ÉRÉTRIE. - Fouille E/600 SW - terrain Sandoz - 2013
Informations Générales
Numéro de la notice
4224
Année de l'opération
2013
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Notices et opérations liées
Description
À Érétrie, T. Theurillat, R. Tettamanti, G. Ackermann, M. Duret, T. Saggini et S. Zurbriggen (ESAG) rendent compte de la poursuite de la fouille du terrain Sandoz (Fouille E/600 SW) en 2013. L’exploration des pièces au Sud s’est poursuivie et on a étendu la fouille à l’Ouest et au Nord afin de faire apparaître les limites de l’îlot antique (fig. 1).
La maison Ouest. - La fouille des niveaux d’époque classique et hellénistique permet une meilleure connaissance de la structure appelée jusqu’à présent « Maison Ouest », qui présente trois états, mais dont l’interprétation est à présent remise en question (en effet, il s’agirait peut être du siège d’une association publique ou privée, voire d’un hestiatorion). La phase d’occupation la plus ancienne, qui remonte à la haute époque classique, est représentée par trois murs découverts en 2012-2013, dans l’aire de service des bains de l’époque romaine, et par un mur au Sud du four à chaux (St23). Ces murs sont construits en petit appareil de pierre sèche, mais leur état est trop fragmentaire pour livrer un plan ou une fonction, bien que la céramique fine et la céramique utilitaire recueillie en association avec ces structures plaident en faveur d’un contexte d’habitat du milieu du Ve ou du début du IVe s. av. J.-C.
La « maison Ouest » est construite au IVe s. av. J.-C. Dans la partie Nord-Ouest de la fouille, un vaste sondage a permis de dégager d’importants vestiges de cette demeure (fig. 2-3). Un premier état est constitué, au IVe s. av. J.-C., par sept espaces : une cour péristyle, adossée à la rue Ouest, une grande salle à l’Est, deux pièces au Sud et trois autres au Nord. On reconnaît, dans un deuxième état de construction (IIIe s. av. J.-C.), l’aménagement interne de la partie Nord de la maison (cour péristyle p, pièces a, d, e et f). La céramique trouvée sous le stylobate Nord de la cour à péristyle suggère une datation de cet état à la haute époque hellénistique. La cour est entièrement dégagée : elle présente un sol en mortier et un stylobate en blocs quadrangulaires de conglomérat. Des bases carrées formées de deux assises de blocs soutenaient des colonnes aux quatre angles. Un puits et sa margelle étaient intégrés au stylobate Sud. Cette structure, fouillée jusqu’à environ 2 m de profondeur, a livré du matériel suggérant un terminus post quem vers 100 av. J.-C. Le puits est maçonné en pierre sèche et enduit de mortier. Une cloison basse fermait la cour au Nord et à l’Est. La salle a, à l’Est, couvrait une surface de plus de 50 m2 – on n’en connait que les murs Ouest et Nord, ainsi qu’un pavement de galets. Des enduits de couleur jaune, visibles sur le mur Ouest, se retrouvent aussi sur le sol, dessinant une bande décorative, large de 30 cm, qui devait courir autour de la pièce. Au centre de la pièce, on a mis au jour une structure circulaire formée d’une couche d’enduit jaune (diam. 1,60 m) entourée de deux bandes larges de 7 à 10 cm chacune, la première, formée de galets blancs, la deuxième de galets bleutés (fig. 4). Au centre de la structure, un orifice de section carrée (13 cm de côté) devait servir de mortaise pour un support de table ou de vasque. Au Nord de la cour et de la salle a, on a dégagé trois pièces (d, e et f) : la pièce d, avec un sol de mortier, correspond à un local barlong, interprété comme un vestibule d’andron à sept lits (la salle au Nord de d). A l’Est, les pièces e et f ont des sols pavés de galets entourés de bandes d’enduit. Le troisième état (IIe s.-début du Ier s. av. J.-C.) correspond à une phase de réparation de la maison avant sa destruction : l’assise de calcaire de certains murs a été récupérée, les sols au Nord et à l’Est de la cour ont connu une réfection, de même que dans la salle a, tandis qu’une grande fosse circulaire profonde a été creusée sur le péristyle Nord pour y implanter un puits. La partie Nord de la maison est scellée par une couche de destruction d’une épaisseur de 60 cm, comportant des cendres, des tuiles corinthiennes sous une couche de brique crue brûlée provenant de l’effondrement des murs. Le mobilier contenu dans ce niveau peut être daté de la fin du IIe s. av. J.-C. aux premières années du Ier s. av. J.-C.
Les thermes romains (fig. 5). – La découverte en 2013 d’un local ouvert sur l’extérieur au Sud de l’apodyterium (A) confirme que l’accès des thermes ne se faisait pas par la cour péristyle, mais au Sud, par le vestibule (V ; fig. 6). Il présente un sol pavé de dalles de terre cuite et donne accès au tepidarium (T) à l’Ouest et à l’apodyterium (A) au Nord. La présence d’un support en marbre représentant un pied de griffon atteste l’existence d’une banquette à l’Ouest de l’entrée. La fouille minutieuse du local a en outre permis de retrouver quantité d’objets coincés entre les interstices des dalles de sol ainsi qu’à l’emplacement de la banquette: monnaies, aiguilles en os et en bronze, spatule en bronze, perles en verre, constituent le petit mobilier caractéristique lié à l’usage des bains et qu’il n’est pas étonnant de retrouver à cet endroit de passage.
Au Sud du tepidarium et du laconicum, le dégagement du mur Sud permet d’apprécier les dimensions de ces pièces. En revanche, leur fonction n’a pu être précisée davantage. La salle t a pu servir de salle tempérée dans un premier temps, comme l’indique la couche de cendres sur le sol de l’hypocauste, mais les piles et les dalles ont été récupérées par la suite et cet espace comblé par du tout-venant. Enfin, un sol de dalles de terre cuite sur une dalle de mortier y a été installé. L’espace contigu, interprété comme le laconicum, a été considérablement perturbé par une profonde fosse moderne, ce qui a permis de relever les imposantes fondations des murs, creusées en tranchée étroite à près de 2 m sous le niveau de la suspensura.
Le quartier artisanal au Nord des thermes (IIe-IIIe s. apr. J.-C.) – La zone au Nord des thermes a été occupée dès le IIe siècle apr. J.-C. par plusieurs structures circulaires de combustion, interprétées pour les plus grandes comme des fours à chaux. Une nouvelle structure, plus monumentale encore que les précédentes, puisqu’elle dépasse 3 m de diamètre interne pour une élévation conservée de 2,50 m, est apparue en 2013 (fig. 6). Elle présente les mêmes caractéristiques architecturales que le four à chaux St23, dont elle recoupe d’ailleurs la fosse de travail: banquette intérieure, double alandiers bâtis en gros blocs de poros, parois en fragments de terre cuite liés à l’argile et vitrifiés sous l’effet de l’intense chaleur atteinte dans le laboratoire. Plus au Sud, on a achevé la fouille d’un plus petit four à chaux, dont l’alandier a été aménagé dans le mur de fermeture de l’aire de service des thermes. L’installation a donc fonctionné en même temps que l’établissement balnéaire et on peut se demander si les produits sortis du four n’avaient pas une quelconque utilité pour le fonctionnement des bains (épuration des eaux, détergent textile, cosmétique ?).
On a observé que l’accès aux bâtiments (maison Ouest et thermes) semble avoir été condamné à la hâte après l’abandon des thermes, peu après le milieu du IIIe s. apr. J.-C.
Auteur de la notice
Catherine Bouras
Références bibliographiques
D’après le rapport de fouilles de l’ESAG à paraître dans Antike Kunst pour l’année 2013.
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Date de création
2014-06-13 00:00:00
Dernière modification
2023-10-17 07:37:12
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