DELPHES. - Ville - 2013
Informations Générales
Numéro de la notice
4080
Année de l'opération
2013
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Notices et opérations liées
Description
Dans le cadre d’un programme de l’Ecole française d’Athènes, J.-M. Luce (Université de Toulouse) a poursuivi en 2013 l’étude de la ville de Delphes qui se déployait tout autour du sanctuaire d’Apollon (fig. 1).
L’objectif essentiel de la mission était la poursuite de l’exploration du côté Est, entre le sanctuaire et la fontaine Castalie (fig. 2). L’exploration a comporté une campagne d’inventaire des murs, une campagne de prospection géophysique, ainsi qu’une fouille au Nord de la terrasse d’Attale.
La campagne de prospection géophysique a donné des résultats importants, encore que d’interprétation délicate. Cinq techniques ont été utilisées : La prospection magnétique, la méthode électromagnétique, la tomographie électrique, le radar (GPR) et la résistance électrique. Ces diverses techniques ont révélé l’existence de constructions dans le secteur exploré, à diverses profondeurs. Les résultats obtenus permettent d’ores et déjà observer la logique d’ensemble. On observe un ensemble de rues qui sont plus ou moins rectilignes dans la partie la plus à l’Est, jusqu’à Castalie qu’elles devaient rejoindre. Dans la partie Ouest, elles s’incurvent. Dans l’ensemble, on a suivi les courbes de niveau. On s’est adapté au terrain, sans chercher à imposer un urbanisme théorique, orthonormé, à un terrain qui ne s’y prêtait guère. Les rues dont on commence à deviner le tracé devaient rejoindre les portes du péribole. Le sanctuaire et ses entrées ont déterminé l’existence de toutes ces rues, à moins qu’elles l’aient précédé et qu’au contraire ce fussent ses constructeurs qui aient tenu compte du réseau existant. Le péribole a en tout cas fixé l’urbanisme delphique pour toute l’Antiquité à partir du VIe s.
Afin de poursuivre l’étude du réseau de la voierie, on a par ailleurs ouvert un chantier de fouille au Nord de la terrasse d’Attale. Le secteur fouillé occupe, en l’état actuel du site, deux terrasses reliées entre elles par un vaste talus. La première terrasse est occupée par le bâtiment 1 et les murs 316-317. La terrasse inférieure relie le bas du talus à la terrasse attalide. La dénivellation entre les deux niveaux est de 2,40 m. La fouille a porté sur trois secteurs.
Secteur1. Pour obtenir une stratigraphie du talus, on a ouvert trois sondages perpendiculaires. Tous les trois ont montré que la totalité de la stratigraphie était faite de remblais et de colluvionnements modernes. La campagne 2013 n’a pu atteindre les niveaux antiques, mais les prospections géophysiques ont mis en évidence la présence de plusieurs murs sur la terrasse inférieure, repérés par plusieurs techniques différentes.
Secteur 2. Les compléments de fouille du bâtiment 1 (fig. 3), d’époque protobyzantine, ont permis d’en préciser le plan, mais nécessite encore des recherches. Le nombre total de pièces est encore inconnu. Le travail a porté sur les pièces 1 à 6, mais derrière les pièces 4 à 6, le bâtiment comportait d’autres pièces sur lesquelles on ne dispose pas encore d’information. On espère atteindre le sol de ces pièces en 2014 et, si possible, descendre plus profondément afin de dégager, s’il est conservé, le mur de péribole en cet endroit. Peut-être pourra-t-on préciser s’il y avait une porte en cet endroit ou non.
Secteur 3. Le dernier secteur se situe au Nord du mur 317. Ce sondage a été ouvert afin de connaître l’état de ce secteur après la construction du mur 316, qui se prolongeait, après un léger décrochement, au-dessus de 317, et éventuellement de mettre en évidence les couches antérieures à la construction du mur 317, daté par L. Lerat de l’époque géométrique. Après l’enlèvement de couches récentes, appartenant au colluvionnement moderne et aux terrasses agricoles encore cultivées il y a une cinquantaine d’années, on a atteint les premiers niveaux antiques, d’époque romaine (tardive ?), semble-t-il. Le secteur est délimité au Nord par un mur qui semble avoir été en partie volé. Sur le côté Est, un mur perpendiculaire a laissé quelques traces. Il a pu, à un moment de l’histoire, fermer la terrasse de ce côté. Il est possible que l’angle date du moment de la construction de 316 et de la reprise de 317, mais cela reste à confirmer.
Les travaux menés jusqu’en 2013 permettent d’émettre des hypothèses pour chaque période.
– L’époque antérieure au péribole. L’époque mycénienne est encore à découvrir dans ce secteur. Il est possible que certaines des anomalies enregistrées par la géoprospection sur la terrasse inférieure correspondent à des constructions de cette époque, puisqu’elles se situent à une grande profondeur et qu’elles se trouvent à proximité des maisons mycéniennes découvertes plus à l’Est par L. Lerat. L’époque géométrique est représentée par le mur 317, daté par la céramique découverte contre sa base, un mur de soutènement en gros blocs irréguliers, très semblable à ceux des maisons découvertes au Nord Est du sanctuaire. Ce mur atteste d’un niveau, sans doute plus bas que celui de l’époque classique. Il est possible qu’il ait longé une voie conduisant vers l’Est. A cette époque, il n’y avait pas de péribole fermant l’accès du centre de la ville, et l’on peut donc s’attendre à ce que les rues conduisant vers l’Ouest aient été nombreuses.
– L’époque archaïque, classique et hellénistique : l’époque du péribole. L’époque archaïque correspond à la construction du péribole II, dont un tronçon a été repéré, du bâtiment B à la terrasse attalide, par les fouilles du XIXe s. On espère préciser, en 2014, s’il existait une entrée sous la pièce 2 du bâtiment 1 ou si le péribole barrait entièrement l’accès au sanctuaire de ce côté, au nord de la porte D. Le système des terrasses ne semble pas avoir beaucoup changé depuis l’époque géométrique. L’époque classique/hellénistique est une période de réaménagement de toute la zone. Au Sud, la construction de la terrasse Est a conduit à l’enfouissement de la zone qui s’étendait devant les soutènements 337-339 et a probablement conduit à la (re)construction de la voie 323 et de son prolongement en bordure sud de la nouvelle construction. Le bâtiment, qui contient de nombreux blocs de remplois du temple alcméonide, doit dater du IVe s., sans doute le quart de siècle qui a suivi la destruction du temple vers 373. C’est aussi au IVe s. et au IIIe s. s. que le système des terrasses dans la zone fouillée a été remodelé. La construction de la terrasse attalide et du pilier d’Eumène II a constitué un changement profond dans la partie Sud, en provoquant la fermeture de la porte D, remplacée par son système d’entrée. Elle rendait le passage par le Nord plus utile encore. La rue montante 323 a sans doute été réaménagée et dallée à cette époque, car le dallage s’accorde avec le mur oblique reliant l’oikos au portique et dans lequel était percé l’entrée Est de la terrasse.
– L’époque protobyzantine : l’ouverture du péribole. L’époque byzantine correspond à un changement majeur dans l’organisation de tout le secteur. Une partie du péribole a été démontée pour permettre la construction du bâtiment 1. Il comportait une série de pièces ouvrant sur le Sud où devait se trouver une voie de circulation conduisant à l’intérieur du sanctuaire. S’il existait une porte dès la construction du péribole II, celle-ci été recouverte par le nouveau bâtiment ou en tout cas condamnée. S’il n’existait pas d’entrée, c’est à cette époque qu’elle aura été créée. Dans l’hypothèse où il n’y aurait pas encore eu de porte dans le péribole à l’époque archaïque-hellénistique, on peut penser que la construction du bâtiment 1 a entraîné l’aménagement d’une voie de circulation Est-Ouest permettant de pénétrer librement dans le sanctuaire, devenu une partie du village. S’il existait déjà une porte, elle a sans doute été déplacée et agrandie. On n’a pas entrepris de raser entièrement l’enceinte, mais qu’on s’est contenté de procéder à un démontage localisé, afin de permettre de réaménager l’accès à la zone enclose du côté Nord-Ouest. Cela signifie que le péribole ne constituait pas une gêne majeure à la circulation, sauf, justement, au Nord de stoa d’Attale.
Auteur de la notice
Catherine Bouras
Références bibliographiques
D'après J.-M. Luce dans le rapport des activités de l'EfA pour 2013.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran
Date de création
2014-05-07 00:00:00
Dernière modification
2022-04-04 14:45:39
Figure(s)
Fig. 1/ Delphes. - La ville de Delphes, avec l'emplacement des rues indiquées par des couleurs graduées en fonction du degré de certitude. En gris, les tranchées du XIXe s.
Fig. 2/ Delphes. - La zone fouillée, avec les résultats de la prospection géophysique et les murs relevés par Tournaire.