TANAGRA ANTIQUE - 2003
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Tanagra
En 2003, le programme « Leiden-Ljubljana Tanagra Project » co-dirigé par J. L. Bintliff (université de Leiden) et B. Slapsack (université de Ljubljana) a été poursuivi dans la ville antique et sur son territoire (chora).
Dans la ville antique même, la prospection géophysique a été pratiquement terminée donnant des résultats spectaculaires : le plan de la ville tardo-classique et hellénistique, organisé en îlots, est maintenant clair, plusieurs monuments grecs et romains ont été identifiés et les modifications apportées au plan urbain entre l'époque romaine et l'Antiquité tardive ont été en grande partie démêlées (v. aussi BCH 127 [2003] Chron., p. 872-873 et supra, p. 541-606) ; on a pu constater par exemple que le plan de l'agora antique fut sérieusement altéré par la construction d'une basilique paléochrétienne dans une partie de son espace non couvert. La suite de l'analyse architecturale apportera sans doute des réponses à diverses questions concernant notamment la rétraction éventuelle de la ville à l'époque romaine et les changements de fonction de certaines zones ou constructions à travers le temps.
Dans la chora de l'antique Tanagra, les recherches ont été centrées sur des objectifs divers en fonction des périodes. En ce qui concerne l'époque préhistorique, la prospection le long du lit de l'Asopos et de ses affluents a confirmé des hypothèses déjà émises lors de la prospection de Thespies7 ; on a ainsi pu constater qu'il existait bien deux sortes de petits établissements ruraux : les uns – datant pour la plupart du Néolithique – le long des rivières, les autres – datant surtout de l'Âge du Bronze – à l'intérieur des terres, entre les rivières. L'évolution des techniques agricoles à la fin du Néolithique, avec l'introduction de la charrue, pourrait expliquer ces changements dans le mode d'occupation des sols. On avait d'autre part constaté, au cours des précédentes campagnes, que les sites préhistoriques étaient des habitats nucléés régulièrement espacés. En 2003, on a eu l'occasion de mieux connaître le centre le plus proche du site préhistorique de l'antique Tanagra. Il s'agit du site d'Haghios Konstantinos, au Sud-Est de l'antique Tanagra, près du village de Kleidi, sur la rive droite de l'Asopos. Les travaux de construction d'un monastère et d'une nouvelle chapelle au sommet de la colline ont permis de recueillir un abondant mobilier préhistorique, en très bon état.
De l'époque archaïque à l'époque hellénistique rien ne laisse supposer qu'il existait sur la colline d'Haghios Konstantinos un habitat important : la rareté de la céramique suggère tout au plus la présence d'un sanctuaire ou d'une petite nécropole. Pour l'époque romaine en revanche, la présence d'un péribole et d'une abondante céramique au sommet de la colline, comme celle d'un abondant matériel de la même époque au pied du flanc Nord-Ouest de celle-ci, laissent supposer l'existence d'une ville florissante. Il semble que le rempart d'Haghios Konstantinos, qui ceint un espace de 30 ha environ, fut érigé vers la fin de l'époque romaine (IVe s. apr. J.-C.), à une époque où les attaques barbares redoublaient. Il est même probable que cette ville fut fortifiée au moment où Tanagra ne pouvait plus être défendue.
Entre la période prospère d'avant 600 apr. J.-C. (riches villas, églises) et la période d'explosion démographique du Xe-XIe s., on constate un vide dans l'occupation de la région : la rareté du matériel assignable aux VIIe-IXe s. confirme bien que, pendant ces années de crise, la campagne béotienne était peu peuplée. Quelques indices suggèrent même qu'Haghios Konstantinos fonctionna comme un des rares sites-refuges avant d'être conquis par les Slaves. La campagne de 2003 a montré que, depuis la période mésobyzantine, la campagne autour de Tanagra était cultivée à partir d'un village implanté autour de l'église Saint-Thomas (1 km à l'Est de Tanagra). Au cours de cette même campagne on a aussi repéré au moins quatre autres villages mésobyzantins, dont un situé aux abords de l'église Saint-Polycarpe, à l'Ouest de Tanagra (v. BCH 123 [1999] Chron., p. 738). Enfin, on a pu localiser, à l'aide de vieilles cartes et d'archives de taxes ottomanes, des villages des périodes médiévale et ottomane. Pharos 11 (2003), p. 35-43 [J. Bintliff, E. Farinetti, J. Poblome, K. Sarri, K. Sbonias, B. Slapsak, V. Stissi, A. Vionis].
7. J. Bintliff, P. Howard, A. Snodgrass, «The Hidden Landscape of Prehistoric Greece », JMA 12/2 (1999), p. 139-168.
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