NICOSIE. – Colline d’Aghios Georgios-PA-SY-DY - 2007
Informations Générales
Numéro de la notice
67
Année de l'opération
2007
Chronologie
Mots-clés
Canalisation - Citerne - Maison - Inscription - Monnaie - Revêtements (mur et sol) - Métal - Pierre - Installation hydraulique - Habitat - Sanctuaire
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Lefkoşa İlçesi, Nicosia
Lefkoşa İlçesi, Nicosia
Notices et opérations liées
20062007
Description
Les changements dans l’implantation du bâtiment du Parlement ont entraîné une nouvelle campagne de fouilles de deux mois sur la colline d’Aghios Georgios, sous la direction de Despo Pilides [1]. Les fouilles de 2000 et 2005 avaient révélé dans le secteur XI un ensemble de citernes documentant deux phases (périodes hellénistique et classique) et des murs appartenant à un bâtiment bien mieux conservé que les autres vestiges. Il s’agissait de toute évidence d’un bâtiment important.
Les couches archéologiques supérieures ont été perturbées : construction de bureaux provisoires du Ministère des Travaux Publics, d’une maison en 1946, installation de fils électriques par la Compagnie électrique chypriote. Mais cela n’a pas grandement endommagé le bâtiment dont on peut lire le plan d’ensemble et dont les murs sont, par endroit, conservés sur plus d’1 m (fig. 30). La fouille jusqu’au rocher, possible en certains points, a mis en évidence trois phases architecturales successives (fig. 31). La phase la plus ancienne est représentée par des murs et des installations du type foyer et d’autres vestiges d’ateliers. Les couches associées contenaient des figurines et de la céramique archaïque. Les phases suivantes sont datées, en l’état actuel des recherches, du IVe s. av. J.-C. jusqu’à la fin de la période hellénistique. La découverte de monnaies de Ptolémée VIII Évergète II (146/5-117/6 av. J.-C.) prouve que les bâtiments étaient encore en usage peut-être jusqu’à la fin du IIe s. av. J.-C. Les monnaies retrouvées dans les couches successives à l’intérieur des bâtiments datent d’Antigone Le Borgne (306-301 av. J.-C.), de Ptolémée I Sôter (290-285 av. J.-C.), de Ptolémée II Philadelphe (285/4-247/6 av. J.-C.) et de Ptolémée IV Philopatôr (221/17-204 av. J.-C.).
Le bâtiment fouillé cette année est sans doute en relation avec le complexe de citernes évoqué plus haut, et il leur est peut-être contemporain. De fait, son dernier sol, qui n’est conservé qu’en lambeaux, est recouvert du même enduit que celui qui tapisse les 6 citernes découvertes dans les couches supérieures. On ne connaît pas encore avec certitude les limites du bâtiment, mais il occupe un îlot de la trame urbaine qui se prolonge sans interruption jusqu’au secteur X. Sur le sol, on a recueilli des colonnes et des fragments architecturaux. Ces trouvailles, de même que la qualité des murs, en bel appareil de blocs rectangulaires, indiquent qu’il s’agit d’un bâtiment important.
Le remplissage qui séparait ce sol du précédent renfermait également des éléments de colonnettes et de corniches, ainsi qu’un fragment de coupe à vernis noir inscrite de la fin de la période classique ou du début de la période hellénistique. L’inscription, sur la base du vase, est en caractères chypro-syllabiques. C’est la plus longue découverte à ce jour sur le site. Selon Jean-Pierre Olivier, elle indique que la coupe appartenait au « Prince (anax) Timas ». D’autres recherches sont encore nécessaires. Mais si un prince (fils ou frère de roi) habitait réellement dans ce bâtiment, ce serait la première preuve archéologique que le site est celui d’une capitale de royaume qui fut aboli par les Ptolémées. Il sera important, dans cette hypothèse, d’étudier les 36 monnaies d’argent frappées par un atelier inconnu et découvertes dans le terrain à l’angle des rues Hatzopoulou et Nikokreontos qui faisait partie de l’habitat de la période classique.
Dans le mur occidental du bâtiment, on a recueilli une monnaie de Salamine (323-312 av. J.-C.) qui date probablement sa construction. Pour déterminer ses phases d’occupation postérieures, il faudra toutefois le dégager et le fouiller en totalité. La fouille des couches inférieures a fait apparaître des murs, associés à de la céramique archaïque. Ces murs ne paraissent pas correspondre au tracé plus récent. Ils documentent peut-être la phase la plus ancienne du bâtiment, datable de la période archaïque.
Au Nord de la rue 13, les soubassements en ciment des bureaux du Ministère ont détruit les couches supérieures de la période hellénistique. À un niveau plus bas que la rue, est apparue une série de grands blocs équarris, en place, qui correspondent vraisemblablement à la deuxième phase du bâtiment. Il est possible qu’ils appartiennent à une entrée monumentale ou même fortifiée qui a été oblitérée par les constructions ultérieures, et sur laquelle la rue 13 a été établie.
Dans les autres secteurs, la fouille a porté sur la phase la plus récente, de la période hellénistique. La rue 13 est construite, sur les côtés et au centre, en grandes pierres taillées ; elle possède un canal d’écoulement central, qui est recouvert en de nombreux points. On a également dégagé le prolongement de la grande rue centrale (rue 6), d’orientation Nord-Sud, et l’intersection entre cette rue et la rue 7 (l’une des rues parallèles d’orientation Est-Ouest). Leur tracé confirme une fois de plus le plan urbain régulier de la ville à cette époque. Les rues parallèles d’orientation Est-Ouest, comme la rue 13, d’orientation Ouest-Est, aboutissent à la rue centrale (rue 6). Les bâtiments à l’Est de la rue 6 témoignent des mêmes phases d’utilisation que le grand bâtiment dont il a été question plus haut. Il n’est pas impossible que, dans leurs phases les plus anciennes, ces constructions aient fait partie du même bâtiment, qui a été coupé par les rues hellénistiques. L’une des pièces des bâtiments situés à l’Est de la rue 6 a livré une monnaie de Démétrios Poliorcète (306-282 av. J.-C.). Dans une cavité sous le sol, on a recueilli deux monnaies de Salamine (323-312 av. J.-C.) ; dans les fondations du mur 295, sous lequel se trouvait une fosse avec des traces de feu, une monnaie d’Antigone Le Borgne (306-301 av. J.-C.). La fosse est certainement plus ancienne, et il est possible qu’elle ait eu une fonction artisanale. Elle contenait, de fait, de nombreux outils de pierre, des amphores, des céramiques culinaires et des fragments de figurines archaïques, autant d’indices qui témoignent du caractère artisanal du site à cette époque et de ses liens avec le culte.
Les découvertes de cette année comprennent des statuettes de divers types. L’une des plus intéressantes, en calcaire, figure un personnage barbu et cornu, assis sur un trône flanqué de béliers (Zeus-Ammon ?). Mentionnons également une autre représentation en calcaire de personnage assis, sans doute féminin, ainsi que plusieurs figurines de terre cuite de divers types. Toutes ces trouvailles prouvent l’existence d’un ou de plusieurs sanctuaires contemporains de l’habitat. Un bon nombre de monnaies (monnaies de Salamine, datées de la fin du IVe s. av. J.-C., et monnaies d’Antigone Le Borgne, de Démétrios Poliorcète, de Ptolémée I Sôter, de Ptolémée II Philadelphe, de Ptolémée III Évergète II et de Ptolémée VIII Évergète II) indique une occupation continue du site jusqu’à la fin du IIe s. av. J.-C. et documente ses relations avec l’extérieur.
[1] L’équipe était composée de M. Chamberlain, H. Christophes, M. Neophytou et M. Solomou.
Auteur de la notice
Texte transmis par Pavlos FLOURENTZOS - (traduction : S. Fourrier)
Références bibliographiques
Despo Pilides, dans le rapport d'activités du Département des antiquités de Chypre.
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Date de création
2009-11-30 00:00:00
Dernière modification
2024-02-14 13:36:18