ISTHMIA. - Sanctuaire de Poséidon et Thermes romains - 2004
Isthmia
En 2003 et 2004 l'équipe de l'université de Chicago, dirigée par E. R. Gebhard, a poursuivi ses travaux d'étude et de conservation des vestiges exhumés dans le sanctuaire de Poséidon ; celle de l'université d'État de l'Ohio, dirigée par T. E. Gregory, l'étude et le nettoyage des thermes romains.
1) Sanctuaire de Poséidon. — Poursuivant l'étude du temple archaïque, F. Hemans et J. Stevens ont montré que les trous de poteaux qui avaient été interprétés par O. Broneer comme ceux des échafaudages utilisés pour la construction de l'édifice étaient en réalité destinés à recevoir des engins de levage (chèvres) pour hisser les blocs ; ceux-ci étaient entreposés sur une vaste esplanade obtenue par un nivellement du rocher. Un nettoyage a d'autre part permis de repérer l'entaille de fondation de piliers situés à l'angle Nord-Ouest de la cella, ce qui permet de restituer avec certitude l'emplacement du mur Nord de celle-ci.
L'étude de la céramique classico-hellénistique (M. Risser) a mis en évidence des concentrations de vases culinaires – sans doute liées à des banquets rituels – dans la zone identifiée par O. Broneer comme la Hiéra Napè, où des offrandes du IVe s. av. J.-C. suggèrent l'existence d'un sanctuaire de Déméter. Des raccords ont pu être faits entre des tessons trouvés parmi les débris du temple archaïque et d'autres enfouis dans des fosses-dépotoirs aux angles du téménos ; certains d'entre eux appartiennent à une hydrie à figures rouges ornée d'une Ménade qui agite un thyrse d'une main et une peau (?) d'animal de l'autre.
L'étude de la céramique tardo-hellénistique et romaine (J. Hayes) a permis de reconstituer une lampe à deux becs d'une taille inhabituelle, que des parallèles en Italie méridionale et à Rome invitent à dater entre 120 et 70 av. J.-C. Les vases et les lampes recueillis dans les fosses A-C du Palémonion s'échelonnent entre le milieu du Ier s. apr. J.-C. et le 2e quart du IIIe s. Les vases les plus récents de la fosse C – nombreux gobelets à une anse et grande lampe des environs de 200 apr. J.-C. ornée d'une figure de Cybèle et d'Attis – suggèrent des changements dans le rituel. On note aussi la découverte, dans la chambre Ouest de la grotte située au-dessus du théâtre, d'un fragment de patère en terre cuite du IVe s. apr. J.-C. ornée d'une tête de bélier, associé à quatre lampes de la même époque.
L'étude des armes (A. Jackson) a été centrée sur les fragments de casques, les armes du site de Rachi et les pièces d'armement en fer. Le fait que plus de 400 fragments de casque consacrés à Isthmia portent sur le bord des épingles – dépourvues de toute fonction pratique – souligne le caractère ornemental et ostentatoire de ces offrandes. Les exemplaires les plus récents proviennent d'un casque de type « thrace » ou « phrygien » daté des environs de 470 av. J.-C., ce qui confirme que les offrandes d'armes à Isthmia déclinèrent après les guerres médiques.
La poursuite de l'analyse architecturale du Palémonion (F. Gebhard) suggère que l'édifice Sud et la porte d'entrée en arc appartiennent à la phase III du monument (100-120 apr. J.-C.) et ne sont pas, comme le pensait O. Broneer, des ajouts postérieurs. L'abondance des tessons et des monnaies de la fin du Ve et du VIe s. apr. J.-C. dans les niveaux de destruction indiquent que le sanctuaire fut détruit quelque temps après l'érection (dans la 2e moitié du Ve s.) du mur qui barre l'isthme. L'étude architecturale et stratigraphique du péribole Ouest du Palémonion a permis d'identifier des sols appartenant aux phases III et V (IIe s. apr. J.-C.). Enfin un réexamen de la tombe tardo-romaine creusée dans le podium du second temple de Palémon (phase V) a montré que celle-ci fut aménagée après le démontage des superstructures et de la façade du temple mais avant sa destruction finale (datée de la fin du Ve - début du VIe s. apr. J.-C.).
L'étude du matériel du Palémonion a été complétée par celle des restes de faune de la Grande fosse circulaire (D. Reese), qui proviennent de sacrifices et de banquets, et celle des outils en pierre (meules, lissoirs, etc.) d'époque classique (I. Gotsov, C. Hayward).
2) Thermes romains. — En 2003 F. Yegul a achevé le manuscrit de l'étude architecturale du bâtiment et M. Mills le premier jet de l'étude des tuiles estampillées, tandis que T. Gregory poursuivait l'étude de la séquence stratigraphique. Dans le cadre des travaux de consolidation, on a nettoyé l'extrémité de la partie Sud de la zone fouillée, qui a été renforcée par un mur en pierre sèche. On a ainsi découvert, dans l'alignement du milieu de la pièce VII (au Sud), les fondations de ce qui semble être l'entrée du complexe, perturbée par une série de fosses d'époque byzantine ; à l'Ouest, un amas de décombres provenant de la destruction des thermes romains et reposant directement sur le dernier sol du bain d'époque classique ; plus à l'Ouest, la tranchée de récupération d'un gros mur Nord-Sud et le mur Nord d'un grand réservoir d'époque romaine lié aux thermes. La campagne de 2004 a été consacrée à l'étude des lampes et de la stratigraphie, à l'achèvement de la restauration de la mosaïque monochrome de la pièce VI et à la poursuite du nettoyage de l'extrémité Sud de la fouille, qui a permis d'achever le dégagement du réservoir d'époque romaine (5,50 x 0,80 x 0,80-0,90 m) et de mieux comprendre le dispositif d'entrée du bain d'époque classique (série de portails le long du côté Sud de l'édifice).
BCH 128-129.2.2 (2004), p. 1308-1309
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