THÈBES - 1997
Âge du Bronze - Bronze Ancien - Bronze Moyen - Bronze Récent
Quinze fouilles d'urgence ont été menées à bien par la IXe Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques en 1997, dont les résultats, que nous résumons ci-dessous, sont publiés dans AD 52 (1997) [2002] B'1, p. 353-370 [V. Aravantinos, E. Koundouri].
Habitat préhistorique. Terrain du musée archéologique. — La deuxième campagne de fouille dans ce vaste terrain situé à l'Ouest du musée fait l'objet d'un rapport détaillé (p. 353-359) signé par V. Aravantinos.
1) Maison absidale HA II. II s'agit d'un bâtiment de trois pièces, orientée Est-Ouest (fig. 1) qui mesure 12 x 7 m. Le soubassement en pierre de ses murs et une partie de leur superstructure en briques crues sont bien conservés sauf sur le côté Sud, qui a été été complètement détruit par une tranchée d'époque byzantine. Le mur Nord était percé d'une porte près de l'angle Nord-Est. Dans la pièce Est, la fouille a mis au jour un petit espace rectangulaire (angle Nord-Ouest), un pithos (angle Nord-Est), une cavité creusée dans la roche naturelle et destinée sans doute à recevoir un pithos, deux foyers et deux sols appartenant à deux phases de construction très proches chronologiquement. Dans la pièce principale on a aussi mis en évidence deux sols successifs, à un niveau supérieur à celui des sols de la pièce Est. Le mur Ouest de la pièce principale présentait, dans sa partie Nord, une ouverture qui menait vers la pièce absidale Ouest. Les murs étaient recouverts d'un enduit épais de couleur blanc cassé. Parmi le matériel recueilli, on mentionne un sceau à motif géométrique. Au Nord de la maison, au même niveau que le seuil de la porte Nord, a été repérée une rue Est-Ouest en cailloutis, large de 1,50 m environ.
À l'Est de la maison absidale, on a exploré un espace présentant des traces de feu (cendres, masses d'argile) et renfermant de nombreux ossements d'animaux ainsi que des fragments de céramique HA appartenant surtout à des vases grossiers. Cet espace assez vaste, dont on n'a pas trouvé les limites, pourrait être un foyer ou un bûcher hypèthre. Outre cette structure, la fouille a mis au jour plusieurs murs, dont certains légèrement courbes, appartenant à la même phase que la maison. Leur mauvais état de conservation ne permet pas d'avoir une idée claire de l'activité architecturale dans ce secteur.
2) Terasses ou fortifications. Au Nord de la maison absidale HA II on a partiellement exploré une vaste construction en moellons orientée Est-Ouest et appelée conventionnellement « terrasse », car elle s'organise sur trois niveaux qui s'étagent sur la forte pente du terrain (du Sud vers le Nord). Cette construction reçut plus tard une superstructure en brique crue, sans doute à usage défensif. Plus tard encore, après la destruction de la maison absidale, on ajouta un nouvel amas de briques, qui combla les vides entre les ruines et recouvrit l'ensemble de l'établissement. Il est clair que les terrasses en moellons ne constituent pas l'infrastructure du « tumulus » en brique, comme on l'avait cru avant l'exploration de la maison absidale ; elles appartiennent à des constructions plus anciennes, qui sont sans doute en rapport avec le bâtiment absidal et sa protection.
3) Une tombe collective (4 x 2,70 m) renfermant 12 squelettes a été repérée au-dessus de la maison absidale. Les défunts, adultes pour la plupart, avaient été déposés sans aucun soin au sommet de la couche de destruction de la maison et recouverts par une fine couche de terre. D'après le mobilier funéraire (dont huit vases) recueilli dans cette couche, la tombe date de la fin de l'HA II, plus précisément de la phase dite Lefkandi I.
Au-dessus du tumulus en brique de l'ΗΑ II, la fouille a mis au jour quatre tombes à ciste HM, dont l'une appartenant sans doute à un enfant, ainsi que quatre autres tombes sans mobilier, donc difficiles à dater avec précision.
Palais mycénien de la Cadmée. Chambre au Trésor. — En 1997, une deuxième campagne de fouille complémentaire a été effectuée dans cette pièce allongée, située dans l'angle Sud-Ouest du second Kadméion, à l'occasion de travaux de consolidation des parois de la fouille (rue Antigonis, v. BCH 125 [2001] Chron., p. 894). Les limites de l'ancienne fouille (1963-1965) ont été repoussées de 3 m vers l'Ouest, sans que cela permette de repérer le mur Ouest de la Chambre (fig. 2). Dans les couches supérieures on a mis au jour de nouveaux vestiges appartenant au bain romain (hypocauste, sol en mosaïque, mur), dont la découverte avait déjà été signalée en 1996 (v. ibid). Plus bas, juste au-dessus des couches mycéniennes, un niveau renfermait des restes d'habitations rudimentaires datant de la fin de l'époque mycénienne et du début du Géométrique ; ce niveau a notamment livré une tête de figurine en terre cuite appartenant sans doute à une divinité masculine ; les détails (yeux, oreilles, nez, bouche, barbe) sont gravés, peints ou en relief.
La couche mycénienne, particulièrement épaisse, renferme de nombreux vestiges architecturaux (briques crues, bois calciné) provenant de l'effondrement des murs et du toit de la Chambre au Trésor. La chambre elle-même n'a pas exactement la même largeur sur toute la longueur explorée (4,15-4,45 m). Le mur Sud, dégagé sur 8,70 m de long, est très épais pour un mur intérieur (1,10 m) ; sur son soubassement de pierre, conservé sur 1,28 m de haut, une partie de la superstructure en brique crue était encore en place. Sous les décombres de la superstructure de la Chambre, on a repéré une couche d'incendie qui descendait jusqu'au niveau du sol. C'est sur ce dernier qu'a été trouvé le disque en or décoré au repoussé (points et rayons sur le pourtour, fig. 3) déjà signalé dans BCH 122 [1998] Chron., p. 820 ; rien ne prouve que cet objet soit de facture orientale, comme on l'avait supposé : il pourrait aussi bien être d'origine mycénienne. Le long du mur Sud de la Chambre, on a mis en évidence une série de cavités dans le sol, sans doute destinées à recevoir des poteaux ou des vases ; deux séries de cavités du même type ont été aussi repérées le long du mur Nord. Le sol lui-même, en argile grise, s'étend au-dessous des murs qui délimitent la Chambre et semble donc être antérieur à la construction de celle-ci. Au-dessous du sol, on a repéré une fosse ellipsoïdale renfermant un grand nombre de fragments de peintures murales ainsi que quelques fragments de vases ouverts, provenant sans doute de la destruction d'un bâtiment plus ancien — sans doute la même qui, au milieu de l'HR IIIB, a ruiné le premier Kadméion voisin. On note enfin la découverte, dans la partie Ouest de la Chambre, d'une banquette en brique crue et d'une fosse rectangulaire qui appartiennent elles aussi au bâtiment qui a précédé la construction de la Chambre au Trésor (deuxième moitié de l'HR IIIB).
Ville antique. Nécropole Nord-Est. — Une partie de cette nécropole a été explorée au cours des fouilles d'urgence menées à l'occasion de la construction du grand collecteur entre le pont Basiakos et le puits Panagaina. On y a notamment exploré deux bûchers de la fin de l'époque classique, 4 tombes à tuiles et 18 tombes à ciste hellénistico-romaines. Le mobilier des tombes était plus riche que celui des bûchers : de nombreux vases, deux monnaies béotiennes (Perséphone et Poséidon), des strigiles, trois monnaies funéraires en or et un vase à parfum en verre. À proximité on a mis au jour une stèle funéraire fragmentaire en forme de naïskos, sans doute d'époque classique.
Bâtiments hellénistiques. Au cours des mêmes fouilles on a partiellement dégagé, au Sud-Est de la gare du chemin de fer, un vaste bâtiment d'appareil soigné comportant au moins trois pièces. L'aspect et l'organisation intérieure du bâtiment font penser à un portique (abritant des magasins ou des ateliers) qui serait tourné vers le Nord et appartiendrait à l'agora classico-hellénistique de la ville. Cette hypothèse est renforcée par la découverte, sous le sol de l'une des pièces, d'un trésor de monnaies et de bijoux à l'intérieur d'un puisoir (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 820). Ces bijoux en or (fig. 4a-b) sont d'un intérêt particulier car ce sont les seuls bijoux béotiens que l'on puisse dater avec précision (fin IIIe-début IVe s. av. J.-C.*). Une pièce de la basse époque hellénistique, dont le sol était décoré d'un panneau peint, avait été explorée en 1987 dans le quartier de Synoikismos (angle des rues Haghiou Konstantinou et Smyrnis). En 1997, à l'occasion de travaux de voirie dans ce quartier, on a repris cette fouille et déposé la peinture, qui représente un aulète dans un rectangle entouré d'une zone à décor géométrique.
Ville médiévale et moderne. Fontaine de Dirkè et Grotte du dragon. — Dans le cadre de travaux de mise en valeur des sites de la ville, on a nettoyé la fontaine de la période ottomane située au lieu-dit Paraporti, où l'on situe la fontaine antique de Dirkè. À cette occasion, on a effectué un sondage sous le dallage du monument, qui a confirmé l'absence totale de couches antérieures, celui-ci ayant été fondé sur la roche naturelle nivelée. Tout aussi négatives, du point de vue de la présence de couches antiques, ont été les recherches entre la fontaine et l'entrée de la grotte où, selon la tradition, habitait le dragon qui gardait la fontaine et avait été tué par Cadmos.
Nécropole byzantine. À l'occasion de travaux de voirie dans le quartier de Kolonaki (rue Lymbériou), on a mis au jour huit tombes de types divers appartenant à une nécropole byzantine. Parmi elles, on a reconnu une tombe à chambre mycénienne qui fut réutilisée à l'époque byzantine ; elle contenait de nombreuses sépultures, dont 28 ont pu être explorées et dessinées.
V. L. Aravantinos, L. Godart et A. Sacconi ont publié, en 2002, le volume Thèbes. Fouilles de la Cadmée. 3 : corpus des documents d'archives en linéaire Β de Thèbes.
* Erratum ; lire : IIIe - 1re moitié du IIe s. av. J.-C. [O.D.].
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