KYTHNOS. – Vryokastro - 2018
Informations Générales
Numéro de la notice
8515
Année de l'opération
2018
Chronologie
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Mots-clés
Habitat - Sanctuaire - Édifice religieux - Basilique - Installation hydraulique - Citerne - Figurine - Parure/toilette - Sculpture - Terre cuite architecturale - Métal - Os
Nature de l'opération
Institution(s)
Πανεπιστήμιο Θεσσαλίας (Université de Thessalie)
Εφορεία Αρχαιοτήτων Κυκλάδων (Éphorie des antiquités des Cyclades)
Localisation
Notices et opérations liées
Description
À Kythnos, A. Mazarakis-Ainian (Université de Thessalie) et D. Athanassoulis (Éphorie des antiquités des Cyclades) ont poursuivi en 2018 la fouille systématique de la ville antique située à Vryokastro, notamment sur la citerne dont l’exploration avait été entamée l’année précédente (fig. 1), et sur l’îlot en face, Vryokastraki, dans le secteur du port antique (fig. 7).
Vryokastro, la citerne du plateau moyen.
Sur le plateau moyen de la ville haute, une citerne creusée dans la roche se trouve accolée à l’angle Sud-Est de l’édifice de culte 1 de l’époque classique-hellénistique. Elle a été fouillée en 2016-2017 et a déjà révélé d’importantes trouvailles, comme des sculptures en marbre et des stèles inscrites qui ont permis d’identifier le sanctuaire à un Asclépieion et un Aphrodision. En 2018, sa fouille s’est achevée : elle a une profondeur de 8 m, avec un diamètre de 7,7 m au fond (fig. 2). Au centre du sol de la citerne, se trouve une cavité circulaire de 1,18 m et 0,53 m de hauteur, qui contenait, entre autres, une fibule en huit, en ivoire, datée de l’époque archaïque, ainsi que de nombreux tessons d’une pélikè à figures rouges.
Le fond de la citerne était recouvert d’une couche argileuse qui a révélé un seau en bronze avec des poignées en argent. La couche suivante était sableuse et contenait de nombreux tessons de céramique (de la céramique commune, surtout de petites cruches) et représente la dernière période d’utilisation de la citerne à l’époque romaine. Le remplissage de la citerne comportait de nombreux blocs provenant de l’élévation de l’édifice adjacent, comme des antéfixes à fleurons (fig. 3), des fragments de chapiteaux et de tambours de colonnes doriques. On a recueilli de nombreux fragments de sculpture en marbre, notamment deux têtes d’enfant (un garçon et une fille, de l’époque classique ; fig. 3), une petite tête d’Aphrodite de l’époque hellénistique et une petite tête de Déméter provenant d’une grande figurine de la fin de l’époque classique (fig. 4). L’identification du sanctuaire au culte d’Asclépios et à celui d’Aphrodite est confirmée. Le culte des dieux de Samothrace est également attesté par l’épigraphie.
Les deux édifices qui ont été fouillés sont liés par un mur de soutènement monumental au sanctuaire d’Apollon et d’Artémis, quelques dizaines de mètres au Nord. L’ensemble forme un programme de monumentalisation du front maritime des sanctuaires et des espaces publics de la ville haute à l’époque hellénistique (fig. 5). Au cours des nettoyages sur la terrasse des sanctuaires, on a dégagé la limite entre ceux-ci, qui est formée par le rocher taillé de manière verticale entre le rempart et le soutènement du plateau moyen. L’aménagement originel de l’espace des sanctuaires remonte, d’après la céramique, à l’époque subgéométrique ou au début de l’époque archaïque (VIIIe-VIIe s.).
Vryokastraki
Sur l’îlot en face de Vryokastro, les prospections des années 1990 avaient mis en évidence les phases les plus anciennes et les phases les plus récentes de la ville antique. Les fouilles en 2018 ont porté sur trois secteurs : la basilique protobyzantine (Édifice 1), l’édifice allongé (2), le « Complexe Sud » (fig. 6-7).
Dans le secteur de la basilique protobyzantine (fig. 8), la fouille a mis au jour, au milieu de l’îlot, une basilique à trois nefs (dim. 16 x 12,50 m) dont l’accès se faisait par deux portes latérales dans le narthex, une au Sud et une au Nord. Dans un deuxième état, il semble qu’on ait ajouté une abside à la nef Sud, ainsi que deux bases de colonnes entre la nef centrale et la nef latérale et une annexe en contact avec la nef Nord (dim. 5 x 3,60 m). Dans l’élévation des murs, on observe des éléments de remploi en marbre. Tous les niveaux de remblai autour du monument comportaient de la céramique géométrique (milieu IXe s. av. J.-C.). La position centrale du monument, au sommet de l’îlot, avec le port en contrebas, la rend propice à l’installation d’un lieu de culte antérieur. Dans l’état de la recherche, on estime que la basilique est construite au Ve s. apr. J.-C. et a connu un deuxième état au VIIe s. : cette hypothèse sera vérifiée au cours des fouilles ultérieures.
À l’Est de la basilique, se trouve un édifice allongé (Édifice 2), d’une longueur de 80 m, constitué de 15 pièces orthogonales alignées. Les murs extérieurs du complexe sont épais (1 m) : la hauteur du mur oriental, environ 10 m par rapport à la surface de la mer, indique le caractère défensif de la construction. Deux constructions en avant du mur peuvent être interprétées comme des tours ou des bastions.
La fouille s’est concentrée sur une pièce du complexe, la pièce IB (dim. 5 x 6 m ; fig. 9). Son entrée se trouve à l’extrémité Nord du mur Ouest. À première vue les autres pièces avaient des entrées à l’Ouest également : elles étaient indépendantes et ne communiquaient pas entre elles. Dans la pièce IB, une série de creusements correspondent à un escalier qui menait de la porte à un niveau inférieur. Deux cavités dans le mur orientale (T1) indiquent qu’un plancher était installé à environ 1 m de hauteur par rapport au sol de la pièce. Dans les niveaux stratigraphiques inférieurs de la pièce, on a recueilli de la céramique de l’époque romaine tardive-protobyzantine. Dans l’élévation des murs on note la présence de remplois en marbre et un mode de construction peu soigné. Le niveau d’abandon comprenait du mobilier de l’époque romaine tardive/protobyzantine : un encensoir en bronze et une lampe en terre cuite du Ve s. apr. J.-C. (fig. 10). Il existe néanmoins des indices d’un état beaucoup plus ancien : sous la pièce IB, on reconnait un espace aménagé dans le rocher, d’une orientation légèrement différente, ainsi que la présence de céramique qui remonte au Protocycladique, au début de l’époque géométrique et après, qui ne permettent néanmoins pas de dater précisément les états de construction de l’édifice. Parmi le mobilier recueilli dans les niveaux de remplissage, on note un couvercle en marbre provenant d’une urne cinéraire.
Le plateau Sud de l’îlot se trouve à une altitude de 23 m (fig. 11) ; il est lié à l’édifice 2 et à une construction défensive orthogonale qui peut être interprétée comme une tour qui contrôlait le port. Dans le secteur à l’Ouest de cette « tour », et sur tout le plateau, on observe la présence de nombreux espaces orthogonaux, partiellement taillés dans la roche, et qui paraissent constituer des maisons. En 2018, quatre de ces espaces ont été explorés (N1-N4). Ces pièces sont accessibles par un escalier qui part de la tour et qui aboutit à un espace semi-ouvert (N4) et à un espace ouvert (N3), la cour. Celle-ci donne accès à un vestibule (N2) qui précède une pièce fermée par une porte à double battant. Dans l’élévation des murs Est et Nord, on observe la présence de briques, qui, avec la céramique présente dans la couche de remplissage à l’intérieur de la pièce N1, permettent de situer la dernière fréquentation de l’édifice durant l’Antiquité tardive. Néanmoins, l’orientation différente des creusements de la roche, la présence d’une ouverture au Sud de la pièce N1, liée à un niveau de circulation plus bas, témoignent d’une phase de fréquentation plus ancienne. Dans les fissures de la roche, on a recueilli de la céramique et des outils en obsidienne (lames, éclats, quelques noyaux) du Protocycladique. Dans les couches de remplissage tardives, on a recueilli de la céramique de la fin de l’âge du Bronze à la fin de l’époque romaine.
Vryokastro, la citerne du plateau moyen.
Sur le plateau moyen de la ville haute, une citerne creusée dans la roche se trouve accolée à l’angle Sud-Est de l’édifice de culte 1 de l’époque classique-hellénistique. Elle a été fouillée en 2016-2017 et a déjà révélé d’importantes trouvailles, comme des sculptures en marbre et des stèles inscrites qui ont permis d’identifier le sanctuaire à un Asclépieion et un Aphrodision. En 2018, sa fouille s’est achevée : elle a une profondeur de 8 m, avec un diamètre de 7,7 m au fond (fig. 2). Au centre du sol de la citerne, se trouve une cavité circulaire de 1,18 m et 0,53 m de hauteur, qui contenait, entre autres, une fibule en huit, en ivoire, datée de l’époque archaïque, ainsi que de nombreux tessons d’une pélikè à figures rouges.
Le fond de la citerne était recouvert d’une couche argileuse qui a révélé un seau en bronze avec des poignées en argent. La couche suivante était sableuse et contenait de nombreux tessons de céramique (de la céramique commune, surtout de petites cruches) et représente la dernière période d’utilisation de la citerne à l’époque romaine. Le remplissage de la citerne comportait de nombreux blocs provenant de l’élévation de l’édifice adjacent, comme des antéfixes à fleurons (fig. 3), des fragments de chapiteaux et de tambours de colonnes doriques. On a recueilli de nombreux fragments de sculpture en marbre, notamment deux têtes d’enfant (un garçon et une fille, de l’époque classique ; fig. 3), une petite tête d’Aphrodite de l’époque hellénistique et une petite tête de Déméter provenant d’une grande figurine de la fin de l’époque classique (fig. 4). L’identification du sanctuaire au culte d’Asclépios et à celui d’Aphrodite est confirmée. Le culte des dieux de Samothrace est également attesté par l’épigraphie.
Les deux édifices qui ont été fouillés sont liés par un mur de soutènement monumental au sanctuaire d’Apollon et d’Artémis, quelques dizaines de mètres au Nord. L’ensemble forme un programme de monumentalisation du front maritime des sanctuaires et des espaces publics de la ville haute à l’époque hellénistique (fig. 5). Au cours des nettoyages sur la terrasse des sanctuaires, on a dégagé la limite entre ceux-ci, qui est formée par le rocher taillé de manière verticale entre le rempart et le soutènement du plateau moyen. L’aménagement originel de l’espace des sanctuaires remonte, d’après la céramique, à l’époque subgéométrique ou au début de l’époque archaïque (VIIIe-VIIe s.).
Vryokastraki
Sur l’îlot en face de Vryokastro, les prospections des années 1990 avaient mis en évidence les phases les plus anciennes et les phases les plus récentes de la ville antique. Les fouilles en 2018 ont porté sur trois secteurs : la basilique protobyzantine (Édifice 1), l’édifice allongé (2), le « Complexe Sud » (fig. 6-7).
Dans le secteur de la basilique protobyzantine (fig. 8), la fouille a mis au jour, au milieu de l’îlot, une basilique à trois nefs (dim. 16 x 12,50 m) dont l’accès se faisait par deux portes latérales dans le narthex, une au Sud et une au Nord. Dans un deuxième état, il semble qu’on ait ajouté une abside à la nef Sud, ainsi que deux bases de colonnes entre la nef centrale et la nef latérale et une annexe en contact avec la nef Nord (dim. 5 x 3,60 m). Dans l’élévation des murs, on observe des éléments de remploi en marbre. Tous les niveaux de remblai autour du monument comportaient de la céramique géométrique (milieu IXe s. av. J.-C.). La position centrale du monument, au sommet de l’îlot, avec le port en contrebas, la rend propice à l’installation d’un lieu de culte antérieur. Dans l’état de la recherche, on estime que la basilique est construite au Ve s. apr. J.-C. et a connu un deuxième état au VIIe s. : cette hypothèse sera vérifiée au cours des fouilles ultérieures.
À l’Est de la basilique, se trouve un édifice allongé (Édifice 2), d’une longueur de 80 m, constitué de 15 pièces orthogonales alignées. Les murs extérieurs du complexe sont épais (1 m) : la hauteur du mur oriental, environ 10 m par rapport à la surface de la mer, indique le caractère défensif de la construction. Deux constructions en avant du mur peuvent être interprétées comme des tours ou des bastions.
La fouille s’est concentrée sur une pièce du complexe, la pièce IB (dim. 5 x 6 m ; fig. 9). Son entrée se trouve à l’extrémité Nord du mur Ouest. À première vue les autres pièces avaient des entrées à l’Ouest également : elles étaient indépendantes et ne communiquaient pas entre elles. Dans la pièce IB, une série de creusements correspondent à un escalier qui menait de la porte à un niveau inférieur. Deux cavités dans le mur orientale (T1) indiquent qu’un plancher était installé à environ 1 m de hauteur par rapport au sol de la pièce. Dans les niveaux stratigraphiques inférieurs de la pièce, on a recueilli de la céramique de l’époque romaine tardive-protobyzantine. Dans l’élévation des murs on note la présence de remplois en marbre et un mode de construction peu soigné. Le niveau d’abandon comprenait du mobilier de l’époque romaine tardive/protobyzantine : un encensoir en bronze et une lampe en terre cuite du Ve s. apr. J.-C. (fig. 10). Il existe néanmoins des indices d’un état beaucoup plus ancien : sous la pièce IB, on reconnait un espace aménagé dans le rocher, d’une orientation légèrement différente, ainsi que la présence de céramique qui remonte au Protocycladique, au début de l’époque géométrique et après, qui ne permettent néanmoins pas de dater précisément les états de construction de l’édifice. Parmi le mobilier recueilli dans les niveaux de remplissage, on note un couvercle en marbre provenant d’une urne cinéraire.
Le plateau Sud de l’îlot se trouve à une altitude de 23 m (fig. 11) ; il est lié à l’édifice 2 et à une construction défensive orthogonale qui peut être interprétée comme une tour qui contrôlait le port. Dans le secteur à l’Ouest de cette « tour », et sur tout le plateau, on observe la présence de nombreux espaces orthogonaux, partiellement taillés dans la roche, et qui paraissent constituer des maisons. En 2018, quatre de ces espaces ont été explorés (N1-N4). Ces pièces sont accessibles par un escalier qui part de la tour et qui aboutit à un espace semi-ouvert (N4) et à un espace ouvert (N3), la cour. Celle-ci donne accès à un vestibule (N2) qui précède une pièce fermée par une porte à double battant. Dans l’élévation des murs Est et Nord, on observe la présence de briques, qui, avec la céramique présente dans la couche de remplissage à l’intérieur de la pièce N1, permettent de situer la dernière fréquentation de l’édifice durant l’Antiquité tardive. Néanmoins, l’orientation différente des creusements de la roche, la présence d’une ouverture au Sud de la pièce N1, liée à un niveau de circulation plus bas, témoignent d’une phase de fréquentation plus ancienne. Dans les fissures de la roche, on a recueilli de la céramique et des outils en obsidienne (lames, éclats, quelques noyaux) du Protocycladique. Dans les couches de remplissage tardives, on a recueilli de la céramique de la fin de l’âge du Bronze à la fin de l’époque romaine.
Auteur de la notice
Catherine Bouras
Références bibliographiques
Source : rapport de mission de l’année 2018, mis en ligne sur le site du projet http://extras.ha.uth.gr/kythnos/index.php?page=report-2018
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
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Date de création
2020-07-20 10:39:36
Dernière modification
2024-01-19 09:19:43
Figure(s)
Fig. 5/ Vryokastro, plateau moyen, à gauche, l'édifice 1, à droite l'édifice 2 (Asclépieion et Aphrodision).
Fig. 6/ Vryokastraki, la basilique à trois nefs, l'édifice 2 et le complexe Sud, vus depuis le Nord.