PROMACHONAS-TOPOLNIČA - 2003
Promachon, Dragotin
Fouilles gréco-bulgares. — En 2002 et 2003, on a poursuivi les recherches dans l'établissement néolithique situé sur la ligne frontière gréco-bulgare (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 990). En vue de l'achèvement des fouilles, on a notamment enlevé les bennes dans la partie centrale du secteur grec et essayé de raccorder tous les éléments dont on dispose sur les trois phases d'occupation identifiées.
Phase I. La recherche a été concentrée sur l'étude de la phase la plus ancienne (phase I, en partant des couches profondes) à laquelle appartiennent des constructions semi-enterrées, dont le grand bâtiment de plan sans doute circulaire (v. ibid). À l'intérieur de celui-ci, dans les niveaux les plus profonds, on a repéré au moins trois épaisses couches successives renfermant un impressionnant mobilier : meules, vases – dont plusieurs intacts –, outillage lithique, bijoux, figurines en terre cuite, morceaux de torchis, ossements et cornes d'animaux ; d'un intérêt particulier sont les bucranes intacts et les fragments de têtes de taureaux en terre cuite trouvés aussi parmi ce mobilier. Au fond de chacune de ces couches, on a repéré des lambeaux de sols enduits d'argile jaunâtre. L'humidité constante dans les niveaux profonds du bâtiment a permis la conservation de matières organiques, comme des fragments de bois ou des objets en paille ; on signale notamment la découverte d'une écorce conservant son décor peint.
La fouille en profondeur a permis de mettre clairement en évidence les cloisons intérieures du bâtiment qui avaient été recouvertes de couches successives de terre argileuse. D'autre part, le pendage net des sols vers le centre de la construction, où l'on a observé une concentration d'objets, laisse supposer qu'ils étaient soutenus par des plateformes en bois qui se sont écroulées. L'existence de fragments de bois dans les couches profondes, sous les sols, confirmerait la présence de structures de ce type.
Parmi le mobilier recueilli à l'intérieur du bâtiment, on note un nombre élevé de vases de table de très bonne qualité (coupes à pied, tasses), des askoi souvent zoomorphes, des vases miniatures et des figurines, souvent féminines à visage en forme d'oiseau. Parmi les types iconographiques les plus intéressants des figurines, on note une courotrophe à tête en forme d'oiseau, une figurine à deux têtes et une figurine schématique en marbre. D'un intérêt particulier sont aussi deux modèles fragmentaires de maisons en terre cuite. L'un, trouvé à l'extérieur du bâtiment, conserve sa façade avec porte voûtée et toiture à double pente ; trois bucranes décoraient le fronton de la toiture (fig. 179). Le deuxième modèle conserve, outre une façade analogue, deux pièces, dont l'une est rectangulaire et l'autre absidale, et la naissance des fenêtres, circulaires ou ovales ; ici aussi des bucranes décoraient l'extérieur et l'intérieur de la maison, tandis que l'extérieur des murs portait un décor peint et gravé rappelant le décor des vases.
En ce qui concerne la fonction du bâtiment, ses caractéristiques morphologiques le rapprocheraient des bâtiments « communautaires » du Proche-Orient, remontant à la phase acéramique du NA. Ces bâtiments se différencient justement des simples maisons (construites en surface du sol et de plan absidal ou rectangulaire) par leur implantation au centre de l'établissement, leur construction semi-enterrée, leur forme circulaire et leur plus grande taille. On suppose donc que l'on a affaire à un bâtiment de fonction spécifique utilisé par les membres de la communauté pour des activités de caractère symbolique. Les très nombreux vases de luxe, outils, bijoux et figurines, en association avec le grand nombre d'ossements et de cornes d'animaux, indiqueraient la participation d'un grand nombre de personnes aux activités en question. D'autre part, la présence de nombreux bucranes, dont on ignore s'ils faisaient partie du décor du bâtiment ou s'ils constituaient des offrandes, différencie ce bâtiment du reste des constructions et renforce l'idée de son rôle symbolique.
Phases II et III. Dans les niveaux supérieurs, on a achevé l'exploration de la phase II qui est représentée par les restes d'au moins deux habitations en terre sur armature de bois renfermant des foyers.
Enfin on a pu confirmer que la phase la plus récente (phase III), qui a donné peu de vestiges à l'intérieur de fosses ouvertes dans les couches de la phase précédente (II), est contemporaine de la phase II de Dikili Tash et de la phase III de Sitagroi. D'après les analyses de 14C au laboratoire d'archéométrie du centre Démokritos, elle date du 3e quart du Ve millénaire (4500-4300 av. J.-C.). ΑΕΜΘ 17 (2003) [2005], p. 91-110 [Ch. Koukouli-Chryssanthaki, I. Aslanis, I. Vaisov, M. Valla].
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