ATHÈNES. – Agora - 2002
Informations Générales
Numéro de la notice
9018
Année de l'opération
2002
Chronologie
Âge du Fer - Protogéométrique - Géométrique
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Mots-clés
Espace commercial - Espace public - Voierie - Édifice Public - Fortification - Maison - Sépulture - Édifice religieux - Autel - Installation hydraulique - Canalisation - Citerne - Puits - Monument honorifique - Figurine - Lampe - Revêtements (mur et sol) - Sculpture - Os
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Agora antique, Athenian Agora
Agora antique, Athenian Agora
Notices et opérations liées
Description
Fouilles de l'École américaine (en collaboration avec le Packard Humanities Institute). — En 2001, J. McK. Camp II et ses collaborateurs ont poursuivi leurs travaux au Nord-Ouest de l'Agora (sections BE et BZ) et aux abords de l'Éleusinion, sur le versant Nord de l'Acropole (section ΕΛ).
1) Angle Nord-Ouest. — Section BZ (fig. 3). Les fouilleurs ont continué à dégager l'établissement mésobyzantin du XIe s. apr. J.-C. : ils ont mis au jour les niveaux inférieurs du sol byzantin, puis traversé les couches correspondant à la période d'abandon des VIIe-IXe s. et dégagé la partie supérieure des murs tardo-romains. Les murs des maisons byzantines, construits en pierres irrégulières et en matériaux de remploi liés par du mortier de terre, ont été entièrement dégagés (fig. 1-2). Parmi les découvertes de cette campagne, les fouilleurs signalent :
- un puits (J 2:18) tapissé d'une chemise de brique et de pierre qui contenait des fragments de céramique glaçurée et du type sgraffito. Comme la chemise n'était pas conservée dans les niveaux des Âges obscurs, les fouilles 2001 n'ont pas permis de savoir si le puits était d'époque byzantine ou s'il avait été construit à l'époque tardo-romaine et restauré à l'époque byzantine ;
- une fosse-dépotoir aux parois en pierre, située dans la rue à l'extérieur de la maison byzantine. Elle était recouverte d'une dalle encore en place et conservait une canalisation provenant d'une maison voisine, qui servait à l'évacuation des déchets. C'est la première installation de ce genre découverte ou identifiée dans ce quartier ;
- dans le secteur Sud, une grande citerne (J 2:20), qui contenait de la poterie des XIIe-XIIIe s. et de gros fragments de tuiles. La fouille est restée inachevée.
À l'extrémité Nord de la section BZ, les fouilleurs ont procédé au nettoyage d'une surface occupée par des fondations modernes. La couche de remplissage, totalement bouleversée, contenait des fragments de tours de potiers et des figurines en terre cuite semblables à celles qui avaient été découvertes dans une fosse peu profonde quelques mètres plus à l'Est (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 716). Elles indiquent que des coroplathes travaillaient peut-être dans ce secteur à l'époque romaine (J 1:1 - v. Hesperia 65 [1996], p. 239-241 et pl. 69).
La section BZ a continué à produire beaucoup de fragments de piliers hermaïques (fig. 4), qui s'ajoutent aux nombreux exemplaires recueillis dans l'angle Nord-Ouest de l'Agora, connu dans l'Antiquité comme « Les Hermès ». Les hermès, qui marquaient l'entrée des maisons et des sanctuaires dans toute la cité, sont particulièrement nombreux dans ce secteur parce qu'il est proche de l'accès principal à l'Agora par la voie des Panathénées. En 2001, le nombre des fragments recueillis au Nord de la rue Hadrianou s'élevait à dix-sept. On sait que la Stoa des Hermès, attestée dans les sources écrites du Ve au IIe s. av. J.-C., n'était pas loin, mais ce bâtiment n'a toujours pas été identifié, ou fouillé.
— Section BE. Les travaux se sont poursuivis dans le secteur du bâtiment commercial classique. Dans la pièce située à l'extrémité Sud, on a dégagé au-dessous du sol un nouveau dépôt de « bûcher » hellénistique contenant une vingtaine de vases et une lampe datant de 350-275 av. J.-C. environ (fig. 5). Ces fosses peu profondes, qui contenaient des vases de petites dimensions, des restes d'incendie et quelques os, se rattachent à un rituel dont les sources littéraires ne nous disent rien (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 715). On les trouve surtout dans des maisons et des boutiques, ce qui semble indiquer qu'il s'agit des vestiges d'un culte privé, peut-être nocturne (lampes), au cours duquel on buvait et mangeait. Le bâtiment commercial BE compte sept dépôts de ce type, ce qui représente une concentration particulièrement élevée.
On a poursuivi les travaux dans les deux tombes mycéniennes à chambre du XIVe s. Dans la première (Sud), les travaux de pompage réalisés par la Compagnie du Métro ont permis de recueillir les derniers ossements dispersés sur le sol. Il sera sans doute nécessaire de revoir le calcul du nombre d'individus enterrés, que l'on estimait jusqu'à présent à deux hommes adultes, une femme adulte et un enfant. Dans la seconde (Nord), on a démonté le mur romain C et dégagé le dromos qui conduisait à la tombe. L'accès à la tombe, qui avait été interrompu par le puits du Ve s. fouillé lors des deux campagnes précédentes, était bloqué par des pierres. Le dromos, situé à l'Ouest de la tombe, aboutissait à l'extrémité Nord du mur Ouest de la chambre. On a retrouvé près du centre du dromos, à 2,50 m de la porte, la partie inférieure d'une grande amphore de Lesbos (grey ware) datant de la première moitié du Ve s. av. J.-C. La partie supérieure avait été brisée intentionnellement dans l'Antiquité au niveau du sol du dromos. À l'intérieur de l'amphore se trouvaient des charbons et de la cendre, ainsi qu'une grande aiguille en fer.
On a découvert l'angle Nord-Est d'une troisième tombe mycénienne à chambre, juste au Sud du dromos mentionné précédemment. Il semble, d'après son alignement, qu elle soit légèrement antérieure aux deux autres, peut-être du XVe s. av. J.-C. La tranchée contenait de grosses pierres, plusieurs vases et des os. La fouille n'a pas été achevée.
2) Abords de l'Éleusinion. — Les travaux se sont poursuivis dans la section EA, au Sud et en amont de l'Éleusinion, le long du parement Est du mur de fortification tardo-romain. Un petit nombre de tessons recueillis dans la tranchée de fondation indiquent que la construction de ce mur date des années 280 apr. J.-C. environ. On a principalement dégagé une épaisse couche de remblais contenant des tessons de céramique datant pour la plupart de la fin du IIIe et du début du IIe s. av. J.-C. (canthares à vernis noir, bols moulés, ruches d'abeilles et West-Slope ware). On a aussi retrouvé de nombreux fragments d'os travaillés, plusieurs douzaines de poids de tisserands, beaucoup d'anses d'amphores (surtout de Rhodes et de Cnide), les restes incomplets de deux ou trois chevaux (crânes, vertèbres, pattes), et des fragments de figurines et moule en terre cuite (fig. 6). Il n'y a pas d'événement historique ou archéologique susceptible d'expliquer ce dépôt, qui n'est d'ailleurs pas forcément in situ. Il est étonnant que ce matériel repose directement sur le rocher et n'ait laissé aucune trace d'occupation antérieure.
À la fin de la campagne, les fouilleurs ont découvert la cavité d'un puits sans revêtement taillé dans le rocher ; le matériel recueilli dans la couche supérieure du comblement était hellénistique. Ils ont dégagé un certain nombre de trous de poteaux taillés de façon irrégulière dans le rocher. Ceux qui avaient été retrouvés plus en aval avaient été généralement interprétés comme des aménagements destinés à fixer des gradins en bois (ikria) pour le public lors des parades ou des courses de chars qui avaient lieu sur la Voie des Panathénées (v. Athénée, Deipnosophistes IV 167 sq.).
— En 2002, J. McK. Camp II et ses collaborateurs ont poursuivi leurs fouilles dans les mêmes secteurs (sections BE et BZ au Nord-Ouest de l'Agora ; section EA immédiatement au Sud de l'Éleusinion sur le versant Nord de l'Acropole) et ont implanté un nouveau sondage le long de la Voie des Panathénées (section Σ).
1) Angle Nord-Ouest. — Section BZ. Les fouilleurs ont continué à descendre dans les couches inférieures de la section BZ, en étudiant la transition entre l'établissement mésobyzantin du XIe s. apr. J.-C. et les vestiges tardo-romains sous-jacents. La plupart des éléments de l'établissement médiéval étaient connus, mais les nouvelles fouilles ont permis d'améliorer la compréhension de plusieurs d'entre eux.
Le démontage de la grande citerne J 2:20 trouvée en 2001 a permis de constater qu'elle était tapissée d'un revêtement de briques crues. On a par ailleurs découvert une plateforme pavée autour de l'ouverture du puits J 2:18 dans la pièce B. Une grande cruche d'argile grossière enterrée sous le sol, dans l'angle de la pièce D, renfermait les restes d'un squelette d'enfant (J 1:4). Les murs byzantins contenaient une quantité considérable de matériaux de remploi, parfois de très grandes dimensions. Quelques fragments de marbre provenant de monuments funéraires (colonnes, couvercles de sarcophages, reliefs) avaient été récupérés à l'extérieur du mur d'enceinte, à une distance de 500 m environ en direction du Nord-Ouest.
Les murs tardo-romains, reconnaissables au fait qu'ils sont plus bas et qu'ils contiennent du mortier de chaux, semblent se rattacher à d'autres murs identiques trouvés au Sud-Est. Pour l'instant, on n'a pas identifié clairement le plan et la fonction de ces vestiges.
Une conduite d'eau en terre cuite et un grand bassin collecteur rectangulaire situés dans ce qui correspond sans doute à une cour autour du puits J 2:18 indiquent que ce dernier fut sans doute en usage pendant les deux phases tardo-romaine et byzantine.
Les sols, les seuils et le puits semblent fournir une donnée relativement sûre de 53,25 et 53,75 m au-dessus du niveau de la mer pour la hauteur des derniers sols romains. Cette zone a livré des petites terres cuites — figurines et reliefs — et un moule de lampe globulaire (alpha-globule lamp, ca 100 apr. J.-C.). La zone voisine avait livré un matériel identique, allant de l'époque hellénistique à l'époque tardo-romaine, mais il n'y a pas de traces de fours ou d'autres activités industrielles qui confirment que ces objets aient été réellement fabriqués sur place.
Une fosse tardo-romaine a produit une des trouvailles les plus intéressantes de la saison (fig. 7) : la tête en marbre d'un individu aux cheveux longs et à la barbe fournie, portant un bandeau enroulé et torsadé orné d'un médaillon ou bijou central. On considère souvent que ce type de bandeau indiquait que l'individu représenté était un prêtre, mais les boucles inhabituellement longues et les traits relativement idéalisés suggèrent peut-être plutôt une divinité ou un barbare. Les pupilles incisées et les sillons profonds des cheveux indiquent une datation relativement avancée dans l'époque romaine.
— Section BE. Divers niveaux ont été explorés à l'intérieur, autour et au-dessous du Bâtiment commercial classique. Cette section a été particulièrement affectée par les pluies torrentielles du 8 juillet qui ont obligé les fouilleurs à modifier légèrement le programme de la campagne, et qui ont même causé l'effondrement d'un mur. Malgré ces difficultés, une cavité arrondie située au-dessous du mur Sud du Bâtiment commercial classique a été partiellement fouillée. Il s'agissait vraisemblablement d'un puits (J 3:8) datant de l'époque protogéométrique ou du début de l'époque géométrique (ca 1000-900 av. J.-C.), qui constitue la première trace d'occupation de cette zone au Nord de l'Éridanos. Dans la partie supérieure du puits, on a retrouvé le squelette bien préservé d'un homme jeune (35 ans) de constitution robuste, dont les os ont fait l'objet d'une première analyse par Maria Liston. L'enterrement semble intentionnel et la partie supérieure du puits fut sans doute réutilisée comme tombe (J 3:9) après l'effondrement ou l'abandon de ce dernier. La fouille a été interrompue à une profondeur de 2 m environ pour des raisons techniques.
2) Voie des Panathénées. — Un petit sondage a été ouvert le long du bord Est de la Voie des Panathénées, à l'Ouest du Béma situé devant la Stoa d'Attale. Des fouilles antérieures dans cette zone s'étaient arrêtées aux niveaux tardo-romains. La largeur et le tracé de la Voie ont certainement varié au cours des siècles. Le bord Sud-Ouest de la Voie est marqué, aux époques hellénistique et romaine, par un caniveau régulier en pierre, mais le bord Nord-Est est généralement beaucoup moins bien défini. Il est parfois possible de mesurer la largeur maximale de la rue grâce aux bâtiments qui la bordent, mais ce n'est pas le cas quand elle traverse les espaces vides de la place. Les fouilleurs espéraient trouver les bas-côtés de la chaussée pour préciser la limite de la rue et ont effectivement rencontré plusieurs surfaces fortement tassées, mais d'autres fouilles seront nécessaires pour préciser la largeur et l'évolution de la Voie des Panathénées.
3) Versant Nord de l'Acropole, abords de l'Éleusinion (Section ΕΛ). — Les travaux se sont poursuivis dans cette zone, où il n'y a pratiquement aucun vestige architectural et où l'on devra probablement recourir aux puits, aux citernes et à d'autres dépôts dans des fosses taillées dans le rocher pour comprendre l'usage (résidentiel, sacré, industriel ?) du secteur dans l'Antiquité. Les archéologues ont poursuivi la fouille du puits trouvé à la fin de la campagne précédente, même s'ils n'en ont pas encore atteint le fond (diam. 1,15 m ; prof, plus de 12 m). Ils ont recueilli une mesure en bronze pour denrées sèches, plusieurs squelettes de chiens, un nombre considérable de poids de tisserands, une série de fragments de poterie peinte et une palmette appartenant à un autel en pierre. Le comblement semble dater de la fin du VIe - début du Ve s. av. J.-C.
L'exploration du rocher a livré la surprise de la saison : une belle tête en marbre, bien conservée, apparemment d'un prêtre (fig. 8). Ce portrait grandeur nature représente un homme aux cheveux abondants et bouclés et à la barbe peu fournie. Il est coiffé d'un diadème ou d'une couronne décorée de huit petits bustes portant une cuirasse ou une toge. On considère en général que ce type de couronnes signifie que l'individu représenté était un prêtre, le plus souvent du culte impérial. Parmi les exemplaires connus — 21 en tout — un nombre important provient d'Asie Mineure, mais peu ou point de Grèce. Ils s'échelonnent entre le Ier et le IVe s. apr. J.-C., et proviennent d'Éphèse, d'Aphrodisias et de Pergè. Les couronnes sont portées aussi bien par des prêtres que par des prêtresses (bustes et statues). Certaines d'entre elles sont décorées de divinités et n'ont pas forcément de relation avec le culte impérial. Le nombre de petits bustes varie considérablement (de 1 à 15). À part les 21 exemplaires cités plus haut, on en connaît 55 représentations sur des monnaies, des bas-reliefs, etc. pratiquement toujours d'Asie Mineure. La découverte d'un exemplaire aussi rare et aussi bien préservé à Athènes est donc importante. Alors que bien des exemplaires connus combinent à la fois des membres de la famille impériale et des divinités, cette nouvelle trouvaille semble représenter uniquement des hommes, ce qui indique qu'il s'agit probablement d'un prêtre du culte impérial. On peut se demander si les bustes représentent une seule génération de la famille impériale ou les descendants successifs de huit générations, ou une combinaison des deux. L'absence de portrait féminin suggère peut-être que les bustes sont rangés par ordre dynastique plutôt que par famille. Les personnages sont petits, mais bien sculptés. Les visages sont apparemment tous barbus ; le quatrième individu depuis la gauche semble porter un gorgoneion sur sa cuirasse, ce qui pourrait fournir un indice de datation. Le gorgoneion apparaît sur la cuirasse d'une grande imago clipeata sur le fronton des Grands Propylées d'Eleusis (souvent interprétée comme Marc Aurèle) et sur un buste en or de Septime Sévère trouvé à Plotinoupolis en 1965 (conservé actuellement au musée de Komotini). Comme Marc Aurèle, Lucius Verus et Commode ont tous eu des rapports particulièrement étroits avec Athènes, ce portrait d'un prêtre du culte impérial pourrait dater de leurs années de règne (fin du IIe s. apr. J.-C.). L'ouvrage présente des signes évidents de retouches au niveau de la barbe, ce qui suggère que le visage fut retaillé à l'image d'un deuxième individu, probablement au IIIe s. apr. J.-C.
1) Angle Nord-Ouest. — Section BZ (fig. 3). Les fouilleurs ont continué à dégager l'établissement mésobyzantin du XIe s. apr. J.-C. : ils ont mis au jour les niveaux inférieurs du sol byzantin, puis traversé les couches correspondant à la période d'abandon des VIIe-IXe s. et dégagé la partie supérieure des murs tardo-romains. Les murs des maisons byzantines, construits en pierres irrégulières et en matériaux de remploi liés par du mortier de terre, ont été entièrement dégagés (fig. 1-2). Parmi les découvertes de cette campagne, les fouilleurs signalent :
- un puits (J 2:18) tapissé d'une chemise de brique et de pierre qui contenait des fragments de céramique glaçurée et du type sgraffito. Comme la chemise n'était pas conservée dans les niveaux des Âges obscurs, les fouilles 2001 n'ont pas permis de savoir si le puits était d'époque byzantine ou s'il avait été construit à l'époque tardo-romaine et restauré à l'époque byzantine ;
- une fosse-dépotoir aux parois en pierre, située dans la rue à l'extérieur de la maison byzantine. Elle était recouverte d'une dalle encore en place et conservait une canalisation provenant d'une maison voisine, qui servait à l'évacuation des déchets. C'est la première installation de ce genre découverte ou identifiée dans ce quartier ;
- dans le secteur Sud, une grande citerne (J 2:20), qui contenait de la poterie des XIIe-XIIIe s. et de gros fragments de tuiles. La fouille est restée inachevée.
À l'extrémité Nord de la section BZ, les fouilleurs ont procédé au nettoyage d'une surface occupée par des fondations modernes. La couche de remplissage, totalement bouleversée, contenait des fragments de tours de potiers et des figurines en terre cuite semblables à celles qui avaient été découvertes dans une fosse peu profonde quelques mètres plus à l'Est (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 716). Elles indiquent que des coroplathes travaillaient peut-être dans ce secteur à l'époque romaine (J 1:1 - v. Hesperia 65 [1996], p. 239-241 et pl. 69).
La section BZ a continué à produire beaucoup de fragments de piliers hermaïques (fig. 4), qui s'ajoutent aux nombreux exemplaires recueillis dans l'angle Nord-Ouest de l'Agora, connu dans l'Antiquité comme « Les Hermès ». Les hermès, qui marquaient l'entrée des maisons et des sanctuaires dans toute la cité, sont particulièrement nombreux dans ce secteur parce qu'il est proche de l'accès principal à l'Agora par la voie des Panathénées. En 2001, le nombre des fragments recueillis au Nord de la rue Hadrianou s'élevait à dix-sept. On sait que la Stoa des Hermès, attestée dans les sources écrites du Ve au IIe s. av. J.-C., n'était pas loin, mais ce bâtiment n'a toujours pas été identifié, ou fouillé.
— Section BE. Les travaux se sont poursuivis dans le secteur du bâtiment commercial classique. Dans la pièce située à l'extrémité Sud, on a dégagé au-dessous du sol un nouveau dépôt de « bûcher » hellénistique contenant une vingtaine de vases et une lampe datant de 350-275 av. J.-C. environ (fig. 5). Ces fosses peu profondes, qui contenaient des vases de petites dimensions, des restes d'incendie et quelques os, se rattachent à un rituel dont les sources littéraires ne nous disent rien (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 715). On les trouve surtout dans des maisons et des boutiques, ce qui semble indiquer qu'il s'agit des vestiges d'un culte privé, peut-être nocturne (lampes), au cours duquel on buvait et mangeait. Le bâtiment commercial BE compte sept dépôts de ce type, ce qui représente une concentration particulièrement élevée.
On a poursuivi les travaux dans les deux tombes mycéniennes à chambre du XIVe s. Dans la première (Sud), les travaux de pompage réalisés par la Compagnie du Métro ont permis de recueillir les derniers ossements dispersés sur le sol. Il sera sans doute nécessaire de revoir le calcul du nombre d'individus enterrés, que l'on estimait jusqu'à présent à deux hommes adultes, une femme adulte et un enfant. Dans la seconde (Nord), on a démonté le mur romain C et dégagé le dromos qui conduisait à la tombe. L'accès à la tombe, qui avait été interrompu par le puits du Ve s. fouillé lors des deux campagnes précédentes, était bloqué par des pierres. Le dromos, situé à l'Ouest de la tombe, aboutissait à l'extrémité Nord du mur Ouest de la chambre. On a retrouvé près du centre du dromos, à 2,50 m de la porte, la partie inférieure d'une grande amphore de Lesbos (grey ware) datant de la première moitié du Ve s. av. J.-C. La partie supérieure avait été brisée intentionnellement dans l'Antiquité au niveau du sol du dromos. À l'intérieur de l'amphore se trouvaient des charbons et de la cendre, ainsi qu'une grande aiguille en fer.
On a découvert l'angle Nord-Est d'une troisième tombe mycénienne à chambre, juste au Sud du dromos mentionné précédemment. Il semble, d'après son alignement, qu elle soit légèrement antérieure aux deux autres, peut-être du XVe s. av. J.-C. La tranchée contenait de grosses pierres, plusieurs vases et des os. La fouille n'a pas été achevée.
2) Abords de l'Éleusinion. — Les travaux se sont poursuivis dans la section EA, au Sud et en amont de l'Éleusinion, le long du parement Est du mur de fortification tardo-romain. Un petit nombre de tessons recueillis dans la tranchée de fondation indiquent que la construction de ce mur date des années 280 apr. J.-C. environ. On a principalement dégagé une épaisse couche de remblais contenant des tessons de céramique datant pour la plupart de la fin du IIIe et du début du IIe s. av. J.-C. (canthares à vernis noir, bols moulés, ruches d'abeilles et West-Slope ware). On a aussi retrouvé de nombreux fragments d'os travaillés, plusieurs douzaines de poids de tisserands, beaucoup d'anses d'amphores (surtout de Rhodes et de Cnide), les restes incomplets de deux ou trois chevaux (crânes, vertèbres, pattes), et des fragments de figurines et moule en terre cuite (fig. 6). Il n'y a pas d'événement historique ou archéologique susceptible d'expliquer ce dépôt, qui n'est d'ailleurs pas forcément in situ. Il est étonnant que ce matériel repose directement sur le rocher et n'ait laissé aucune trace d'occupation antérieure.
À la fin de la campagne, les fouilleurs ont découvert la cavité d'un puits sans revêtement taillé dans le rocher ; le matériel recueilli dans la couche supérieure du comblement était hellénistique. Ils ont dégagé un certain nombre de trous de poteaux taillés de façon irrégulière dans le rocher. Ceux qui avaient été retrouvés plus en aval avaient été généralement interprétés comme des aménagements destinés à fixer des gradins en bois (ikria) pour le public lors des parades ou des courses de chars qui avaient lieu sur la Voie des Panathénées (v. Athénée, Deipnosophistes IV 167 sq.).
— En 2002, J. McK. Camp II et ses collaborateurs ont poursuivi leurs fouilles dans les mêmes secteurs (sections BE et BZ au Nord-Ouest de l'Agora ; section EA immédiatement au Sud de l'Éleusinion sur le versant Nord de l'Acropole) et ont implanté un nouveau sondage le long de la Voie des Panathénées (section Σ).
1) Angle Nord-Ouest. — Section BZ. Les fouilleurs ont continué à descendre dans les couches inférieures de la section BZ, en étudiant la transition entre l'établissement mésobyzantin du XIe s. apr. J.-C. et les vestiges tardo-romains sous-jacents. La plupart des éléments de l'établissement médiéval étaient connus, mais les nouvelles fouilles ont permis d'améliorer la compréhension de plusieurs d'entre eux.
Le démontage de la grande citerne J 2:20 trouvée en 2001 a permis de constater qu'elle était tapissée d'un revêtement de briques crues. On a par ailleurs découvert une plateforme pavée autour de l'ouverture du puits J 2:18 dans la pièce B. Une grande cruche d'argile grossière enterrée sous le sol, dans l'angle de la pièce D, renfermait les restes d'un squelette d'enfant (J 1:4). Les murs byzantins contenaient une quantité considérable de matériaux de remploi, parfois de très grandes dimensions. Quelques fragments de marbre provenant de monuments funéraires (colonnes, couvercles de sarcophages, reliefs) avaient été récupérés à l'extérieur du mur d'enceinte, à une distance de 500 m environ en direction du Nord-Ouest.
Les murs tardo-romains, reconnaissables au fait qu'ils sont plus bas et qu'ils contiennent du mortier de chaux, semblent se rattacher à d'autres murs identiques trouvés au Sud-Est. Pour l'instant, on n'a pas identifié clairement le plan et la fonction de ces vestiges.
Une conduite d'eau en terre cuite et un grand bassin collecteur rectangulaire situés dans ce qui correspond sans doute à une cour autour du puits J 2:18 indiquent que ce dernier fut sans doute en usage pendant les deux phases tardo-romaine et byzantine.
Les sols, les seuils et le puits semblent fournir une donnée relativement sûre de 53,25 et 53,75 m au-dessus du niveau de la mer pour la hauteur des derniers sols romains. Cette zone a livré des petites terres cuites — figurines et reliefs — et un moule de lampe globulaire (alpha-globule lamp, ca 100 apr. J.-C.). La zone voisine avait livré un matériel identique, allant de l'époque hellénistique à l'époque tardo-romaine, mais il n'y a pas de traces de fours ou d'autres activités industrielles qui confirment que ces objets aient été réellement fabriqués sur place.
Une fosse tardo-romaine a produit une des trouvailles les plus intéressantes de la saison (fig. 7) : la tête en marbre d'un individu aux cheveux longs et à la barbe fournie, portant un bandeau enroulé et torsadé orné d'un médaillon ou bijou central. On considère souvent que ce type de bandeau indiquait que l'individu représenté était un prêtre, mais les boucles inhabituellement longues et les traits relativement idéalisés suggèrent peut-être plutôt une divinité ou un barbare. Les pupilles incisées et les sillons profonds des cheveux indiquent une datation relativement avancée dans l'époque romaine.
— Section BE. Divers niveaux ont été explorés à l'intérieur, autour et au-dessous du Bâtiment commercial classique. Cette section a été particulièrement affectée par les pluies torrentielles du 8 juillet qui ont obligé les fouilleurs à modifier légèrement le programme de la campagne, et qui ont même causé l'effondrement d'un mur. Malgré ces difficultés, une cavité arrondie située au-dessous du mur Sud du Bâtiment commercial classique a été partiellement fouillée. Il s'agissait vraisemblablement d'un puits (J 3:8) datant de l'époque protogéométrique ou du début de l'époque géométrique (ca 1000-900 av. J.-C.), qui constitue la première trace d'occupation de cette zone au Nord de l'Éridanos. Dans la partie supérieure du puits, on a retrouvé le squelette bien préservé d'un homme jeune (35 ans) de constitution robuste, dont les os ont fait l'objet d'une première analyse par Maria Liston. L'enterrement semble intentionnel et la partie supérieure du puits fut sans doute réutilisée comme tombe (J 3:9) après l'effondrement ou l'abandon de ce dernier. La fouille a été interrompue à une profondeur de 2 m environ pour des raisons techniques.
2) Voie des Panathénées. — Un petit sondage a été ouvert le long du bord Est de la Voie des Panathénées, à l'Ouest du Béma situé devant la Stoa d'Attale. Des fouilles antérieures dans cette zone s'étaient arrêtées aux niveaux tardo-romains. La largeur et le tracé de la Voie ont certainement varié au cours des siècles. Le bord Sud-Ouest de la Voie est marqué, aux époques hellénistique et romaine, par un caniveau régulier en pierre, mais le bord Nord-Est est généralement beaucoup moins bien défini. Il est parfois possible de mesurer la largeur maximale de la rue grâce aux bâtiments qui la bordent, mais ce n'est pas le cas quand elle traverse les espaces vides de la place. Les fouilleurs espéraient trouver les bas-côtés de la chaussée pour préciser la limite de la rue et ont effectivement rencontré plusieurs surfaces fortement tassées, mais d'autres fouilles seront nécessaires pour préciser la largeur et l'évolution de la Voie des Panathénées.
3) Versant Nord de l'Acropole, abords de l'Éleusinion (Section ΕΛ). — Les travaux se sont poursuivis dans cette zone, où il n'y a pratiquement aucun vestige architectural et où l'on devra probablement recourir aux puits, aux citernes et à d'autres dépôts dans des fosses taillées dans le rocher pour comprendre l'usage (résidentiel, sacré, industriel ?) du secteur dans l'Antiquité. Les archéologues ont poursuivi la fouille du puits trouvé à la fin de la campagne précédente, même s'ils n'en ont pas encore atteint le fond (diam. 1,15 m ; prof, plus de 12 m). Ils ont recueilli une mesure en bronze pour denrées sèches, plusieurs squelettes de chiens, un nombre considérable de poids de tisserands, une série de fragments de poterie peinte et une palmette appartenant à un autel en pierre. Le comblement semble dater de la fin du VIe - début du Ve s. av. J.-C.
L'exploration du rocher a livré la surprise de la saison : une belle tête en marbre, bien conservée, apparemment d'un prêtre (fig. 8). Ce portrait grandeur nature représente un homme aux cheveux abondants et bouclés et à la barbe peu fournie. Il est coiffé d'un diadème ou d'une couronne décorée de huit petits bustes portant une cuirasse ou une toge. On considère en général que ce type de couronnes signifie que l'individu représenté était un prêtre, le plus souvent du culte impérial. Parmi les exemplaires connus — 21 en tout — un nombre important provient d'Asie Mineure, mais peu ou point de Grèce. Ils s'échelonnent entre le Ier et le IVe s. apr. J.-C., et proviennent d'Éphèse, d'Aphrodisias et de Pergè. Les couronnes sont portées aussi bien par des prêtres que par des prêtresses (bustes et statues). Certaines d'entre elles sont décorées de divinités et n'ont pas forcément de relation avec le culte impérial. Le nombre de petits bustes varie considérablement (de 1 à 15). À part les 21 exemplaires cités plus haut, on en connaît 55 représentations sur des monnaies, des bas-reliefs, etc. pratiquement toujours d'Asie Mineure. La découverte d'un exemplaire aussi rare et aussi bien préservé à Athènes est donc importante. Alors que bien des exemplaires connus combinent à la fois des membres de la famille impériale et des divinités, cette nouvelle trouvaille semble représenter uniquement des hommes, ce qui indique qu'il s'agit probablement d'un prêtre du culte impérial. On peut se demander si les bustes représentent une seule génération de la famille impériale ou les descendants successifs de huit générations, ou une combinaison des deux. L'absence de portrait féminin suggère peut-être que les bustes sont rangés par ordre dynastique plutôt que par famille. Les personnages sont petits, mais bien sculptés. Les visages sont apparemment tous barbus ; le quatrième individu depuis la gauche semble porter un gorgoneion sur sa cuirasse, ce qui pourrait fournir un indice de datation. Le gorgoneion apparaît sur la cuirasse d'une grande imago clipeata sur le fronton des Grands Propylées d'Eleusis (souvent interprétée comme Marc Aurèle) et sur un buste en or de Septime Sévère trouvé à Plotinoupolis en 1965 (conservé actuellement au musée de Komotini). Comme Marc Aurèle, Lucius Verus et Commode ont tous eu des rapports particulièrement étroits avec Athènes, ce portrait d'un prêtre du culte impérial pourrait dater de leurs années de règne (fin du IIe s. apr. J.-C.). L'ouvrage présente des signes évidents de retouches au niveau de la barbe, ce qui suggère que le visage fut retaillé à l'image d'un deuxième individu, probablement au IIIe s. apr. J.-C.
Mise en ligne rétrospective de la Chronique des fouilles du Bulletin de Correspondance Hellénique (1920-2004) en Grèce
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Oreste DECAVALLAS
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2021-01-05 13:28:33
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