ATHÈNES. – Céramique - 2002
Kerameikos Excavations, Céramique
— En 2001, les fouilles commencées en 1998 le long du dromos, devant le Dipylon, se sont poursuivies sous la direction de J. Stroszeck. L'objectif était de vérifier les résultats recueillis précédemment (à partir de 1914) en vue de la publication définitive. Les archéologues ont continué à dégager les fondations de constructions funéraires romaines, ainsi que des niveaux de chaussée et des canalisations.
Ils ont découvert une partie du talus extérieur d'un fossé jusqu'alors inconnu, antérieur au fossé de la ville qui précédait le proteichisma. Ce nouveau fossé est situé plus à l'Ouest et enserrait davantage le dromos. Il permet de constater que la chaussée fut élargie au IVe s. pour atteindre la largeur de 40 m qu'on lui connaît grâce aux bornes et à l'alignement des façades des tombes.
Les fouilles ont par ailleurs permis d'étudier en détail une partie du réseau des égouts athéniens du VIe s. apr. J.-C. Un regard de 8 m de profondeur construit en cylindres de terre cuite remployés était aménagé au-dessus d'une chambre où deux canalisations provenant de la ville rejoignaient une canalisation plus grande conduisant hors de ville. Lors de la pose de cette canalisation, une série de niveaux de chaussée romains furent traversés. La datation repose sur la céramique qui se trouvait dans la couche inférieure de la chambre et dans la couche d'enduit qui entourait l'ouverture du regard.
On signale, parmi les découvertes, un fragment de relief funéraire du IVe s. réutilisé dans les parois de la chambre du regard, ainsi qu'un moule de figurine hellénistique et un autre de bol à relief à décor d'écaillés qui témoignent de l'activité de coroplathes et potiers dans le Céramique à l'époque hellénistique.
Lors de travaux de nettoyage à la Porte Sacrée, on a trouvé un aryballe protocorinthien avec un décor en frise de lions (inv. 9977).
1) Nettoyage et étude du développement architectural du sanctuaire de la colline Sud. — La Société archéologique d'Athènes avait dégagé, entre 1870 et 1880, les murs de fondation d'un petit naïskos orienté vers le Sud et situé à l'intérieur d'une enceinte en forme de triangle, à l'Est de la colline méridionale. La date de ce sanctuaire et la divinité à laquelle il était consacré sont inconnus. En réexaminant ce complexe, T. Mattern (université de Marbourg) a distingué deux phases édilitaires au moins, marquées par des différences dans la technique de construction et dans l'orientation du naïskos. Comme il n'y a plus de données stratigraphiques à cause des interventions du XIXe s., ces vestiges seront datés par rapport aux structures architectoniques voisines. À cet égard, la relation de la tranchée de fondation de la première phase du sanctuaire avec la fosse de la tombe 3, fouillée en 1971 par U. Knigge et datée du début du Ve s., est fondamentale. Les explorations à venir montreront si la tombe 3 est plus récente que le mur Ouest du sanctuaire. Dans ce cas, la première phase du sanctuaire remonterait au VIe s. av. J.-C. et serait donc antérieure à la destruction perse.
2) Nettoyage et étude du développement architectural de la Tombe dite des Lacédémoniens. — Cette tombe longue et étroite en blocs de calcaire, située à l'Ouest du dromos, avait été fouillée dans les années 1930. Elle a été identifiée comme la tombe des officiers lacédémoniens morts en 403 dans la bataille contre les démocrates athéniens (Xénophon, Helléniques II 4, 28 sq.) grâce à un fragment de plaque inscrite en marbre trouvé à proximité, portant, de gauche à droite, en grandes lettres, ΛΑ, désignant probablement Lacédémone ou les Lacédémoniens, et en petites lettres les noms des polémarques Chairon et Thibrachos, tous deux cités par Xénophon. Le contenu de la tombe et les usages funéraires (pierres placées sous la tête des cadavres et traces de blessures visibles sur les squelettes) confirment cette identification.
— En 2002, la tombe a été soigneusement réétudiée par J. Stroszeck et l'architecte A. von Kienlin (université technique, Munich) en vue de sa publication. L'examen de l'évolution architecturale a permis de distinguer quatre phases et de montrer que le complexe architectural était beaucoup plus long qu'on ne le pensait. L'emplacement original de la plaque de marbre et la restitution de l'inscription sont donc à revoir.
3) Fouille du dromos devant le Dipylon (J. Stroszeck). — La date proposée antérieurement pour les niveaux de la chaussée a pu être vérifiée. Des couches qui vont de la fin de l'époque hellénistique à l'époque tardo-romaine sont visibles dans une tranchée transversale ouverte sur le dromos. Plusieurs réseaux de conduites indépendantes (pour l'adduction d'eau fraîche et l'évacuation des eaux usées) datant de différentes périodes ont été étudiés dans tout le secteur. Lors du dégagement du bord de la fondation d'une grande tombe romaine construite en opus caementicium le long du côté gauche de la route, une tombe (D 8) est apparue, où l'on a retrouvé un balsamaire en verre. D'après une analyse préliminaire d'Inge Schroder, anthropologue, le squelette qui y était déposé serait celui d'un homme de 40 ans. On a également retrouvé les restes de deux nouveau-nés, placés dans une position surprenante à gauche de la jambe repliée du cadavre.
À la suite de la tempête du 8 juillet, une stèle funéraire peinte du IIIe s. av. J.-C. est apparue dans le comblement d'une canalisation de la fin de l'époque hellénistique (fig. 1). Cette stèle était celle de l'acteur comique Aristion, dont on sait qu'il fut deux fois vainqueur au théâtre de Dionysos et qu'il participa comme acteur aux Jeux amphictyoniques de Delphes en 265 av. J.-C. La stèle est inscrite et porte, en haut, le nom ΑΡΙΣΤΙΩΝΟΣ (« d' Aristion ») écrit en grandes lettres, et en bas, en caractères plus petits, une épigramme de six lignes qui se réfère à la vie et à la famille de l'acteur. L'espace qui sépare les deux inscriptions est occupé par un masque de comédie peint ; pour le texte et le commentaire de l'épigramme, v. K. HALLOF, J. STROSZEK, « Eine neue Schauspielerstele vom Kerameikos », MDAI(A) 117 (2002) [2003], p. 115-131, pl. 18-21, pl. couleurs IV.
4) Secteur de la Porte Sacrée. — Trois fouilles ont été réalisées dans le secteur de la Porte Sacrée : une en novembre dans le proteichisma, une autre dans la rue immédiatement au Sud de la Porte, et la troisième sous la Voie Sacrée, à l'extrémité Nord-Ouest de la Porte Sacrée. Un monument tardo-romain en marbre qui se dressait sur le proteichisma, devant la Porte Sacrée, menaçait depuis longtemps de s'effondrer. Après les pluies torrentielles de juillet, on en fit des relevés (Nils Hellner, université technique de Munich) et il fut retiré avec une grue. En fouillant le remplissage central du proteichisma en vue des travaux de reconstruction, on a dégagé une base en calcaire finement travaillée sous le remplissage de la première phase, datant de ca 300 av. J.-C. Cette base avait été détruite jusqu'aux deux assises inférieures dans l'Antiquité. L'assise supérieure conservée (2,10 x 2,20 m) est constituée de six blocs reliés entre eux par des mortaises en fer en double Τ scellées dans une coulée de plomb. La date et la fonction du monument seront précisées au printemps prochain : on ignore pour l'instant s'il appartenait à une tombe de la fin de l'époque archaïque, ou à un monument honorifique construit après le Mur de Thémistocle de 479/8 av. J.-C.
— Au printemps 2002, un certain nombre de sondages ont été ouverts par B. von Freytag (université de Tubingen) dans la zone de la Porte Sacrée, en vue de la publication du monument par G. Kuhn (Marbourg). En dégageant le côté Sud de la Tour Sud, à la hauteur des derniers mètres côté polis, on a découvert une fondation intéressante, sans doute archaïque ; elle mesure 15 m de l'angle Nord-Ouest à l'angle Sud-Est. Ses dimensions complètes, sa hauteur et sa fonction (enclos funéraire ?) seront étudiées en 2003.
Des trouvailles spectaculaires ont été faites lors de la fouille réalisée à l'extrémité occidentale de la Porte Sacrée pour préciser la datation de deux canalisations situées entre la Tour C et le mur qui longe l'Éridanos et étudier leur rapport avec les phases de construction de la Porte Sacrée. Peu avant la fin de la campagne, le corps d'un kouros gisant sur le ventre est apparu sous la canalisation inférieure de l'Ouest (canalisation φ). Les boucles et la stylisation de l'oreille indiquèrent tout de suite qu'il faisait partie du groupe le plus ancien des kouroi attiques (ca 600 av. J.-C.). Il n'était pas isolé : un fragment de sphinx gisait à ses côtés.
Des subventions extraordinaires ont permis de prolonger la fouille. Après avoir retiré soigneusement les blocs de la canalisation, les archéologues se trouvèrent en présence d'une série de sculptures archaïques, qui avaient été réutilisées lors de la consolidation de la première phase de la Porte Sacrée (479/8 av. J.-C.) ; elles présentaient des traces de roues laissées par le passage des chars. Il y avait, d'Est en Ouest, l'arrière-train d'un lion accroupi, un chapiteau ionique en marbre avec un fragment de la colonne correspondante, l'avant-train du lion accroupi, un sphinx, le kouros, un chapiteau dorique et un lion couché. À l'exception du chapiteau dorique, qui était en poros, toutes les sculptures étaient en marbre. Elles sont datables entre 600 (kouros) et ca 560 av. J.-C. (chapiteau ionique et sphinx) et s'élevaient sans doute sur un ou plusieurs des tombeaux des grandes familles athéniennes qui furent détruits par les Perses. Le problème de la provenance de ces sculptures, qui enrichissent notre connaissance de la sculpture archaïque d'Athènes, sera approfondi lors des prochaines campagnes de fouilles (v. W.-D. NlEMEIER, Der Kuros vom Heiligen Tor : überraschende Neufunde archaischer Skulptur im Kerameikos in Athen, AW, Sdb. 72 [2002]).
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran