ÉRÉTRIE ANTIQUE - 2004
En 2003 et 2004, l'École suisse a procédé à trois opérations : une fouille complémentaire dans le temple d'Apollon Daphnéphoros, la poursuite de l'étude des forteresses du territoire érétrien et une prospection géophysique dans la région du sanctuaire d'Artémis Amarysia, à Amarynthos. Les résultats de ces travaux sont publiés dans AΚ 47 (2004), p. 85-90; 48 (2005), p. 112-123.
1) Sanctuaire d'Appolon Daphnéphoros. — En 2003, une campagne de fouilles complémentaire a été conduite sous la direction de S. Verdan. Plusieurs sondages, répartis dans le périmètre du temple du VIe s., ont livré des précisions sur la stratigraphie et les structures des phases géométriques du sanctuaire (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 1024-1026). On signale la découverte d'un foyer semi-circulaire situé devant l'entrée de l'édifice 5 ; il peut avoir été utilisé dans un cadre domestique, mais aussi peut-être en rapport avec le travail du métal. La découverte la plus impoρtante a été celle d'un puits archaïque sous la fondation du temple du VIe s. D'un diamètre de 0,60 m environ et d'une profondeur de 2 m, il a livré un mobilier intéressant : des fragments de tuiles, des ossements ainsi qu'une abondante céramique parmi laquelle on a compté des dizaines d'hydries miniatures complètes, semblables à celles qui ont été exhumées en quantité dans l'Aire sacrificielle au Nord du sanctuaire. Son fonctionnement est probablement à mettre en relation avec le temple du VIIe s. qui se trouve à proximité immédiate.
2) Forteresses du territoire érétrien. — La poursuite de l'exploration et de la prospection du territoire érétrien (v. ibid., p. 1027-1028), menée sous la direction de S. Fachard, a été centrée, en 2003, sur la frontière septentrionale, où quatre zones ont été prospectées, tandis que la campagne de 2004 a porté sur la partie méridionale du territoire, entre la plaine de Dystos et celle de Styra, jusqu'à la frontière avec l'ancienne Carystie, qui est marquée par la chaîne du Kliosi. Cette dernière partie, qui ne fut englobée qu'assez tardivement à l'État érétrien, comprend trois grands dèmes connus : Dystos, Zarex et Styra, ainsi que plusieurs « dèmes flottants », dont l'identité n'est pas encore fixée. Au cours de cette nouvelle campagne, trois sites fortifiés, ceux de Myrtia, de Tsakaioi et d'Haghios Nikolaos, ont été étudiés (relevé topographique précis de chaque enceinte et des structures internes conservées, prélèvement de céramique de surface, prospection des environs immédiats).
La forteresse de Myrtia (fig. 195), d'assez grande taille (périmètre fortifié de 310 m pour une superficie totale de quelque 6 000 m2), renferme de nombreux bâtiments et semble dater de l'époque classique et hellénistique (v. ibid., p. 1028) ; la présence de plusieurs éclats d'obsidienne suggère une occupation dès l'époque préhistorique. Par sa position géographique et stratégique, le site pourrait être identifié avec l'antique fortin de Zarètra, mentionné par Plutarque.
Le relevé de la forteresse de Tsakaioi, promontoire rocheux s'avançant dans l'Egée (v. ibid., p. 1027-1028), a été complété et achevé. L'ensemble du promontoire a une superficie d'environ 4 000 m2. Si la première occupation du site remonte au NF, la découverte de céramique fine de bonne qualité et de céramique grossière semble indiquer qu'un habitat à caractère civil a prospéré de l'époque classique à l'époque hellénistique (fin Ve-IIIe s.). Quant à la datation de la fortification, certaines de ses caractéristiques typologiques et son appareil suggèrent qu'elle fut construite autour de 400. Il s'agirait donc d'une des premières places à avoir été fortifiée dans le territoire érétrien. L'identité du site reste inconnue ; il a déjà été proposé de l'identifier provisoirement avec l'antique Histiaia.
L'apport principal de cette campagne réside dans les résultats obtenus à Haghios Nikolaos (fig. 196), forteresse située au Sud-Est de Styra, au sommet de la chaîne montagneuse du Kliosi. Bien qu'elle soit connue depuis longtemps, aucune étude détaillée de ses structures n'y avait jamais été entreprise. Un plan pierre à pierre de cette remarquable forteresse classique et médiévale a été levé. La forteresse classique s'est implantée à l'Ouest de la crête sur une sorte de petit col naturel. Les parois rocheuses marquant ses limites occidentale et orientale ont été taillées et aménagées, de même que la surface interne qui dépasse 3 500 m2. La fortification, en appareil trapézoïdal à décrochements, semble dater de l'extrême fin du Ve s., époque à laquelle la région de Styra fut annexée par les Érétriens. À l'Est de la forteresse classique, on a prospecté et relevé les principaux vestiges médiévaux : remparts, large bassin, structures diverses. Sur une terrasse à l'extrémité Nord-Est de la colline, on a repéré un édifice carré associé à une importante accumulation de tuiles et de céramique classique et hellénistique. La quantité et la qualité du matériel semblent indiquer un site important, dans lequel on verrait volontiers un sanctuaire de sommet, peut-être dédié à Zeus Hypsistos d'après des témoignages épigraphiques.
3) Prospection géophysique. — La prospection géophysique entreprise dans la région d'Amarynthos, sous la direction de D. Knoepfler, S. Fachard et P. Gex, avait comme objectif de déterminer l'emplacement du sanctuaire d'Artémis Amarysia. En 2003, plus de 120 terrains ont été prospectés. L'interprétation des mesures électromagnétiques prises sur l'ensemble de ces ter ains a permis d'établir une liste de candidats potentiels pour la localisation de l'Artémision. Trois zones ont été retenues en 2004 pour y conduire des vérifications en employant une autre méthode (résistivité électrique). Les résultats attestent l'existence de structures importantes dans deux des trois zones prospectées. Une demande de sondages exploratoires a été déposée pour 2005.
S. Fachard publie, dans AK 47 (2004), p. 91-109, une étude résumant l'état des connaissances sur l'enceinte urbaine d'Erétrie.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran