ANTIQUE AlGEIRA - 2002
Aigeira
En 2001 et 2002, les travaux, dirigés par G. Ladstätter, se sont poursuivis dans trois secteurs :
1) Bâtiment public dit « Banketthaus » (terrain Solonos). — On a dégagé les murs extérieurs de l'édifice, un bâtiment rectangulaire de 17,70 x 14,60 m (260 m2) ; les pièces étaient alignées sur trois axes orientés Est-Ouest. L'axe médian comprenait, d'Ouest en Est, une cour d'accès, un vestibule et l'andrôn. Les pièces qui occupaient les axes Nord et Sud, en général de petites dimensions, sont relativement mal conservées. On a toutefois découvert une salle de bain en opus spicatum (3,50 x 2,70 m) au Sud de la cour, qui contenait quatre baignoires à cuve plate (dont trois encore in situ) alignées contre la paroi Ouest (fig. 1). Ces baignoires, de 1,20 x 0,70 m, étaient maçonnées en mortier de tuileaux et revêtues de galets (fond et siège) ; une petite cuve en calcaire, encastrée dans le fond, servait à recueillir et puiser l'eau du bain. Dans le courant du IIIe s. av. J.-C., la salle de bain fut transformée ; plus petite (2,50 x 1,80 m), elle n'eut plus qu'une baignoire et deux bassins peu profonds.
Il est frappant de constater que le « Banketthaus » n'avait pas d'oikos. La salle de bain à quatre baignoires et l'andrôn à onze lits permettent de penser qu'il s'agissait à l'origine d'un bâtiment public de réception (hôtellerie ou siège d'une association), datable, d'après la mosaïque de l'andrôn, du milieu du IVe s. av. J.-C. Un dépôt de vaisselle (amphores, cratères, canthares, coupes et assiettes) et de lampes, retrouvé en 2002 à l'extérieur du bâtiment (à l'Ouest) et datable du premier tiers du IIIe s. av. J.-C., confirme cette fonction. D'importants changements advenus dans le courant du IIIe s. av. J.-C. donnèrent au bâtiment un caractère plus privé. D'après la céramique trouvée sur le sol de la salle de bain, il fut abandonné au Ier s. av. J.-C. On a commencé à fouiller un nouvel édifice situé à l'Ouest du précédent, et séparé de lui par une rue. On ignore encore sa chronologie et sa fonction, mais son plan (en particulier l'angle Nord-Est déjà dégagé) semble indiquer que la terrasse du terrain Solon était construite suivant un plan hippodaméen.
2) Fortifications. — En 2001, les fouilleurs ont confirmé que la zone de l'acropole (ca 3,5 ha) était entourée d'un mur d'enceinte composé de deux parements et d'un épais blocage ; le parement extérieur reposait sur des blocs de conglomérat pseudo-polygonaux. Bien que de grandes parties aient souffert de l'érosion ou du pillage, on peut reconstituer l'intégralité de son parcours (900 m). Les différences de technique distinguent clairement ce mur de l'enceinte hellénistique en appareil isodome de la ville basse. On peut supposer que le premier noyau urbain, aux époques archaïque et classique, était au Sud, et que c'est à partir de là que la cité d'Aigeira se développa.
En 2002, on a entrepris de nouvelles recherches sur les fortifications de la « ville basse ». Le tracé du mur d'enceinte hellénistique a été presque entièrement repéré. Ce mur, qui n'avait pas de tours, était long de ca 3 km et englobait une superficie de ca 50 ha. Pour autant qu'on puisse en juger, il s'agissait d'un mur à parements et blocage, d'une largeur de 2,10 m, composé d'un socle de quatre assises de blocs pseudo-isodomes et d'une élévation en briques crues.
Les recherches géologiques montrent que d'importants secteurs de la ville basse d'Aigeira étaient situés sur un sol marneux instable, mais que d'autres, où l'occupation est plus dense, étaient construits sur un vaste banc de conglomérat qui s'étendait de l'acropole jusqu'au théâtre et continuait en direction du terrain Kupina. Du point de vue du développement topographique, on peut penser que la « ville haute » archaïque et classique, avec l'acropole comme centre religieux, fut abandonnée au profit des espaces plus vastes de la « ville basse » d'époque hellénistique.
3) Anciennes fouilles de l'acropole. — En 2001, on a repris les anciennes fouilles de W. Alzinger sur l'acropole, et dégagé les fondations Ouest du « bâtiment Β ». Ces fondations sont composées de trois assises de blocs de conglomérat, dont les lits de pose horizontaux ont été pour la plupart équarris. Leur bon état de conservation semble contredire la théorie d'Alzinger suivant laquelle le bâtiment aurait été détruit par un tremblement de terre.
La qualité des fondations indique que l'on est en présence d'une construction monumentale. D'après leurs dimensions, il est possible que les nombreux blocs remployés dans le mur d'enceinte de l'acropole proviennent de ce bâtiment. Au lieu d'un temple oblong du VIIe s. av. J.-C., il pourrait s'agir des fondations d'un temple in antis du VIe s. av. J.-C.
Un nouveau chapiteau en calcaire a été découvert dans la zone de l'acropole. D'après la courbe de l'échiné, il est encore datable du VIe s. av. J.-C. et se distingue du chapiteau dorique plus ancien découvert en 2000. L'un des deux exemplaires provenait sans doute de ce temple in antis.
En 2002, on a dégagé et nettoyé les fondations Est du « bâtiment Β ». Celles-ci, dont seule l'assise inférieure en L est conservée, sont construites en petits blocs de conglomérat, qui correspondent en grande partie à du matériel d'époque mycénienne remployé. Les nombreuses différences entre les fondations Est et Ouest (dimension des blocs, mode de construction, orientation) prouvent qu'elles appartiennent à des bâtiments différents. Il est possible que les fondations Ouest se rattachent à un temple in antis de la fin de l'époque archaïque, mais on ne peut pas préciser la fonction et la chronologie des fondations Est en raison de leur mauvais état de conservation.
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