TIRYNTHE. - Acropole - 2003

En 2003, une dernière campagne a été menée aux abords de la Porte Nord de la citadelle inférieure, sous la direction de J . Maran (université de Heidelberg). Un sondage a été ouvert au pied de l'extrémité Nord du mur d'enceinte afin de clarifier la situation dans la zone de l'ouverture inférieure (bouchée) du passage Nord découvert en 2002 (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 771 -774) . La fouille a montré que le plan de la partie Nord de la citadelle basse fut profondément modifié entre la phase avancée et la phase finale de l'HR IIIB. Elle a confirmé que l'ensemble de l'aménagement de la Porte Nord et des bâtiments situés au Sud de celle-ci (bâtiments XI et XV) eut lieu pendant une phase jusqu'alors inconnue de l'HR IIIB final. À l'origine en effet – au moment de la construction du rempart cyclopéen (HR IIIB avancé) – aucune de ces structures n'existait et le passage Nord était le seul moyen de communication vers la ville basse. Au cours de l'utilisation du passage, la zone située immédiatement au Sud-Ouest de l'ouverture supérieure fut couverte par un système de murs de soutènement.

Au-dessous de la pièce 78c du bâtiment XI est apparue une plate-forme de pierre massive, de forme rectangulaire (3,80 x 3 m environ), située obliquement par rapport au parement intérieur du rempart et datant aussi de l'HR IIIB avancé. En 1982, K. Kilian avait trouvé une plate-forme analogue à 10 m plus au Sud (AΑ 1988, 114, fig. 15), datant aussi de la même période. Ces constructions pourraient être les fondations de plates-formes en bois utilisées pour la construction du rempart cyclopéen.

À l'HR IIIB final le plan initial fut modifié : une couche de terre et de moellons fut mise en place au pied du parement intérieur du rempart pour créer une surface horizontale. Au même moment, on ajouta la Porte Nord tandis que l'on bouchait le passage Nord, laissant juste un petit orifice pour l'écoulement des eaux. Le remplacement du passage Nord par la Porte Nord témoigne d'une amélioration de la liaison entre la partie Nord de la ville basse et la citadelle basse puisque cette nouvelle porte facilitait considérablement l'accès à la citadelle. Cet aménagement témoigne aussi de la stabilité politique qui régnait pendant la période précédant immédiatement la destruction à la fin de l'HR IIIB. Le fait que cette porte est dépourvue d'un système d'accès clairement identifiable à l'extérieur pourrait indiquer qu'elle n'était pas achevée au moment de la catastrophe.

La poursuite de l'exploration dans la partie Ouest de la grande fosse du début de l'HR IIIC contenant des squelettes, découverte en 2002 dans les ruines du bâtiment XI (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 771-774), a donné des informations intéressantes sur la période qui a suivi la destruction. Trois nouveaux squelettes, dont un d'enfant, sans mobilier, ont été repérés, ce qui porte leur nombre total à six. Les trois nouveaux squelettes sont orientés Ouest-Est, en position allongée ou contractée, ce qui prouve que, malgré l'absence de mobilier, les défunts ont été enterrés avec soin. Une analyse anthropologique attentive pourrait révéler les causes du décès et les raisons pour lesquelles les défunts firent l'objet d'un traitement particulier.