SAMOS. - Heraion - 2013

Sur l’île de Samos, W. D. Niemeier (DAI) et O. Kouka (Université de Chypre) rendent compte de la poursuite, en 2013, des recherches menées sur le site de l’Héraion dans deux secteurs : à l’Est du grand autel dit « de Rhoikos », et dans le secteur Nord-Est, au Nord de la Voie Sacrée (fig. 1).

La fouille à l’Est de l’autel de Rhoikos, commencée en 2009, s’est terminée en 2013 avec le dégagement des couches de déblais des autels plus anciens. Les couches sédimentaires stériles correspondant aux crues de l’Imbrasos ont été atteintes. De nombreuses offrandes ont été trouvées : des figurines en terre cuite indigènes de la seconde moitié du VIII^e s. av. J.-C. et du VII^e s. av. J.-C., une représentation grossière d’un singe en calcaire (fig. 2), une figurine masculine en terre cuite provenant de Milet, une statuette féminine en calcaire provenant de Chypre (seconde moitié du VII^e s. av. J.-C.), une tête de lion en feuille de bronze (fig. 3), une statuette féminine égyptienne (712-664 av. J.-C. ; fig. 4), une figurine oushebti en faïence appartenant à la 25^e dynastie (fig. 5), des figurines égyptiennes de lions en bronze, etc.

La fouille s’est également poursuivie dans le secteur au Nord-Est de la voie sacrée (fig. 1 ; 6). Sous les maisons de l’époque romaine, on a dégagé une couche datée du Chalcolithique tardif, ainsi que cinq états d’architecture, datant du Bronze Ancien I au début du Bronze Ancien II. Ces niveaux permettent de dater le noyau le plus ancien de l’habitat à cette époque-là et ainsi de combler une lacune dans l’histoire de l’habitat entre le IV^e millénaire et environ 2500 av. J.-C. Par ailleurs, on a relevé des murs puissants de l’époque archaïque dont la fonction très probable était la protection de l’habitat contre les crues de l’Imbrasos. Sous une épaisse couche de sédiments correspondants à une phase d’inondation, on a dégagé des vestiges de l’habitat du BM, jusqu’ici inconnus (2000-1700 av. J.-C.).

La fouille dans les deux secteurs explorés montre que l’habitat du Chalcolithique Récent s’étend vers le Nord et que, comme les phases ultérieures du Bronze Ancien I/II, il a été détruit par les crues de l’Imbrasos. Ces catastrophes naturelles constantes ont mené à la construction, au BA III (2150-2000 av. J.-C.), d’une fortification d’une largeur de 2 m et d’une hauteur de 1,64 m, fondée directement sur le sol naturel. Cette construction constitue également la limite de l’habitat de la phase Heraion V à l’Est. Parmi le mobilier appartenant à cette phase, on signale une figurine en marbre (fig. 7), une fusaïole ornée, une coupe-Depas, ainsi que des askoi à décor inscrit. La découverte des limites orientales de l’habitat permet en outre d’observer que celui-ci s’étendait, au Bronze Ancien, entre les deux bras de l’Imbrasos, sur une surface approximative de 35 000 m² (fig. 8).

Au Bronze Moyen, des maisons ont été construites à l’extérieur de la fortification du Bronze Ancien, mais, pour remédier à leur exposition aux inondations, une digue en pierre (larg. 3 m ; haut. 0,70 m) a été aménagée pour les protéger. La fortification, l’architecture domestique, la céramique et les petits objets attestent un habitat florissant avec une organisation politique solide, qui peut être comparée aux habitats de Troie V-VI/ancien, Liman Tepe III, Çesme-Baglararasi 2b, Milet III, Tavsan Adasi/Didyma, Iasos et Beyxesultan V-IV.

Parmi la céramique recueillie, la majeure partie est d’origine locale, de tradition égéenne orientale et anatolienne occidentale. On relève une importante quantité de fragments de céramique importée de Grèce continentale (céramique grise minyenne), d’Asie Mineure occidentale (céramique à pate grise et milésienne), des Cyclades (Théra, Mélos) et de Crète palatiale et, à côté des importations crétoises, on observe de la vaisselle qui imite la céramique minoenne moyenne IIA-IIIA. Les séquences céramiques attestent des phases de constructions relativement courtes (env. 1800-1640/1630 av. J.-C.).