ANDROS. - Palaiopolis - 2014

Sur l’île d’Andros, L. Palaiokrassa (Université d’Athènes) a poursuivi en 2014 la fouille systématique de l’agora de la ville antique en deux secteurs : sur la terrasse supérieure, au Sud-Ouest du bâtiment D, et sur la terrasse inférieure, au Nord de la basilique protobyzantine.

 

Dans le premier secteur, l’objectif était de finir de dégager l’espace semi-enterré mis au jour l’année précédente pour révéler son rapport avec la rue dallée plus ancienne (fig. 1). La fouille n’a pas réussi à atteindre cette année les niveaux des vestiges construits. L’épaisse couche qui les recouvrait comportait une grande quantité de matériel : quelques blocs de construction, de la céramique grossière et de la céramique fine dont la datation s’échelonne entre l’époque géométrique et l’époque protobyzantine, des fragments de lampes de l’époque romaine, quelques fragments de figurines en terre cuite, des fragments en verre, des fragments d’objets métalliques, deux monnaies, des fragments d’os et d’objets en os et des coquillages. Parmi les objets remarquables, on signale un fragment de vase à décor à relief figurant un guerrier, un fragment de vase à décor à relief représentant une femme tendant un nourrisson à une autre figure, un tesson portant une inscription [---]χου[----] et, enfin, un fragment de vase en pierre noire et verte avec une anse.

 

Sur la terrasse inférieure, la fouille de la pièce orthogonale au Nord de la basilique protobyzantine s’est poursuivie (fig. 2-4). On a constaté que le mur courbe, qui constitue la suite, dans un état ultérieur, du mur Nord (T1) de la basilique protobyzantine, ne se poursuivait pas vers l’Ouest, mais s’arrêtait contre le mur T9, lui-même accolé contre la face Ouest du mur T5.

Le mur T8 – dans le prolongement vers l’Ouest du mur Nord (T4) de l’espace 1 –, est légèrement courbé. Il constitue la limite Nord d’une citerne étroite de 0,30 m de largeur. Cette structure disposait, dans sa partie supérieure, d’une canalisation d’évacuation du trop-plein qui traversait les murs T9 et T5 et ouvrait vers l’espace 1 (fig. 5). Le côté Sud de la citerne est formé par de longues plaques de schistes disposées verticalement (long. 2,10 m), constituant un barrage appelé T10. Trois de ces plaques ont été mises au jour. La « citerne » a été mise au jour sur toute sa longueur (2 m), puisqu’elle a été dégagée contre la paroi du sondage et sur son extrémité Ouest ; de ce côté aussi, se trouvait une canalisation (dim. 0,25 x 0,225 m ; fig. 6). Ces découvertes ont mis en lumière un dispositif de circulation d’eau, qui aboutissait à l’espace 1. L’ensemble est désormais identifié à une fontaine adossée au portique hellénistique.

Sur les parements internes des murs T9 et T10, sont conservées des traces de stucs peints, avec des traces de pigment rouge. Dans la couche qui recouvrait l’intérieur de l’espace 2, près du mur T9, on a recueilli de nombreux fragments de stuc. Leur restauration a révélé que certains au moins appartenaient à une peinture murale (fig. 7) : on note l’usage du blanc, du rouge, du bleu, du noir et du jaune. Sur un fragment, on reconnaît deux médaillons, dont l’un était surmonté d’une petite croix. L’espace 2 était donc fréquenté à l’époque protobyzantine aussi, probablement en rapport avec la basilique.

Au Sud de la fontaine, on a dégagé le parement Nord du mur qui avait été construit au-dessus du stylobate Nord de la basilique pour former vraisemblablement le mur extérieur Nord de l’église à nef unique de la seconde moitié du VI^e s. apr. J-C. (fig. 8) Ce mur est construit de manière peu soignée, avec du matériel de remploi, comme un tambour de colonne en saillie, et un bloc de marbre courbe provenant d’une exèdre (long. 0,89 m). L’épais remblai recouvrant l’ensemble du secteur comportait de grands blocs tombés presque verticalement, qui semblent provenir d’un mur qui se serait effondré du Nord-Ouest vers le Sud-Est : ce mur est peut-être le mur Nord de la basilique protobyzantine, détruite par le grand séisme de 552 apr. J.-C. Ce même remblai comportait une grande quantité de céramique usuelle, quelques fragments de ruches, des fragments de figurines, de nombreux fragments de blocs de marbre et de poros, des fragments de placages de marbre et d’opus sectile, des scories et des objets métalliques, des fragments de verre. Parmi les objets remarquables, on signale :

- un chapiteau dorique en marbre blanc (dim. abaque : long. 0,695 m ; larg. 0,695 m ; ép. 0,09 m ; diam. 0,47 m ; fig. 9) qui provient du portique hellénistique (première moitié du II^e s. av. J.-C.),

- un fragment de base en marbre blanc (dim. 0,501 m ; larg. 0,401 m ; haut. 0,146 m), comportant un pied en relief et une inscription : [ ---] - -ΑΙΣΙΑΙ (haut. lettres 0,023 m ; fig. 10).

- un fragment de sculpture en marbre remployé en bloc de construction (fig. 11).
- un fragment de plaque de chancel, orné d’une croix (long. 0,19 m ; haut. 0,08 m ; fig. 12).

- un fragment de plaque de chancel à décor sculpté végétal (long. 0,30 m ; fig. 13).

- un fragment d’autel en marbre avec une partie d’une inscription (long. 0,25 m ; fig. 14).

- une monnaie de bronze de l’époque romaine, avec une tête au droit et un trophée entouré de deux figures au revers.