PENINSULE DE PLAGHIA - 2004

En 2003 et 2004, la prospection de surface a été poursuivie sous la direction de L. Kolonas (Éphore émérite) en collaboration avec E.-L. Schwandner (institut archéologique de Berlin), P. Funke (université de Münster) et F. Lang (université de Berlin-Humboldt), l'objectif étant d'explorer le littoral de la baie de Palairos et la péninsule de Plaghia.

Dans la région de l'antique Palairos, on a repéré la nécropole Sud où les trouvailles (dalles de tombes à ciste, stèles, fragments de céramique et de tuiles), s'échelonnant entre l'époque archaïque et l'époque romaine, étaient très nombreuses. Au Sud de la nécropole, un abondant mobilier antique et médiéval indique l'existence d'un nouveau site. Au Nord-Ouest de la ville antique on a reconnu l'emplacement du sanctuaire d'Artémis ; l'abondant mobilier date de l'époque classique et hellénistique.

Sur la colline du Prophète-Elie à l'Ouest de Palairos, où l'on connaissait déjà l'existence d'un temple dorique, d'un autel monumental et d'une église byzantine faite de remplois, de nouveaux vestiges de bâtiments antiques et byzantins ont été repérés, ainsi qu'un grand nombre de blocs architecturaux (colonnes, chapiteaux) et de terres cuites architecturales provenant du temple ; parmi celles-ci on a reconnu des fragments peints d'époque archaïque, ce qui fait remonter la fondation du temple à cette époque (fig. 94).

Au centre de la péninsule, le sommet de Sterna (haut. 503 m) est couronné par un site fortifié : un péribole à peu près circulaire, muni de portes et de tours, présentant plusieurs phases de construction ; à l'intérieur, on a repéré deux citernes et des fondations de grands bâtiments. Cependant, plusieurs éléments (exèdres, bases de stèles, fragments de sculptures d'époque classique, abondante céramique fine de belle qualité d'époque classique et hellénistique, plusieurs tuiles estampillées ΑΔ [Damos]) permettent de supposer que ce site n'était pas un habitat. Particulièrement intéressante est la découverte d'un tumulus entouré d'une rangée de pierres et contenant cinq tombes ; la présence de céramique du BA dans la zone suggère la même datation pour le tumulus. Sur la colline de Kastri, l'activité anthropique moderne a fait disparaître les vestiges reportés par Dörpfeld ; seuls quelques restes de tombes (classiques, hellénistiques et romaines) suggèrent la présence de nécropoles dans la région.

Sur le plateau d'Ixus, on a repéré une structure évoquant une tour et de puissants murs (ép. 2-3 m) formant un péribole muni d'une porte au Nord ; de cette porte partait une voie de construction soignée menant au village d'Archaia Plaghia. Cette fortification inconnue jusqu'à présent remonte sans doute à l'Antiquité. À l'intérieur du plateau fortifié, on a repéré des fondations de maisons d'époques diverses et collecté du mobilier qui s'échelonne entre l'Antiquité et l'époque moderne ; sur le versant Nord du plateau, de la céramique à vernis noir et des terres cuites d'époque classique, matériel qui provient sans doute du sommet.

Dans la vallée d'Archaia Plaghia, ouverte à l'Ouest vers Leucade, on a repéré un grand nombre de sites antiques (concentrations de céramique et de tuiles), ce qui suggère que c'était là le centre antique de la péninsule de Plaghia ; le caractère de ce matériel (céramique commune, meules, pressoirs à vin ou à huile) suggère que ces sites étaient surtout des fermes. Au milieu de la vallée, plusieurs éléments suggèrent la présence d'une nécropole antique.

Sur le promontoire de Chironissi, à l'Ouest de Plaghia, on a repéré des fondations de maisons associées à de grandes quantités de céramique laconienne, corinthienne et de tuiles. Sur le sommet du promontoire se trouvait une construction (tour ?) et un tronçon de mur polygonal, tandis que sur son flanc Nord de grandes quantités de céramique classique appartenaient sans doute à une fosse-dépotoir. Dans la baie de Makélari, au Sud de Chironissi, on a repéré au sommet d'une butte les fondations d'une tour classico-hellénistique (diam. ca 5 m) en appareil polygonal ; non loin de là, des restes de structures probablement antiques et de la céramique de surface qui s'échelonne entre l'Antiquité et l'époque byzantine.

Dans la partie Ouest et Nord-Ouest de la péninsule, le long du canal de Leucade, on a repéré des restes de fortifications médiévales sur la colline de Paliochalia et près de l'église Saint-Athanase. Des fortifications du même type, connues aussi à Haghios Géorghios et à Haghia Mavra, assuraient la sécurité du détroit de Leucade. À Rouga, des dalles visibles dans la mer indiquent la présence d'une rue antique menant vers le pont qui, dans l'Antiquité, franchissait le canal de Leucade.

Au Nord de la péninsule, sur une colline qui s'élève au Sud-Ouest du village d'Haghios Nikolaos, on connaissait déjà l'existence d'une tour antique ; les restes d'une enceinte médiévale ont été repérés sur son pourtour, tandis que sur son côté Ouest de nombreux vestiges de murs antiques et médiévaux indiquent la présence d'un petit établissement. Une route qui longe la crête de la colline relie ce site à la vallée d'Archaia Plaghia. Au Sud-Est d'Haghios Nikolaos, où les vestiges d'un bain romain avaient été précédemment découverts, on a recueilli de la céramique et repéré des restes de constructions de la même époque ; on note aussi la présence de stèles, dont une inscrite d'époque hellénistique (ΤΙΜΟΓΕΝΕΟΣ ?), suggérant la présence d'une nécropole.

Selon les premières estimations, les sites d'époque romaine se trouvent en général dans la partie Ouest de la péninsule alors que les sites pré-romains sont concentrés autour et au Sud de l'antique Palairos. AR 50 (2004), p. 37-38 ; 51 (2005), p. 40-41.