NÉMÉE - 2002

En 2001, les fouilles et les travaux de restauration et d'aménagement du site se sont poursuivis, sous la direction de S. G. Miller (University of California at Berkeley).
Un sondage dans la crypte du temple de Zeus du IV^e s. av. J.-C. a prouvé définitivement qu'un mur, visible depuis longtemps au fond de la crypte, n'appartenait pas au premier temple, mais à celui du IV^e s. À l'Ouest du temple de Zeus, on a fouillé les berges de la rivière Némée (dans sa phase byzantine), où l'on a retrouvé plus d'une douzaine d'éléments du temple. Pour récupérer ces blocs, il a fallu consolider le pont à l'Ouest du temple et construire deux murs massifs pour retenir les eaux de la rivière hors du site.
Les archéologues ont inspecté la crête du long tumulus artificiel de l'enfant héros Opheltès sur plus de 100 m en direction du Nord, sans trouver son extrémité ; il devait avoir une longueur totale de ca 130 m. Le tertre du VI^e s. av. J.-C. a livré de nouvelles traces de banquet rituel, avec des vases entiers, et même des ensembles de vases, soigneusement enterrés. Dans la tranchée ouverte à l'extrémité Nord du tertre, un mur de soutènement Nord-Sud est apparu. Il marque peut-être la limite entre le tertre à l'Ouest et la piste du premier stade à l'Est, confirmant l'hypothèse des archéologues sur l'emplacement de cette piste ancienne, qui fut détruite quand elle fut traversée postérieurement par le cours de la rivière.
Plusieurs tranchées ont été fouillées le long du côté Ouest du tertre, pour tenter de localiser l'hippodrome. Les fouilleurs ont repéré des traces évidentes de passage de chars à plusieurs endroits et à plusieurs niveaux. Malheureusement, ce secteur à l'Ouest du tertre était une zone d'alluvions, où des douzaines de couches de limon et de gravier se sont déposées peu à peu. Il est donc impossible d'y retrouver un sol horizontal où les traces de roues soient conservées sur une longue distance. Il faut aussi noter que le long tertre d'Opheltès, qui est relativement étroit, servit de digue pour retenir les alluvions à l'écart du temple.
On a par ailleurs découvert une nouvelle ligne de départ, semblable à celle du stade du début de l'époque hellénistique, avec des rainures pour la position des pieds (fig. 1). Il n'y a que deux dalles et l'espace — qui ne s'étendait pas plus loin — ne suffit que pour deux coureurs. Il s'agissait probablement d'une piste d'entraînement pour les athlètes qui se préparaient aux concours au IV^e s.
Plus à l'Ouest, le réservoir découvert en 2000 a été totalement fouillé. On y a retrouvé des vases à boire, des cruches et des amphores qui y avaient sans doute été lâchées par mégarde. Trois découvertes d'une importance particulière sont à signaler :
1) un casque en bronze macédonien ;
2) une élégante louche en bronze avec un manche terminé en tête de canard (fig. 2), qui est semblable (forme, technique et dimensions) à un exemplaire découvert en Macédoine il y a quelques années, au point que l'on peut se demander si les deux objets n'ont pas été fabriqués dans le même atelier, peut-être même par le même artisan ;
3) une bague en bronze, sur laquelle est représenté un homme de profil, dont les cheveux et la barbe sont rendus avec un soin particulier (fig. 3). Il pourrait s'agir du portrait d'un homme important, qui vécut avant 275 av. J.-C. Il présente une ressemblance frappante avec le portrait sur un médaillon en or de Paris. Il s'agit peut-être dans les deux cas du même personnage (Philippe II de Macédoine ?).
La fin de la fouille du réservoir a permis de dégager trois compartiments de dimensions pratiquement égales : 2,20 x 2,80 et ca 8 m de profondeur (fig. 4). Leur capacité totale dépassait 140 m³, même s'ils n'ont sans doute jamais été entièrement pleins. Les blocs des murs, soigneusement travaillés et assemblés, ne présentent pas de trace de revêtement. L'expérience montre que cette citerne pouvait servir de puits, où l'on s'approvisionnait en eau quand le niveau était suffisamment élevé. La canalisation qui conduisait à la citerne depuis les thermes montre qu'il pouvait être nécessaire d'augmenter l'alimentation en eau pendant les périodes de sécheresse.
On ignore la raison pour laquelle on avait besoin d'une telle réserve d'eau. Etant donné les caractéristiques de cette partie du site, on peut se demander si le réservoir n'était pas destiné à abreuver les précieuses montures qui participaient aux concours néméens. Un certain nombre d'anses de seau en bronze et en fer provenant du réservoir attestent la présence de récipients appropriés pour le faire, mais aucune pièce de harnachement n'a été retrouvée. L'idée reste donc une hypothèse attrayante, mais sans preuve.

— En 2002, les efforts se sont concentrés sur la préparation de la publication finale. Les études ont porté sur les restes de squelettes du cimetière chrétien ancien (M. Becker), ainsi que sur le matériel du sanctuaire de l'enfant héros Opheltès recueilli de 1979 à 1980 (niveaux supérieurs) et de 1996 à 2001, en particulier les dizaines de milliers de tessons de vases provenant des couches d'utilisation du sanctuaire entre ca 500 et 300 av. J.-C. Plus de 90 % des tessons proviennent de vases à boire, et le reste de cruches à vin et de cratères. Il n'y a pas de lampes, de vaisselle de cuisine et de plats. Par ailleurs, les vases à boire ont été délibérément brisés sur place ; certains d'entre eux présentent un fond intentionnellement percé. On peut en déduire que la boisson rituelle et les libations jouaient un rôle très important dans le culte de l'enfant Opheltès. On a de même entrepris l'étude définitive des fours utilisés pour la fabrication des tuiles des édifices construits à la fin du IV^e s. (y compris le temple de Zeus).
De nombreux projets d'exposition et de restauration ont été entrepris au musée et sur le site en vue des Jeux olympiques de 2004. On acquerra de nouveaux terrains pour créer un parc archéologique rassemblant le sanctuaire et le stade, actuellement séparés.