ATHÈNES. – Unification des sites archéologiques - 2001
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romain
Depuis décembre 1997, la Ire Éphorie des antiquités classiques et préhistoriques réalise d'importants travaux dans le cadre du projet d'« Unification des sites archéologiques d'Athènes » (Ενοποίηση των Αρχαιολογικών Χώρων της Αθήνας [ΕΑΧΑ]). Le but de ces interventions est de créer un vaste parc archéologique, qui permette de mieux comprendre la topographie de la ville antique et remette en valeur certains quartiers et axes de communication, tels le chemin circulaire (péripatos) qui reliait les versants Nord et Sud de l'Acropole, ainsi que les vestiges de sanctuaires, de maisons et d'établissements publics situés sur les flancs et au pied du rocher.
1) Acropole (travaux dirigés par A. Mantis jusqu'en août 2001, puis par G. Kavvadias)
Versant Sud. — L'accès principal à l'Acropole a été déplacé du Nord-Ouest au Sud-Ouest, sur l'avenue piétonne Dionysiou Aréopagitou, en face du futur musée de l'Acropole (Makryghianni), pour favoriser la circulation des visiteurs entre le site et le musée. Lors de l'aménagement de la « rampe Est » conduisant au théâtre de Dionysos, on a découvert des vestiges des fondations du propylon et du péribole du sanctuaire de Dionysos, tandis qu'on a localisé plus au Sud l'abside et la crédence de l'église d'Haghia Paraskévi, dont la première phase remonte à la fin de l'époque byzantine.
Parmi les principales découvertes ou « redécouvertes » faites lors de l'aménagement de l'av. Dionysiou Aréopagitou en rue piétonne (travaux réalisés par A. Zarkadas et contrôlés par K. Prekas), on signale, d'Est en Ouest :
- un tronçon de ca 5 m de la rue antique qui passait à l'Est du sanctuaire de Dionysos et rejoignait la rue antique des Trépieds ;
- à 5 m environ au Sud-Ouest du nouveau temple de Dionysos Eleuthéreus, un nymphée hexagonal, dont trois absides avaient été fouillées en 1879 ; les nouvelles recherches ont permis non seulement de localiser l'édifice, mais également de dégager une partie de la quatrième abside ;
- au Sud-Ouest du sanctuaire de la Nymphe et de l'emplacement des tombes géométriques fouillées par G. Miliadis (1955-57), dans la région de la citerne romaine Ouest, une nouvelle sépulture dans une amphore funéraire d'époque géométrique déposée sur une entaille circulaire du rocher ;
- plus à l'Ouest, des vestiges de constructions datant du XIIe s. ; la présence de pithoi indique qu'il s'agissait de bâtiments de stockage ;
- dans le « triangle de la maison Partheni », des fragments de reliefs et d'éléments architecturaux qui semblent provenir des remblais des fouilles de l'Acropole.
Versant Nord. — Grâce à des nettoyages de surface, l'ancien péripatos est devenu praticable sur toute sa longueur et les anciens monuments sont à nouveau visibles (Clepsydre, cavernes sacrées de Pan, de Zeus et d'Apollon, terrasse du sanctuaire d'Aphrodite et d'Éros). Les travaux de restauration du chambranle en marbre de l'église d'Haghios Nikolaos, correspondant à la deuxième phase du bâtiment (probablement XVIe s.), ont été achevés. Cette église se trouve à la jonction du péripatos et de la rue médiévale, qui sera remise en état pour permettre aux visiteurs d'accéder à l'Acropole depuis le Nord, en montant depuis la porte dite du Liontarion (à l'extrémité de la rue Panou, en face du musée Canellopoulos). Cet accès reliera le versant Nord de l'Acropole à l'Agora romaine et à la ville basse.
2) Collines des Muses, de la Pnyx et des Nymphes (travaux dirigés par P. Lazaridis et O. Voghiatzoglou). — Ces collines rocheuses, qui s'étendent sur 70 ha, correspondent aux dèmes antiques de Mélité, de Koilé et de Kollytos. Une forte concentration d'entailles de fondation orthogonales, de conduites, de puits et de réservoirs creusés dans le rocher attestent qu'elles étaient déjà densément occupées au début du Ve s., quand elles furent entourées par l'enceinte de Thémistocle. Entre la colline des Muses et celle de la Pnyx passait la διὰ Κοίλης ὁδός, qui reliait Athènes au Pirée à l'intérieur des Longs Murs. La construction du diateichisma sur la crête des collines à la fin du IVe s. av. J.-C. réduisit la superficie de la ville et conduisit à l'abandon progressif de ces quartiers d'habitation occidentaux, qui se convertirent en nécropoles.
De nombreuses interventions modernes ont fortement modifié l'aspect du site archéologique. Le Projet d'unification a pour objectif de transformer les trois collines en un parc archéologique et récréatif gardé, où le public pourra visiter les monuments, les sanctuaires, les fortifications, les routes et les installations hydrauliques, qui seront reliés entre eux par un réseau de voies antiques et modernes. Dans le cadre de ce projet, on a dégagé sur plus de 500 m l'ancienne διὰ Κοίλης ὁδός creusée dans le rocher (fig. 1). Sur la colline des Muses, on a de même dégagé le monument connu comme « la prison de Socrate », en enlevant le mur de béton derrière lequel on l'avait dissimulé pendant la seconde guerre mondiale pour y cacher des antiquités. Il s'agit sans doute d'une maison à deux étages dont les pièces arrière étaient creusées dans le rocher, tandis que celles de devant étaient construites. Les trous de poutres carrés visibles dans la roche servaient probablement à soutenir la charpente du second étage (fig. 2) . On a également retrouvé, au Sud du lacet que forme le chemin de Pikionis qui mène au monument de Philopappos, l'inscription du IV/IIIe s. gravée sur le rocher : ΕΠΟΣ ΔΕ ΦΩΝΗ (SEG XLI, 232), document discuté que l'on a proposé de mettre en relation avec le poète Mousaios, qui enseigna, mourut et fut enseveli au sommet de la colline du Mouseion.
Lors de la construction d'un pavillon de gardiens à l'Ouest de l'église d'Haghios Démétrios Lombardiaris, on a retrouvé la suite de l'axe de la Κοίλης ὁδός ; un grand tronçon de cette voie a de même été dégagé près du théâtre de Bastias, bordé des deux côtés par des vestiges de maisons, des conduites et des citernes.
À la jonction des rues Dionysiou Aiginitou et Apostolou Pavlou, on a dégagé une chambre creusée dans le rocher. Le mur Nord était décoré d'un relief (sans doute du IVe s. av. J.-C.), dont la représentation est unique : Pan, assis sur un rocher, tenant un lagobolon à la main, est tourné vers la droite en direction d'un personnage féminin nu — nymphe ou ménade — en train de danser. Un chien est assis entre les deux. Ce relief représente peut-être le mythe de Pan et de la nymphe Pitys, qui fut métamorphosée en pin. Sur le mur extérieur de la chambre sont conservés de larges pans d'une peinture murale de type pompéien, encadrée par une imitation de placage de marbre (en bas) et un décor végétal (en haut).
Les travaux entrepris sur la colline des Nymphes ont permis de retrouver des monuments et des inscriptions fouillés il y a 130 ans. À l'occasion de travaux de la Société ΔΕΗ, on a enlevé les remblais modernes et la végétation qui recouvraient le sanctuaire rupestre des Nymphes, situé devant l'Observatoire actuel, et dégagé l'inscription IG I3 1065 (fig. 3) gravée sur le rocher vers le milieu du Ve s. av. J.-C. : hιερὸν/Νυμφ[ȏ]ν/Δεμο (ἱερὸν/Νυμφ[ῶ]ν/Δήμου) ; au cours de ces travaux, on a découvert un grand nombre de figurines, principalement d'époque archaïque.
Aux abords de l'église d'Haghia Marina, on a dégagé le grand sanctuaire rupestre de Zeus. Le retrait des remblais modernes a permis de retrouver les deux inscriptions du VI/Ve s. marquant la limite du sanctuaire (IG I3 1055, A-B) : hόρος⁞Διός et hόρος. AD 52 (1997) [2002] Β'1, p. 40-42 [K. Lazaridi] ; Ανθέμιον 10 (2003), p. 3-9 [A. Chorémi-Spetsiéri].
3) Terrain Makryghianni. — De 1997 à 2001, la Ire Ephorie des antiquités préhistoriques et classiques a réalisé des fouilles à l'emplacement du futur musée de l'Acropole, dans une zone qui atteindra 2,5 ha quand les derniers immeubles qui l'occupent auront été expropriés. On a dégagé un quartier résidentiel densément peuplé, limité par deux rues importantes (I et II) orientées Est-Ouest et Nord-Sud. Les principales découvertes sont un grand complexe du VIIe s. apr. J.-C., une maison romaine tardive et des thermes du IIIe s. apr. J.-C. qui furent en usage jusqu'au VIIe s.
— En 2001, la démolition de 6 immeubles a permis de poursuivre les fouilles dans un secteur de 736 m2 situé dans l'angle Sud-Ouest du terrain (travaux dirigés par S. Eleftheratou et supervisés par N. Saraga). On y a découvert la jonction des rues I et II. Au Nord de la rue I est apparu le prolongement des bâtiments fouillés antérieurement et au Sud des vestiges d'établissements d'époque mésobyzantine, ainsi qu'une partie d'un complexe d'époque byzantine édifié après le milieu du VIIe s. sur les ruines de bâtiments d'époques romaine tardive et romaine. Parmi le matériel relativement abondant recueilli sur le site, on signale la tête d'un homme d'âge mûr, philosophe ou cosmète, du IIIe s. apr. J.-C. On a de même découvert une partie d'un atelier de sculpteur d'époque hellénistique, dans les remblais duquel il y avait des fragments de sculptures inachevées. La fouille de deux citernes en forme de cloche appartenant à une maison d'époque hellénistique a livré une abondante vaisselle de table et de cuisine correspondant à deux comblements successifs, l'un du IIe s. av. J.-C., l'autre du début de l'époque romaine. Ibid., p. 13-14 [A. Chorémi-Spetsiéri].
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