AMATHONTE. - Ville basse - 2014
Informations Générales
Numéro de la notice
5067
Année de l'opération
2014
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Notices et opérations liées
Description
À Amathonte, A. Chabrol (EfA) a mené en 2014 une mission géoarchéologique qui avait pour objectif de reconstituer les environnements holocènes dans la ville basse et de discuter de la possible existence d’un bassin portuaire interne, comme attesté dans le guide d’Amathonte (fig. 1). La recherche géoarchéologique sur le terrain s’est déroulée en deux parties : la première mission (du 14 au 16 mars 2014) était consacrée aux prospections géophysiques de la zone. Une campagne de carottages a été réalisée lors de la seconde (du 1 au 9 avril 2014).
Le port externe, dont les structures submergées sont visibles, a fait l'objet de fouilles et d'une restitution dès 1979. L’objectif de la recherche géomorphologique a été de déterminer s’il a existé ou non un bassin intérieur au Sud de la ville basse ; quelles en sont les dynamiques de comblement ; où se situaient les niveaux marins aux époques d’occupation du site ; et, enfin, si le « port interne » et le port externe ont pu fonctionner de manière concomitante?
Les prospections géophysiques. – Du fait de la configuration particulière de la zone d’étude en milieu littoral et de la présence supputée d’eau salée à faible profondeur, seules deux méthodes de prospection géophysique ont été privilégiées : la mesure du magnétisme naturel et quelques sondages EVS (Electrical Vertical Soundings).
- La prospection magnétique (fig. 2). – La zone de la ville basse a été séparée en deux zones de 50 x 100 mètres. Ce demi-hectare ne correspond pas aux dimensions réelles de la ville basse mais a été imposé par la présence d'importants déblais de fouilles impossibles à prospecter au Nord et au Nord-Est du site. La partie Sud-Est est, quant à elle, isolée de la route-digue par une barrière métallique qui perturbe naturellement les mesures magnétiques. La carte obtenue laisse apparaître des anomalies magnétiques régulières dans le quart Nord-Est. De forme géométrique, il s'agit de toute évidence d'une zone construite dans la continuité de l'agora et de la zone des bains dégagées par les fouilles chypriotes. Le reste de la zone couverte apparaît totalement vierge de structures enfouies, du moins à faible profondeur.
- Les sondages électriques verticaux (fig. 3). – Associés aux prospections magnétiques, six sondages électriques verticaux ont été effectués,afin d'avoir une idée de la structure des sédiments sur une profondeur de plusieurs mètres. Ces sondages consistent en l'injection d'un courant continu (1mA) dans le sol avec des électrodes que l'on espace régulièrement. Plus les électrodes sont espacées, plus la zone d'investigation sera profonde.
Les courbes obtenues montrent toutes une sédimentation fine dans la ville basse, à l'exception du sondage 6. Ce dernier met en évidence la présence d’une épaisseur d'environ 1,5 m de sédiments plus hétérogènes en surface qui correspondent aux déblais des fouilles de l'agora.
De manière générale, toute la zone prospectée présente de très faibles valeurs électriques et confirment les résultats obtenus en magnétisme : il n'y a presque aucune construction dans la zone et la sédimentation y est majoritairement fine et salée : argiles, limons ou sables. L'épaisseur du remplissage y est d'au moins quatre à cinq mètres.
La campagne de carottages. – Afin de confirmer la stratigraphie obtenue, huit forages ont été réalisés dans la zone basse du site, le long de transects qui nous permettront de corréler spatialement les grandes unités sédimentaires (fig. 3). L’étude des carottes permet de distinguer trois grandes unités sédimentaires facilement corrélables ensemble dans un espace si petit et de formuler des interprétations préliminaires qui attendent confirmation par les analyses de laboratoire et des datations radiocarbone (fig. 4). L'observation des stratigraphies nous renseigne premièrement sur l'épaisseur de la sédimentation holocène. Dans quatre carottages, nous avons atteint le substrat à environ 2,5 mètres sous le niveau de la mer. Il s'agit très vraisemblablement de la continuité du versant sur lequel est installé le site d'Amathonte. Trois unités sédimentaires se distinguent : l’unité A, composée de sables parfois entrecoupés de passes galets et qui représente les vestiges d’une paléoplage retrouvée sur toute l’étendue de la zone ; l’unité B, constituée d’un niveau argileux riche en matières organiques, d’origine marine, et représente un niveau de décantation avec une dynamique sédimentaire faible ; et l’unité C, plus épaisse composée de limons argilo-sableux beige, comportant des cailloux et des tessons de céramique, qui peut être interprétée comme une couche de comblement colluvial après l’abandon du site.
L’unité B est importante pour la problématique : comment expliquer leur présence à proximité d'un littoral si ouvert aux dynamiques marines, puissantes sur la côte sud de Chypre? Plusieurs solutions peuvent alors être envisagées:
- Ces dépôts correspondent à une ancienne petite lagune, qui aurait isolé la ville basse des vagues par un système de cordons sableux, favorisant ainsi une sédimentation calme.
- Ces dépôts sont consécutifs à la création du port fortifié externe : en brisant la dynamique marine, les fortifications ont préservé cette partie du littoral et permis cette sédimentation douce.
- Enfin, ces dépôts correspondent à des dépôts de décantation au sein d'un bassin portuaire construit et isolé des dynamiques marines.
En conclusion, les prospections géophysiques ont confirmé l'absence de vestige construit dans la zone la plus basse de la ville et ont permis de révéler une importante zone construite à proximité immédiate de l'agora. L'étude du remplissage sédimentaire nous a permis d'isoler trois grandes unités qui trahissent la présence passée d'une plage et d'une ancienne zone de décantation en eau. L'étude des carottes, et notamment des foraminifères, associée à des datations absolues, nous permettra de reconstituer avec une très grande précision les paléogéographies littorales à proximité de la ville basse et leur évolution dans le temps.
Auteur de la notice
Catherine Bouras
Références bibliographiques
D’après A. Chabrol, Rapport des travaux à Amathonte en 2014.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran
Date de création
2015-09-10 00:00:00
Dernière modification
2023-12-11 09:31:45