KENCHRÉAI. - Koutsongila - 2004
Korinthos, Corinth
L'exploration du cimetière romain et paléochrétien sur le versant Est de la colline Koutsongila, au Nord de Kenchréai (v. BCH 127 [2003] Chron., p. 746-747, avec plan, fig. 50), s'est poursuivie en 2003 et 2004 sous la direction de J. L. Rife.
La campagne de 2003 a été consacrée à des travaux d'étude et de restauration. L'examen des vestiges de surface a permis de constater que le nombre total de tombes pillées – dont certaines très récemment – s'élève à 48 au moins. L'étude du mobilier –lampes, unguentaria, céramique culinaire, vaisselle fine, monnaies, épitaphes fragmentaires, autel portatif en pierre, portrait en buste – issu des fouilles antérieures, américaines (1969) et grecques (1988-90) montre que les plus anciennes tombes à chambre datent du Ier-IIIe s. apr. J.-C., mais l'ajout de nombreux corps et de croix inscrites prouve qu'elles continuèrent d'être utilisées plus tard par les chrétiens. Les tombes à ciste connurent au moins deux phases d'utilisation : Ier s. apr. J.-C. et Ve-VIIe s. apr. J.-C. Outre les tombes, on a également recensé divers aménagements : tranchées de fondation creusées dans le rocher, restes de constructions en brique, en blocs taillés, en moellons ou en béton qui montrent que la crête fut fortifiée ou occupée pendant diverses périodes (archaïco-classique, romaine, tardo-byzantine, ottomane, moderne).
L'étude des peintures murales des tombes à chambre, par l'équipe d'A. Barbet (ENS-CNRS), a porté en priorité sur les trois tombes les mieux préservées (T4,T9,T20), dont le décor a été décrit, photographié et dessiné ; l'analyse stylistique des peintures de la première suggère des parallèles avec des tombes de Corinthe et d'Italie. À la faveur de cette étude, on a pu faire diverses observations sur la technique des peintures et élaborer un plan pour assurer leur consolidation et leur préservation.
En 2004 on a levé le plan topographique du site, exploré plusieurs tombes et poursuivi l'étude et la restauration des peintures. Parmi les vestiges relevés on mentionne : des traces de constructions byzantines au Sud du site et, dans le même secteur, plusieurs blocs monumentaux probablement archaïco-classiques ; de nombreux tronçons de murs en brique d'époque romaine ; une construction absidale qui pourrait appartenir à une basilique paléochrétienne ; des ornières indiquant la présence d'une route carrossable le long du rivage. Le cimetière était situé à l'extrémité Nord de l'agglomération. L'étude du paysage, par R. Dunn (université d'East Anglia), a montré que les tombes à chambre avaient été creusées de manière à tirer le meilleur parti de la géologie locale, leur plafond étant constitué par un lit de calcaire plus résistant que celui de la chambre elle-même. Deux tombes à ciste et six tombes à chambre ont été explorées et documentées. L'étude de leur architecture, de leur mobilier et de leur matériel anthropologique éclaire les pratiques funéraires des époques impériale et paléochrétienne : inhumation des défunts dans les loculi, seuls ou par deux, toujours allongés sur le dos, parfois dans un cercueil en bois ; sépultures féminines richement parées ; dépôt d'unguentaria en verre ou en terre cuite et de lampes au moment de l'inhumation ; repas funèbres attestés par l'abondance de la céramique culinaire dans la tombe et près de l'entrée ; nombreux graffiti chrétiens (croix, brèves invocations, prière) sur les murs de tombes romaines réutilisées.
La poursuite de l'étude des peintures murales a permis de reconstituer le programme décoratif de la tombe 4 (v. ibid., p. 747, fig. 51), dont les motifs (guirlandes, fausse architecture, oiseaux, hippocampe) étaient disposés de façon symétrique sur les murs Nord et Sud. L'étude a aussi révélé de nouveaux détails : deux médaillons incisés flanquant l'entrée et ayant peut-être contenu des portraits ; des bandes de bleu égyptien entourant les loculi, ce qui suggère que la famille inhumée était à la fois opulente et raffinée. Du point de vue stylistique, ces peintures, qui présentent des parallèles avec les peintures tardives de Pompéi, peuvent être datées de la première moitié du IIe s. apr. J.-C.
En complément à ces travaux, A. Sarris (institut d'Études méditerranéennes, FORTH, Réthymno) a effectué une prospection géophysique dans la zone du cimetière, repérant, à l'extrémité Sud du site, ce qui semble être un grand bâtiment rectangulaire avec mur de péribole dont un côté mesure une quarantaine de mètres (temple ?). La présence, dans ce secteur, de plusieurs gros blocs (dont l'un mesure plus de 8 m de long) tendrait à confirmer l'existence d'un édifice monumental.
BCH 128-129.2.2 (2004), p. 1310-1311
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