Nous remercions chaleureusement M. Y. Kourayos pour les illustrations qu'il nous a fournies.
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