AKRAIPHNION. - Akraiphia antique (Autoroute Athènes-Lamia) - 1998
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
En 1998, on a poursuivi et achevé les fouilles liées aux travaux d'élargissement de l'autoroute Athènes-Lamia, à la hauteur du village d'Akraiphnion, mettant au jour de nouveaux vestiges de constructions s'échelonnant de l'époque géométrique à l'époque byzantine mais surtout de la nécropole antique (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 874-876).
Côté Nord de l'autoroute. — Des vestiges de constructions de la fin de l'époque classique ont été mis au jour, mais on ignore leur fonction exacte (maisons ou installations artisanales ?). Dans le niveau inférieur on a exploré, en deux points différents, sept espaces de terre noire avec des restes de feu (bûchers) qui renfermaient un riche matériel : nombreuses figurines en terre cuite (surtout féminines mais aussi masculines et animales), poids discoïdes en plomb, plaquettes en bronze, petits vases, olives carbonisées, restes de faune. Il pourrait s'agir de bûchers cultuels liés au culte d'Athéna ; tous datent de l'époque classique, sauf un – le plus ancien – qui renfermait des figurines de chevaux d'époque archaïque.
Côté Sud de l'autoroute.— 1) Nécropole antique. — Cent cinquante-neuf nouvelles tombes (56 bûchers et 103 inhumations) appartenant à la nécropole déjà connue (v. ibid) et un segment de rue pavée menant d'Akraiphia à Thèbes (v. AD 48 [1993] Chron., p. 177, 179) ont été mis au jour dans une zone de 100 x 30 m. Les tombes, qui s'échelonnent entre le VIe et le IIIe s. av. J.-C., appartiennent aux types déjà connus dans la partie fouillée de la nécropole (parmi les 103 tombes explorées, on en dénombre 49 à fosse, 33 à tuiles, 7 à ciste, 8 sarcophages et 5 sépultures en jarre). Les tombes à fosse, simples ou à degrés, datent pour la plupart du VIe et du Ve s. av. J.-C. ; le mobilier funéraire de certaines d'entre elles était particulièrement riche, notamment celui de la tombe T.450 qui contenait 46 vases et 19 figurines ; dans une autre tombe (contenant 43 vases et 2 figurines) le défunt tenait son épée de la main droite. On note aussi la découverte de trois objets d'un intérêt particulier : 1) un bandeau en bronze (couronne ?) d'époque archaïque décoré d'une scène de lutte entre Thésée et le Minotaure en présence d'Ariane (ν. ΕΥΠΠΟ 3 [ 1999] , p. 106, fig. 2) ; 2) un miroir en bronze dont le manche était une statuette de caryatide de style sévère (fig. 109) , la tête entourée de deux éros ailés, attachés à la partie inférieure du miroir ; sur le pourtour de celui-ci étaient aussi attachés des animaux (renard chassant lièvre) et une sirène ; 3) un lécythe à figures rouges et à décor plastique avec traces de polychromie (bleu, rose, doré) : un éros ailé volant au-dessus de vagues et de dauphins (fig. 110). Ce vase, qui daterait d'une phase avancée du IVe s. av. J.-C., provient de la même tombe que le miroir en bronze ; on suppose donc que la tombe fut rouverte pour être réutilisée un siècle plus tard.
Les tombes à tuiles, moins « luxueuses » que les précédentes, datent surtout du IVe et du IIIe s. av. J.-C. Les cistes en revanche, qui datent aussi de la même période, étaient de construction beaucoup plus coûteuse, ce qui suggère qu'elles appartenaient à des familles plus aisées. D'un intérêt particulier est une tombe collective (9 à 11 défunts) associée à deux petits bûchers destinés sans doute à des purifications et d'une fosse contenant 40 vases et 16 figurines : il s'agit apparemment du mobilier funéraire de la tombe puisqu'il n'y avait aucun objet à l'intérieur de celle-ci. Les sarcophages étaient en terre cuite, de type loutère (aux angles arrondis), et renfermaient tous des enfants accompagnés surtout de figurines animales – mais aussi féminines –, de vases miniatures et de perles en pâte de verre ; ils datent du Ve s. av. J.-C. sauf un d'époque hellénistique. Les sépultures en jarre, appartenant aussi à des enfants et renfermant un riche mobilier (analogue à celui des sarcophages), datent du VIe s. Les bûchers étaient tous de forme rectangulaire allongée aux angles arrondis (1,80 x 0,80 m), leurs longs côtés étant souvent à degrés.
2) Sanctuaire (?) antique. — Aux abords de la sortie du nouveau pont de l'échangeur d'Akraiphnion, avant le croisement avec la route qui mène à Haliartos, on a poursuivi les travaux, mettant au jour de nouveaux segments de murs géométriques (v. BCH 125 [2001] Chron., p. 898), dont certains de tracé curviligne pourraient appartenir à un sanctuaire. La découverte de bûchers cultuels, datant de l'époque archaïque à l'époque classique avancée et renfermant du matériel analogue à celui qui avait été trouvé l'année précédente (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 875-876), suggère que le culte se poursuivit à cette époque. Les vestiges de constructions éparses datant de la fin de l'époque classique et du début de l'époque hellénistique pourraient appartenir aussi à des lieux de culte ou à des installations artisanales liées à la présence d'un sanctuaire. Après son abandon (au début de l'époque hellénistique), le site fut utilisé de nouveau comme nécropole à l'époque romaine ; de nouvelles tombes de cette période ont été mises au jour cette année. AD 53 (1998) [2004] Β'1, p. 339-349 [Ε. Vlachoyanni].
3) Vestiges tardo-romains. — Du côté Sud de l'autoroute, on a partiellement exploré une villa tardo-romaine (atrium, entrées monumentales) et à proximité un nouveau four céramique. Aux 26 tombes paléochrétiennes explorées en 19978 est venu s'ajouter un groupe de 7 nouvelles tombes du même type (à fosse avec parois construites) qui n'ont livré que quelques vases et une paire de boucles d'oreille en argent. La nécropole fut utilisée jusqu'au VIIe s. apr. J.-C. Au Xe-XIe s. l'espace fut réoccupé par un habitat auquel appartient sans doute la chapelle Saint-Basile fouillée en 19979 ; de type triconque, elle est munie d'un narthex qui fut rajouté ultérieurement ; plusieurs blocs du templum en marbre, portant un décor en relief, ont été recueillis à l'intérieur et à l'extérieur du monument. De nombreuses fosses-dépotoirs (40 en tout) creusées dans le rocher renfermaient un riche mobilier qui apporte des informations sur la vie quotidienne des habitants : vases domestiques ou vaisselle de table de belle qualité (fig. 111), ustensiles agricoles, fusaïoles, etc. AD 53 (1998) [2004] ΒΊ, p. 106-108 [Ch. Koilakou].
(8) V. n. 5. Les fouilles de la lre Éphorie des antiquités byzantines à Akraiphnion (ibid.., p. 123-128) avaient mis au jour la suite d'un établissement tardo-romain, un four céramique à étage, de plan rectangulaire, et la chapelle Saint-Basile.
(9) V. n. 5.
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