DÉLOS. - Sérapieia - 2014

À Délos, H. Brun (Université de Paris Sorbonne) a mené en 2014 une campagne de fouille dans les Sarapiéia.

Le Sarapiéion A a fait l’objet de trois sondages et d’un nettoyage (fig. 1). Les deux premiers sondages ont livré des remblais liés à la construction des pièces I et II du sanctuaire ; ces couches comportaient un matériel céramique abondant et quelques monnaies qui permettront de préciser la date de l’aménagement des pièces. La fouille a également fait connaître plusieurs états de construction que les inscriptions provenant du sanctuaire ne détaillent pas. Dans la pièce II, on a mis au jour les vestiges arasés d’une banquette contre les fondations du mur Nord, qui appartenait à une première phase d’occupation de la pièce. De même, le mur Sud de la pièce porte clairement la trace d’une réfection : l’appareil de la partie supérieure du mur se distingue nettement de celui de sa partie inférieure que la fouille a permis de révéler (fig. 2). Le niveau du sol de la pièce a été exhaussé jusqu’au niveau où nous le connaissons aujourd’hui, à une date que le matériel permettra de préciser.

Le nettoyage des murs dont on devinait la présence sur la rive Sud de l’Inopos avait pour objectif de préciser l’emplacement de la limite méridionale du sanctuaire. Le nettoyage a non seulement permis de la mettre clairement en évidence, mais aussi de mieux comprendre la succession des aménagements après l’abandon du Sarapieion, dans un secteur qui a été largement perturbé par la construction, à l’époque impériale, d’un canal-aqueduc raccordé au Réservoir de l’Inopos et par celle, à l’époque contemporaine, d’un terre-plein destiné à la voie Decauville qui évacuait les déblais de ce même Réservoir en 1911. Ce nettoyage aura du moins permis de compléter le plan des vestiges du Sarapieion, ce qui était l’objectif premier du travail.

Le sondage implanté dans la rue située au Nord du Sarapieion A a montré que celle-ci avait connu au moins deux états successifs. L’étude du matériel céramique et des monnaies – dont une quinzaine trouvées dans un caniveau – apportera également des informations sur la chronologie des aménagements. La relation entre le seuil du sanctuaire et la rue n’a pas pu être observée.

 

Au Sarapieion B, on a effectué plusieurs nettoyages ainsi que des sondages profonds dans la « pièce I », au Nord-Est du sanctuaire, dans la cour supérieure, dans la « cour aux autels » ou « pièce V » et, enfin, dans le couloir d’accès qui débouche sur le quai de l’Inopos (fig. 3).

Un sondage pratiqué en 1995 a été repris à l’intérieur d’un petit enclos construit dans l’angle Nord-Est de la cour. L’affectation de cette construction a pu être confirmée : elle constituait un autel-foyer, analogue à ceux fouillés en 2001, 2002 et 2004 dans le Sarapieion C, et sous lequel du matériel a été collecté.

Dans la cour, un sondage a été ouvert dans l’angle Sud-Est. La mise au jour d’un mur orienté Est-Ouest a incité à ouvrir plus largement vers l’Ouest pour en trouver la limite et à décaper, en aire ouverte, le tiers méridional de la cour supérieure. Ces travaux ont d’abord permis de comprendre le système de circulation dans la cour supérieure du sanctuaire où se posent des problèmes de niveau. Un mur de soutènement, de direction Est-Ouest, retenait les remblais d’une terrasse surélevée dans la partie Nord-Est de la cour, tandis que les parties Sud et Ouest étaient en contrebas. Un autre mur de direction Nord-Sud complétait ce dispositif.

La fouille a fait connaître un état antérieur de la cour : un pied de banc, encore en place sur une base, a été mis au jour (fig. 4). Il était enfoui sous un remblai qui avait été apporté lors de travaux de terrassement qui ont consisté à rehausser le niveau du sol et, probablement, à le niveler. Associé à ce premier état, on a également trouvé un pithos posé sur le rocher, au même niveau que le pied du banc. Lui aussi était pris dans le même remblai. Dans l’angle Nord-Ouest de la cour, une fosse contenait des cendres et des ossements calcinés provenant probablement de sacrifices accomplis dans le sanctuaire. Cependant, aucun foyer à proprement parler n’a été trouvé. Tous ces aménagements avaient donc été détruits puis remblayés à l’occasion d’un remaniement général de la cour. En outre, dans le remblai apporté à cette occasion ont été trouvés trois pieds de bancs ainsi qu’un banc fragmentaire où figure le début du nom Sarapis : ils prouvent que nous n’avons pas affaire à un état antérieur à l’installation du sanctuaire, mais bien à un premier état de l’établissement.

Enfin, dans le couloir d’accès au Sarapiéion B, un sondage permettra de préciser la datation de son aménagement en relation avec les boutiques construites à l’Est et à l’Ouest de celui-ci. Trois vases de stockage ont été découverts en place dans le couloir, remplis d’une terre très différente de celle du remblai environnant (fig. 5). Les vases étaient tous implantés au même niveau, leur embouchure se trouvant au ras du sol : deux d’entre eux avaient été coupés à cette hauteur (un pithos et une amphore) tandis que le troisième, un genre de dolium très ventru mais moins haut, avait conservé son embouchure originelle. Tous ces vases ont été plusieurs fois réparés, de même que celui qui a été trouvé dans la cour supérieure du sanctuaire. Leur fonction dans le couloir d’accès au Sarapiéion est particulièrement difficile à saisir.