THÉRA. - Kamari - 2004
Informations Générales
Numéro de la notice
3224
Année de l'opération
2004
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Kamarion
Kamarion
Notices et opérations liées
Description
Dans le village moderne de Kamari, sur l’île the Théra, M. Eustathiou (XXIe éphorie des antiquités préhistoriques et classiques) a mené une fouille d’urgence (2001-2004) dans la nécropole de l’antique Oias (terrain de l’Évêché Catholique), mettant au jour des tombes datées du VIe s. av. J.-C. au VIe s. apr. J.-C, ainsi que les vestiges d'un bâtiment de l'Antiquité tardive (fig. 1).
Le terrain exploré est situé au Sud-Ouest de l’angle formé par la route menant de Kamari à Phira (au Nord) et la rue de la plage (à l’Est). Les tombes mises au jour complètent celles découvertes dans les terrains voisins à l’Ouest lors de précédentes fouilles d’urgence (1986-1993). Il s’agit principalement de tombes à crémation de la période archaïque et de tombes à ciste de l’époque romaine (fig. 2). Des tombes à chambres rectangulaires ont également été mises au jour, une forme connue ailleurs à Théra (Eleusis et Perissa). Les conditions de préservation des tombes et de la stratigraphie ont rendu la fouille et l’interprétation des données difficiles.
On a mis au jour 22 tombes d’enfants en vases (principalement des amphores à base pointue), 32 tombes à crémation et 4 foyers appartenant à la première phase de la nécropole. Elles sont datées du VIe au Ve s. av. J.-C. Les tombes à crémation sont modestes. Des fragments de tables à offrandes – dont l’une portait une inscription – ont néanmoins été découverts. Une des tombes d’enfants a livré un bracelet en bronze.
Malgré la découverte de quelques tessons datés du IVe s. av. J.-C. et de la période hellénistique, aucune tombe n’a pu être attribuée cette ère chronologique.
Entre les tombes archaïques et d’autres plus tardives, 18 tombes à ciste ont été mises au jour. L’étude préliminaire du matériel a permis de les dater du IIe – IIIe s. apr. J.-C. Il s’agit de fosses étroites (1,70-2,10 m x 0,50-0,70 m) dont les parois sont revêtues de dalles de calcaire ou de schiste, parfois réutilisées. Toutes les tombes sont d’orientation Nord-Sud, à l’exception d’une orientée d’Est en Ouest. Les huit tombes ayant livré des vestiges humains suffisamment préservés ont permis de déterminer que le défunt était placé sur le dos, la tête vers le Sud. La découverte de clous en fer à l’intérieur des tombes a par ailleurs suggéré l’utilisation de brancards en bois. Huit des tombes étaient vides, une contenait une bague en bronze et les neuf autres contenaient généralement deux ou trois vases, pour la plupart en verre. On note également la découverte d’une lampe, d’un lagynos, d’un pot en bronze, d’une autre bague en bronze, d’un fragment de serrure en bronze, d’un fragment d’épingle et de quelques fragments d’objets en os. Trois tombes à fosse pourraient également dater du IIe ou du IIIe s. apr. J.-C., à moins qu’elles ne soient plus tardives. L’une de ces fosses contenait deux tombes. Le matériel se limitait à une lampe. La deuxième n’a livré que les os du défunt, tandis que dans la troisième, la seule où le mort était placé la tête vers le Nord, une monnaie de bronze a été découverte à hauteur de la bouche. Quelle que soit la datation de ces dernières, les fouilleurs estiment qu’il n’est pas aisé de déterminer si la densité importante de l’occupation romaine de cette partie de la nécropole doit être attribuée aux conditions de préservation du site ou à une réalité antique.
Six tombes construites, rectangulaires, appartiennent à la période d’occupation la plus tardive de la nécropole. Elles sont datées du IIe au VIe s. apr. J.-C. Trois d’entre elles forment des structures indépendantes, les trois autres sont mitoyennes. L’orientation de chaque tombe diffère, de même que l’emplacement de leur accès, toujours placé sur l’un des côtés étroits.
- La tombe construite 1, dans l’angle Sud-Ouest du terrain, présente une orientation Est-Ouest. L’entrée, située dans le mur Est, fut bloquée à un moment donné par un muret de forme absidale. Dans la pièce (2,60 x 3,10 m), l’extrémité Ouest d’une tombe orientée d’Est en Ouest a été mise au jour. Dans la partie Sud de la tombe, on a découvert une niche remplie d’os. La couche mise au jour dans la pièce contenait de nombreux ossements et tessons. Le matériel découvert n’a pas permis de préciser la chronologie de la structure.
- La tombe 2, dans l’angle Sud-Est du terrain, se poursuit vers le Sud en dehors de ses limites. Perturbée par la culture de pistachiers, la partie de la pièce mise au jour mesure 3,10 x 1,70 m. L’accès se trouve du côté Sud ou, plus probablement, Est. La maçonnerie est similaire à celle de la tombe 1. Quatre inhumations ont été mises au jour en deux niveaux. Elles présentent des orientations distinctes Nord-Sud et Est-Ouest et sont séparées par des délimitations en fragments de plaques d’argile revêtues d’un enduit de plâtre. Dans la couche associée au niveau de sol supérieur au sein de la structure, une grande quantité d’os, de tessons et de fragments de vases en verre et de lampes ont été mis au jour, ainsi que un strigile en bronze, des perles, une bague en or avec une pierre semi-précieuse à motif gravé. Les perturbations subies par la tombe n’ont pas permis de restituer une chronologie détaillée, mais cinq lampes complètes ont indiqué que la tombe était en usage dans la seconde moitié du IVe et au Ve siècle apr. J.-C.
- La tombe 3, la plus au Nord, est aussi la mieux préservée. D’orientation Nord-Sud, elle présente un plan carré (2,50 m de côté) avec un accès du côté Nord. Trois espaces alignés, d’orientation Nord-Sud, étaient séparés par des murets en calcaire. L’espace à l’Est contenait les restes de deux inhumations, la tête du mort placée au Sud, ainsi que 16 vases en verre, 6 lampes et les fragments d’autres, un vase en argile, quelques éléments en os qui provenaient des vêtements des défunts, une monnaie en bronze, des fragments d’objets en bronze et en os, dont un fragment de serrure et deux bagues en bronze, ainsi qu’un pendentif en or. L’espace à l’Ouest a livré 4 lampes et les fragments d’autres, un flacon en bronze, des fragments de vases en verre et des fragments d’objets en fer et d’attaches en os. Dans l’espace central, qui contenait probablement le dépôt funéraire le plus récent, le mort était placé tête vers le Sud. Deux vases en verre, un strigile en bronze et trois lampes lui étaient associés. En plus de ces trouvailles indépendantes, chaque espace a livré des clous en fer. Au-dessus du niveau de sol, deux couches distinctes sont apparues : l’une contenait des tessons, des fragments de lampes et quelques os, l’autre, au-dessus, contenait des pierres, des fragments d’enduit de chaux et une grande quantité de céramique. Cette dernière provenait de l’effondrement du toit. Parmi le matériel découvert au sein de la structure, certaines des lampes portaient un motif de disques daté du IIe ou du IIIe s. apr. J.-C. Deux autres portaient respectivement une représentation de gladiateurs et de Ganymède. La tombe était complétée au Sud par une addition en Pi qui contenait des ossements, et au Nord par un espace de forme absidale face à l’entrée, dont la date n’a pu être déterminée.
Outre ces trois tombes indépendantes, trois autres ont été identifiées, associées, dans la partie Est du terrain exploré :
- la plus au Sud, située immédiatement au Nord de la tombe 2 était perturbée par une fosse moderne et seuls ses murs extérieurs ont pu être identifiés ;
- une autre, située immédiatement au Nord de la précédente, est dénommée tombe 4. Sa maçonnerie était similaire quoique moins élaborée que celle de la tombe 3, tandis qu’à l’intérieur la subdivision de l’espace répétait celle de la tombe 1. Une tombe à ciste était délimitée par des parois dans le prolongement des montants de l’accès, situé à l’Est. Le mort était placé avec la tête à l’Ouest. Dans l’angle Sud-Est de la tombe, les restes d’un squelette d’enfant ont été identifiés. La tombe a livré 5 lampes et les fragments d’autres ainsi que, masqués sous une couche de calcaire sous le défunt, des ossements. L’espace extérieur à l’Est de la tombe a livré les vestiges possibles d’une structure plus ancienne ;
- la tombe 5 se trouvait immédiatement au Nord de la tombe 4. De l’espace intérieur, on notera les deux murs respectivement parallèles aux murs extérieurs Nord et Ouest. Seul le compartiment Ouest a pu être identifié avec certitude comme une tombe. La partie Est de la tombe est démolie, mais l’accès se trouvait vraisemblablement de ce côté. Dans l’espace à l’extérieur de cette pièce, du côté Est, deux tombes furent découvertes. Celle au Nord a livré un os et quelques tessons. Celle au Sud contenait un matériel beaucoup plus abondant. Dans une couche de 0,30 m les restes de 4 adultes et plusieurs jeunes enfants ont été découverts, ainsi que quelques lampes complètes.
Il semblerait que les tombes 3 et 4 puissent être datées du Ve ou du VIe s. apr. J.-C. La tombe 5 serait plus tardive. Ainsi, les tombes rectangulaires mises au jour s’étalent du IIe au VIe s. apr. J.-C., alors que l’on considérait auparavant que ce type de tombe avait cessé d’être utilisé à Oias au IIIe s. apr. J.-C.
En plus des éléments relatifs à la nécropole, des vestiges datés de l’antiquité tardive ont été découverts dans la partie Nord-Est du terrain (fig. 3). Neuf espaces semblaient appartenir à deux structures distinctes d’orientation Est-Ouest, dont la fouille est demeurée inachevée. On notera la découverte d’une tête féminine en marbre de l’époque romaine qui provenait de l’un des murs.
Auteur de la notice
Catherine Bouras
Références bibliographiques
M. Eustathiou, AD 56-59 (2001-2004), B6, p. 99-104.
Légende graphique :
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Date de création
2013-06-13 00:00:00
Dernière modification
2023-10-11 14:32:50
Figure(s)
Fig. 2/ Théra, Kamari, terrain de l'évéché Catholique, tombe à ciste romaine aux côtés d'une tombe d'enfant (enchytrisme) de l'époque archaïque.