PLAINE DE PHLIONTE - 2002
Néolithique - Néolithique Ancien - Néolithique Moyen - Néolithique Récent - Néolithique Final
Âge du Bronze - Bronze Ancien - Bronze Récent
En 2001 la quatrième et avant-dernière campagne de prospection de la plaine de Phlionte s'est déroulée sous la direction de J. Maran et D. Ittameier (université de Heidelberg), avec la collaboration de C. Casselmann (cartographie) et P. Marzolff (vestiges architecturaux). Les recherches ont porté principalement sur la partie centrale et occidentale du bassin. L'exploration systématique d'une large bande de terrain traversant la plaine du Nord au Sud, des collines au Nord de Pétri jusqu'au pied du mont Koukouyéras, a permis d'identifier 29 sites sûrs et quelques-uns hypothétiques situés en partie dans la plaine et en partie sur les collines. On a d'autre part commencé à prospecter les versants situés au Nord de la plaine, ainsi que leurs contreforts Sud, entre Pétri et Aidonia. Enfin, des recherches communes ont été conduites dans la plaine avec des géoarchéologues afin d'étudier les processus de sédimentation et de les dater. Les premiers résultats, qui reflètent la convergence des données géologiques et archéologiques, sont encourageants.
La répartition des périodes chronologiques sur les différentes zones du bassin à partir des trouvailles de surface confirme les observations des campagnes antérieures : pas de sites protohistoriques visibles dans la plaine, mais beaucoup sur les pentes des montagnes et dans la frange supérieure des contreforts. On rencontre en revanche des sites classiques et romains/byzantins dans les deux zones. Contrairement aux campagnes antérieures, la prospection a permis pour la première fois d'identifier un site néolithique (v. infra), auquel s'est ajoutée la découverte fortuite d'un autre site néolithique dans un échantillon prélevé dans la plaine par les géoarchéologues. Le fait que la strate néolithique de cet échantillon soit recouverte par plusieurs mètres de sédiments confirme l'hypothèse émise lors des premières campagnes que les sites de plaine antérieurs à l'Âge du Fer sont enfouis profondément et qu'il est impossible de les détecter à travers une prospection de surface.
Au cours des travaux, on a découvert et documenté plusieurs sites détruits ou menacés de l'être par les activités agricoles. Au nombre de ceux-ci figure une route certainement antique au Nord de la plaine, à quelques centaines de mètres d' Aidonia. Des labours profonds ont fait apparaître en surface deux rangées de blocs de conglomérat grossièrement équarris, entre lesquels la terre est d'une autre couleur que dans le reste du champ. La distance originale entre les deux rangées de pierres ne devait pas dépasser 4 m. Plus à l'Est, on distingue dans les profils des champs le même alignement de pierres sur une longueur de plus de 100 m. Les quelques tessons recueillis permettent d'avancer une datation du début de la période archaïque, peut-être même de la fin de l'époque géométrique. Parmi les petits objets, on signale la découverte d'une roue d'un modèle de char en terre cuite.
Deux autres sites détruits lors de la plantation d'une nouvelle vigne ont été repérés au pied de la pente Nord du Koukouyéras. Dans la partie supérieure du terrain (marne claire) se trouvaient les vestiges d'un bâtiment d'époque classique bien datable grâce à une abondante céramique de bonne qualité. La découverte de meules et de récipients de stockage permet de penser qu'il s'agissait d'une maison aisée. On a également retrouvé les restes d'une amphore funéraire, dont une partie du contenu (petits vases et os) était encore conservée. Dans la partie inférieure du même terrain, on a pu observer une forte concentration de matériel d'époque néolithique, qui s'échelonne entre la fin du NA, le NM et le NR.
Parmi le matériel trouvé hors de son contexte, on signale des fragments d'architecture qui provenaient sans doute de Phlionte et furent remployés à l'époque romaine tardive et au début de l'époque byzantine. Au Sud de la plaine, non loin du site néolithique, gisait une borne ou milliaire d'époque romaine portant une inscription de deux lignes (fig. 1).
Parmi les vestiges architecturaux encore en place, on a retrouvé les ruines d'une tour de guet antique (peut-être déjà commentée, mais sans localisation précise, par G. GAUVIN, « Les systèmes de fortifications de Kléonai et de Phlionte », in S. Van DE MAELE et J. M. FOSSEY [éds], Fortificationes Antiquae [1992], fig. 7, 5-6), ainsi qu'un sol pavé au pied de la pente Nord du Koukouyéras. En contrebas de cet emplacement se trouve un site HA dont les vestiges sont difficiles à dater parce qu'ils sont mélangés à du matériel plus récent.
— En 2002, la 5e et dernière campagne de prospection de la plaine de Phlionte s'est déroulée sous la direction de J. Maran et C. Casselmann. Les travaux ont été fortement gênés par le mauvais temps. Les recherches se sont concentrées sur le site découvert en 2000 au sommet du Koukouyéras, et plus brièvement sur un nouveau secteur au sommet du Prophitis Ilias Léondiou, ainsi que sur un terrain situé à proximité d'une source à l'Ouest de Pétri, sur la route d'Aidonia.
Au sommet du Prophitis Ilias Léondiou, des travaux ont dégagé une zone auparavant inaccessible à l'Ouest de la chapelle. Les pluies et les excavatrices ont fait apparaître les vestiges d'au moins deux murs, dont un de ca 1,60 m construit en pierres et en briques. À l'Ouest de la route actuelle, mais au Sud-Ouest de la chapelle, il y avait des fragments d'un pithos apparemment encore en place. Les autres trouvailles de ce secteur (poids de métier à tisser en argile, céramique à vernis noir) confirment qu'il s'agit d'un établissement d'époque classique (v. BCH 12 4 [2000] Chron., p. 796), qui a été en usage peut-être plus longtemps.
— En 1999, un site préhistorique contenant également du matériel plus récent avait été repéré à plus de 650 m d'altitude au sommet du massif du Koukouyéras. On a prospecté cette année une zone de ca 700 m en suivant la crête Sud de la montagne, depuis le point culminant du sommet du Koukouyéras jusqu'à un avant-sommet situé au Sud-Est. De vastes secteurs présentaient une forte concentration de matériel de différentes époques. La première surprise a été de découvrir un mur de fortification de ca 65 m de long, avec quatre bastions clairement visibles de ca 5 x 5 m, protégeant le côté Sud de cet avant-sommet, qui est pratiquement le seul endroit par lequel on pouvait accéder au sommet. Avant la montée qui conduit au sommet, à 180 m ca au Sud-Est du point de référence topographique, une grande doline est orientée du Nord au Sud. Sur son bord Ouest gisent les vestiges d'un puissant mur de fortification atteignant par endroits 4 m de large ; à son extrémité inférieure (Sud), les arasements de la roche suggèrent qu'il y avait une porte. À l'extrémité supérieure (Nord) se trouve le départ d'un autre mur perpendiculaire. Les deux fortifications datent probablement du Ve ou du IVe s. av. J.-C., mais il n'est pas exclu que la seconde ait un antécédent préhistorique.
Au sommet de la montagne, la roche présente des traces de taille en forme de rigoles en plusieurs endroits. Sur tout le sommet et sur les pentes adjacentes, on a recueilli un riche matériel d'époque préhistorique, classique et sans doute plus tardif. On signale un nombre élevé de fragments d'obsidienne et de silex, y compris deux pointes de flèches taillées qui permettent de situer la première occupation du site au NR ou au Chalcolithique. Il semble à première vue, bien que le matériel céramique soit plutôt mal conservé, qu'une ou plusieurs phases de l'Âge du Bronze sont aussi représentées. Enfin, on a également identifié certains tessons d'époque classique, qui soutiendraient la datation proposée pour les fortifications. La présence importante de restes architecturaux, de traces de taille de la roche et de céramique d'époque préhistorique et classique semble indiquer qu'il ne s'agit pas d'une simple tour de guet, comme ailleurs à Phliasia, mais d'un véritable établissement, même si le choix d'un emplacement aussi exposé pose problème.
L'exploration d'un terrain situé à l'Ouest de Pétri, en contre-haut de la route d'Aidonia, au-dessus d'une falaise et à proximité d'une petite source a livré beaucoup de matériel préhistorique (obsidienne), mais aussi antique et byzantin, attestant que le site fut occupé à plusieurs périodes. La céramique contenait des tessons d'époque mycénienne à côté d'autres plus anciens. Les trouvailles romaines et byzantines, particulièrement nombreuses, suggèrent que l'on se trouve à la périphérie de l'établissement romano-byzantin repéré depuis longtemps quelques centaines de mètres plus à l'Est, dans le territoire du village actuel de Pétri.
Des sondages réalisés par l'Éphorie à proximité d'Aidonia, à la suite de fouilles clandestines, dans un établissement datant de l'époque des tombes à fosses et d'époque mycénienne, ont permis de confirmer les résultats d'une prospection antérieure (v. BCH 124 [2000] Chron., p. 796) : il s'agit d'une acropole préhistorique importante, dont de vastes secteurs sont encore conservés in situ sous une mince couche d'humus peu cultivée. La situation privilégiée de ce site, où rien n'a jamais été reconstruit, promet des résultats de fouilles extrêmement intéressants. On a de même découvert fortuitement plusieurs tombes, probablement mycéniennes, dans un terrain marneux situé au pied d'une pente à l'extrémité Sud-Ouest de la vallée, à l'Ouest de la route qui mène à Léontion. Il s'agit des vestiges d'une tholos (fig. 2) et de deux tombes à chambre, sans doute contemporaines. On n'a malheureusement pas trouvé de matériel céramique à proximité.
Une nouvelle prospection du site néolithique découvert en 2001, très important en raison de sa date, a permis de recueillir un grand nombre de très beaux silex et quatre polissoirs en pierre.
Bien que cette dernière campagne ait principalement consisté en prospections isolées et ponctuelles, elle a confirmé dans certains cas et modifié dans d'autres l'image issue des prospections de surface des années précédentes. Le bassin de Phlionte, avec les pentes montagneuses qui le bordent, était densément occupé, non seulement dans l'Antiquité, mais aussi à l'époque préhistorique. À l'époque mycénienne, par exemple, les établissements ne se trouvent pas uniquement dans des sites isolés choisis en fonction de leur importance stratégique. On a l'impression qu'on a plutôt affaire à un système complexe, peut-être organisé hiérarchiquement, d'établissements de diverse nature répartis tout autour de la plaine, au pied des montagnes et à mi-pente, à partir d'un ou de plusieurs centres : à proximité d'une source, sur le versant Sud du Prophitis Ilias Léondiou, à l'extrémité Sud de la vallée, ou légèrement caché dans les collines sur la rive Ouest du cours d'eau à la hauteur de Pétri, ou encore clairement visible à l'Est de Pétri au bord d'un terrain alluvionnaire. La fertilité de la plaine, mais aussi sa situation géographique particulièrement favorable, y furent certainement pour beaucoup. C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre l'occupation très ancienne et la fortification du Koukouyéras. De là, les cols qui conduisaient en Sicyonie et en Stymphalie, au Nord et à l'Ouest, étaient bien visibles, ainsi que les deux cols en direction du Sud et la crête qui sépare la plaine, à l'Est, de celle de Némée antique.
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