ANTIQUE MESSÈNE - 2002
Messini (ancient), Messène antique
En 2001 et 2002, des fouilles et anastyloses de grande envergure se sont poursuivies dans la cité antique de Messène, sous la direction de P. Thémélis. Nous en résumons les principaux résultats, en renvoyant aux Ergon 49 (2001), p. 46-53 et 50 (2002), p. 27-35 (rapports et figures) pour de plus amples précisions.
1) Théâtre. — Les nouvelles fouilles ont produit un riche matériel qui permet de préciser l'histoire de cet édifice. Le bâtiment de scène et le proskénion, construits à l'époque hellénistique, furent totalement refaits sous Auguste et Tibère. Le théâtre connut une seconde restauration vers le milieu du IIe s. apr. J.-C., qui lui donna l'aspect qu'il présente aujourd'hui (fig. 1).
Le frons scaenae (33 x 3,40 m) comportait trois exèdres — une semi-circulaire au centre et deux rectangulaires sur les côtés — au fond desquelles s'ouvraient une porte et un petit escalier. Chaque exèdre abritait deux statues. Celles qui se dressaient dans l'exèdre centrale ont été retrouvées dans un état fragmentaire, tout comme les piédestaux sur lesquels elles reposaient. L'une était la statue cuirassée d'un empereur, sans doute Trajan (fig. 2), l'autre celle d'un personnage drapé (fig. 3).
Dans l'exèdre Est, les deux socles in situ contiennent un long décret de l'époque de Trajan relatif aux statues et à leur commanditaire, Τιβέριος Κλαύδιος Σαιθίδας Καιλιανός I. Les statues correspondantes, qui ne sont pas conservées, représentaient sa mère, Κλαυδία Φροντείνη et son petit fils Τιβέριος Κλαύδιος Φροντείνος I.
Il ne reste que quelques fragments des piédestaux de la troisième exèdre (Ouest), mais on a trouvé à l'intérieur une tête colossale de l'empereur Lucius Verus, sans doute sculptée par un atelier attique.
Cinq autres statues ont été découvertes dans le théâtre au cours de la campagne 2002 : Isis Pélagia (fig. 4), debout à la proue d'un bateau ; deux piliers hermaïques, dont l'un est acéphale et l'autre est surmonté d'un portrait qui, d'après P. Thémélis, représentait peut-être Τιβέριος Κλαύδιος Σαιθίδας Καιλιανός I (fig. 5) ; le torse d'un homme jeune portant une chlamyde ; la partie inférieure d'une statue du type de la « grande Herculanèse ». D'après le fouilleur, ces deux statues représentaient elles aussi des membres de la famille du dédicant, en particulier sa mère.
2) Agora. — En 2002, les vestiges du temple de Zeus Sôter, cité par Pausanias, ont été dégagés dans l'agora, au Sud-Est de la fontaine d'Arsinoé. On a découvert une partie des substructions de l'édifice et beaucoup d'éléments architecturaux d'ordre dorique, ainsi qu'une stèle portant l'inscription Διὶ Σωτῆρι, « à Zeus Sauveur ». La fouille du temple n'est pas terminée ; il semble qu'il était plus petit que le temple d'Asclépios, et qu'il était entouré de portiques. L'un d'entre eux a déjà été partiellement dégagé. De nombreux socles de statues honorifiques de prêtres, d'évergètes et de membres de la famille impériale retrouvés dans le téménos reflètent l'importance de ce temple dans la vie sociale et religieuse de Messène. La base d'une statue de Faustine l'Ancienne (fig. 6) porte une inscription en latin, qui est la seconde attestée à Messène jusqu'à présent.
3) Santuaire du héros. — En 2001, on a fouillé un petit naos du Ier s. av. J.-C. au Nord-Ouest du propylon du gymnase, composé d'un vestibule et d'une cella, au fond de laquelle se trouvait une base rectangulaire en grès pour la statue de culte. P. Thémélis, qui avait d'abord pensé que le naïskos était consacré au culte d'Héraclès ou d'Hermès à cause de la proximité du gymnase, a suggéré en 2002 qu'il s'agissait peut-être plutôt d'un sanctuaire du héros Aristoménès. Au Nord du sanctuaire, on a trouvé un puits qui avait été comblé dès la fin du IVe s. av. J.-C. ; dans l'angle Nord-Ouest du même téménos, on a dégagé un dépôt qui renfermait des lampes de fabrication locale datables du Ier s. av. J.-C., des unguentaria et une statuette de femme.
— En 2002, on a découvert dans le même secteur deux citernes qui renfermaient de nombreuses sculptures : tête de femme, d'homme, dix pieds en marbre (fig. 7a-c) et trois mains. Ces éléments indépendants ne sont ni des fragments, ni des éléments de statues acrolithes. Ils sont datables de l'époque de César et du début du règne d'Auguste et révèlent l'existence d'un atelier de sculpture important, qui produisait des œuvres originales (surtout des portraits) et des copies de sculptures célèbres.
4) Maison romaine. — Au Sud de la maison romaine, on a dégagé plusieurs pièces dont on ignore encore la fonction. Plus au Sud, on a localisé une autre maison. Dans l'une des pièces, on a découvert le squelette d'un grand ours sous une couche de tuiles tombées du toit. La présence de cet animal dans une maison reste à expliquer.
5) Basilique paléochrétienne (au Sud du théâtre). — On a fouillé la nef centrale de la basilique, qui était dallée, ainsi qu'une grande partie de la nef Ouest, où l'on a retrouvé des tombes des Xe et XIe s. (fig. 8). On a dégagé trois ouvertures de communication avec le narthex, qui n'a pas encore été fouillé, ainsi que le stylobate Ouest des colonnades intérieures, où il y avait plusieurs bases de colonnes ioniques in situ. La découverte d'une imposte portant l'inscription [---]ἔργον Ἴσιδος (fig. 9) signifie peut-être que la basilique fut construite sur l'emplacement d'un sanctuaire de Sarapis et d'Isis qui, d'après Pausanias, se trouvait non loin du théâtre.
6) Les vestiges d'une tombe à chambre d'époque romaine, près de la tour Sud de la Porte d'Arcadie, ont été fouillés en 2002. La tombe avait un sol orné de mosaïque et abritait, dans une de ses niches, un sarcophage en marbre à reliefs, connu depuis longtemps.
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