NICOSIE. – Colline d’Aghios Georgios-PA-SY-DY - 2006
Informations Générales
Numéro de la notice
22
Année de l'opération
2006
Chronologie
Mots-clés
Église - Citerne - Monnaie - Revêtements (mur et sol) - Flore - Métal - Édifice religieux - Installation hydraulique - Habitat - Production/extraction - Sanctuaire
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Lefkoşa İlçesi, Nicosia
Lefkoşa İlçesi, Nicosia
Notices et opérations liées
20062007
Description
La quatorzième et dernière campagne de fouilles sur la colline d’Aghios Georgios-PA-SY-DY (site prévu pour la construction du nouveau bâtiment de la Chambre des Représentants), s’est déroulée du 22 mai au 7 juillet, sous la direction de Despo Pilides. Au cours des dix dernières années, on a mis en évidence un grand site archéologique (qui s’étend sur environ 11000 m2), en essayant de localiser l’extension des vestiges en vue de la construction imminente du bâtiment. Une grande zone, située au centre et au Sud du site, ne sera pas explorée.
À l’exception d’une portion de construction circulaire en pierre, qui date du Chalcolithique Récent et qui a été découverte à l’extrémité Sud-Ouest du site, dans une zone fortement perturbée, le quartier dégagé date de la période hellénistique. Il suit un plan régulier, fait de rues parallèles d’orientation Est-Ouest, avec une grande rue centrale qui le divise du Nord au Sud. Des bâtiments sont construits entre les rues. Ils possèdent des pièces rectangulaires de différentes dimensions. Le mobilier recueilli montre que les habitants fabriquaient des objets d’argile, de pierre et de métal et qu’ils s’adonnaient au tissage. On a également découvert du matériel archaïque et classique, pour l’essentiel dans des bothroi, mais aussi quelques vestiges architecturaux datant de ces périodes. Ces derniers ne sont que très partiellement préservés, en raison de la nature du sol, mais aussi à cause des reconstructions postérieures de la période hellénistique.
Le caractère votif d’une grande partie du matériel datant des périodes hautes suggère l’existence d’un sanctuaire, auquel étaient destinés les objets fabriqués sur place. Dans la zone Nord du site, on a fouillé des fours à céramiques, tradition qui s’est poursuivie jusqu’à l’époque chrétienne, après un hiatus entre le Ier s. av. et le IVe s. apr. J.-C. Dans la même zone, les périodes suivantes de l’histoire du site sont documentées par un bâtiment religieux, qui a connu quatre phases successives, jusqu’au début de la période vénitienne, quand la ville de Nicosie s’est déplacée à l’intérieur de ses nouvelles murailles.
Le caractère votif d’une grande partie du matériel datant des périodes hautes suggère l’existence d’un sanctuaire, auquel étaient destinés les objets fabriqués sur place. Dans la zone Nord du site, on a fouillé des fours à céramiques, tradition qui s’est poursuivie jusqu’à l’époque chrétienne, après un hiatus entre le Ier s. av. et le IVe s. apr. J.-C. Dans la même zone, les périodes suivantes de l’histoire du site sont documentées par un bâtiment religieux, qui a connu quatre phases successives, jusqu’au début de la période vénitienne, quand la ville de Nicosie s’est déplacée à l’intérieur de ses nouvelles murailles.
Au cours de ces campagnes de fouilles, nous nous sommes particulièrement souciés de la restauration et de la mise en valeur du site. De fait, les problèmes sont multiples, liés tant à la nature du sous-sol qu’à la déclivité du terrain, qui influent sur l’état de conservation des vestiges. La restauration a déjà débuté et, jusqu’à ce qu’une décision soit prise pour le développement de la zone environnante, nous poursuivrons la mise en valeur en clôturant le site (pour éviter les accidents et les actes de vandalisme), en ménageant des chemins tout autour du site et en disposant des panneaux d’information. Il faudra ultérieurement envisager la couverture de plusieurs zones, parmi les plus importantes et les plus fragiles.
En outre, on a achevé cette année la fouille de plusieurs zones essentielles pour résoudre un certain nombre de questions et l’accent a été mis sur des programmes scientifiques de recherche (étude paléobotanique d’échantillons provenant de foyers, de bothroi, de canaux d’écoulement et d’autres installations artisanales). Evi Margariti, paléobotaniste, a prélevé les échantillons, qui seront analysés au laboratoire Wiener de l’École américaine d’Athènes. On a déjà identifié des graines, des pépins de raisin et des noyaux d’olives. Cette étude donnera d’importants résultats et permettra de mieux connaître les activités qui avaient lieu sur le site.
On a également fouillé deux foyers, qui avaient été découverts en 2004 dans une pièce rectangulaire à laquelle on accédait depuis la rue 11 au Nord et, peut-être, depuis la rue 6 à l’Est. La pièce appartient à un complexe plus vaste de pièces semblables, situées au Sud de la rue 11, où l’on a fait des trouvailles de même type, qui paraissent indiquer qu’il s’agit d’ateliers métallurgiques. Vu l’état de conservation remarquable de ces foyers (n° 61 et 55), la fouille a été effectuée en collaboration avec des spécialistes, Walter Fasnacht et Ian Hedley, en parallèle avec un programme d’analyses.
La fouille du foyer n° 61 a permis de mettre en évidence les techniques de fabrication des objets (pour l’essentiel en fer). Elle a également montré comment les foyers étaient refaits après de multiples utilisations. Des échantillons de scories de fer ont été examinés au microscope et envoyés à l’Université d’Oxford pour des analyses plus poussées. Le foyer n° 55, de forme circulaire, possède un sol et des parois d’argile, comme beaucoup d’autres foyers du site. Il a été établi, lui aussi, sur un foyer plus ancien, qui a été en partie réutilisé.
Par ailleurs, dans le cadre d’un programme pédagogique ponctuel, en collaboration avec le Rotary Club d’Aspelia, des élèves de primaire ont participé à la fouille : il s’agissait de les éduquer et de les sensibiliser à la valeur et à une gestion responsable du patrimoine culturel. À la fin du programme, une petite manifestation a eu lieu sur le site, au cours de laquelle les enfants ont servi de guides et ont présenté le travail accompli.
Le but de cette campagne n’était pas d’étendre la fouille (la zone fouillée est déjà, par force, très vaste). Mais il fallait achever d’explorer certaines zones.
- Secteur XVII
Dans le secteur XVII, on a fouillé une structure souterraine (n° 63), rectangulaire et construite en pierre, sous la rue 3. Cette dernière était presque entièrement détruite à cet endroit, en raison des perturbations modernes. La structure souterraine se situe dans l’axe de trois autres similaires, de plan circulaire. La fréquence dans cette zone des structures construites de ce type — s’il s’agit bien de bothroi —, montre que le sanctuaire devait se trouver au sommet de la colline, où les couches archéologiques ne sont pas conservées. Seuls deux bothroi rectangulaires sont connus jusqu’à présent. Le bothros n° 63 mesure 1,5 X 1 m, sur 2,20 m de profondeur. Des perturbations ont détruit l’un de ses côtés. On n’a pas recueilli à l’intérieur de grandes quantités de cendres, comme c’est habituellement le cas, ni de figurine, mais seulement de la céramique et deux osselets en os, ainsi que plusieurs poids de métier à tisser (dont un de forme conique), des fragments d’enduit argileux et des ossements animaux. Il n’est pas impossible que ces structures aient eu une autre fonction avant qu’on y jette le matériel mentionné ci-dessus et qu’on en condamne l’usage.
On a également exploré la zone où avait été repérée, lors de la campagne précédente, une série de grandes pierres de taille, au Nord de la rue 13. Là, les vestiges architecturaux sont mieux conservés, car ils ont été moins exposés aux perturbations modernes. Des pièces rectangulaires de différentes dimensions ouvrent sur la rue 13 par une entrée monumentale, construite avec les pierres de taille évoquées ci-dessus. Des constructions semblables sont attestées dans les secteurs V, XIII, XVII et X, où la grande pierre rectangulaire du seuil a été enlevée pour servir de table de presse à olives. On a découvert dans cette zone de petites quantités d’argile et deux petites cavités remplies de cendres. Une petite fosse circulaire, à l’extérieur du bâtiment, contenait de nombreux ossements animaux et deux osselets en os, mais aucun autre matériel de nature votive. Dans une autre pièce du même bâtiment, on a trouvé des poids de métier à tisser et deux anses d’amphores rhodiennes timbrées. L’analyse des échantillons, notamment botaniques, donnera sans doute des indications sur la fonction de ce bâtiment.
Tous ces vestiges ont été exhumés, comme à l’accoutumée, sous une épaisse couche de pierres et de terre, qui correspond à des périodes de destruction, d’abandon et d’effondrement. Les foyers installés sur les rues et des murs étroits, qui ne suivent pas le plan régulier précédent, témoignent d’une courte période de réoccupation. Une monnaie de Ptolémée, roi de Chypre, frappée à Paphos (80-58 av. J.-C.), permet de dater cette phase, avant l’abandon définitif du site. La phase antérieure, au plan régulier, a été mise en évidence sur la totalité du terrain fouillé, dans des couches plus profondes. Deux monnaies, l’une recueillie dans les couches supérieures du remblai, l’autre sur le sol de la pièce datent respectivement de Ptolémée I Sôter (305/4-285/4) et de Ptolémée II Philadelphe (266 av. J.-C.) : elles confirment que le bâtiment a été construit au tout début de la domination lagide.
De l’autre côté de la rue 13, on a mis au jour des murs de 1,2 m d’épaisseur (sans doute destinés à soutenir un étage). Ils délimitent deux pièces rectangulaires. La pièce Nord est divisée en deux parties inégales par un mur intérieur. Ce bâtiment remarquable se poursuit à l’Est dans une zone qui n’a pas été fouillée et il est séparé du complexe de citernes, à l’Ouest, par un autre mur, large, d’orientation Nord-Sud. D’autres murs semblables, moins bien conservés, se prolongent vers le Sud, où se trouvait un autre ensemble de citernes. Ces vestiges, au Sud de la rue 13, étaient eux aussi recouverts par une épaisse couche de pierres effondrées et de terre. Ils paraissent contemporains du complexe de citernes à sol en mortier et cupule circulaire au fond, qui a été dégagé au Sud de la rue et à l’Ouest de cet ensemble de constructions. Les citernes rectangulaires en mortier ont remplacé les citernes circulaires construites lors d’une phase ultérieure. L’étude des échantillons prélevés à l’intérieur des citernes nous renseignera peut-être sur leur usage.
- Secteur VIII
Dans ce secteur, où l’on a mis au jour une église, en usage pendant quatre phases successives, la fouille a porté sur la grande citerne de pierre, découverte en 2003. Il s’agit d’un ouvrage remarquable, à couverture voûtée. Elle a vraisemblablement été détruite lors des travaux de construction de l’ancien bâtiment de PA-SY-DY : deux piliers de béton cylindriques et un rectangulaire ont été coulés dans la citerne pour supporter l’édifice. Après les avoir entièrement dégagés, les piliers ont été découpés et enlevés, ce qui a permis d’explorer les couches inférieures. Sous une couche d’argile, une autre couche, de couleur grise, renfermait des fragments d’enduit et de peintures murales. Au-dessous, se trouvaient des blocs de poros brûlés et au-dessous encore, plusieurs tambours de colonnes à facettes. Au fond, au-dessus du sol, on a découvert du matériel organique brûlé, qui a laissé des empreintes sur la partie inférieure des murs. Les murs de la citerne ne portent toutefois pas de trace d’incendie. Le sol est recouvert de mortier et incliné. Il n’est conservé que sur une petite portion du côté Est, à une profondeur de 4,87 m (6,12 m sous la surface). Au même point aboutit l’escalier de pierre de 21 marches qui commence du mur Sud et se poursuit, après un angle à 90 °, sur le mur Est.
Une grande canalisation creusée dans l’angle Sud-Ouest acheminait l’eau à l’intérieur. Seules 8 marches étaient restées en place, au bas de l’escalier. Une colonne de béton avait été coulée dans le mur Ouest pour renforcer l’étaiement du bâtiment de PA-SY-DY et on avait ménagé une ouverture dans le mur Nord dont la partie inférieure était constituée d’une grande plaque horizontale. Cet endroit n’a pas été exploré car, juste après, se trouve un autre grand pilier de béton, qui n’a pas été enlevé afin de soutenir le mur Nord de la citerne. Même si beaucoup de conclusions restent hypothétiques dans la mesure où l’ensemble de l’édifice n’a pas été fouillé, il semble qu’après l’incendie de la première basilique (documenté par les traces de feu sur le sol et par la couche de cendres qui le recouvrait), les objets brûlés ont été jetés dans la citerne, qui a donc connu une autre utilisation. Ses dimensions impressionnantes, son architecture et les fragments architecturaux qui ont été découverts à l’intérieur montrent qu’elle appartenait à un bâtiment important. Le remplissage contenait des tuiles, des fragments de peintures murales byzantines et de la céramique qui va jusqu’au XVIe s., ce qui fournit des indications chronologiques sur la période de fonctionnement des bâtiments ecclésiastiques et sur celle de leur abandon.
Une grande canalisation creusée dans l’angle Sud-Ouest acheminait l’eau à l’intérieur. Seules 8 marches étaient restées en place, au bas de l’escalier. Une colonne de béton avait été coulée dans le mur Ouest pour renforcer l’étaiement du bâtiment de PA-SY-DY et on avait ménagé une ouverture dans le mur Nord dont la partie inférieure était constituée d’une grande plaque horizontale. Cet endroit n’a pas été exploré car, juste après, se trouve un autre grand pilier de béton, qui n’a pas été enlevé afin de soutenir le mur Nord de la citerne. Même si beaucoup de conclusions restent hypothétiques dans la mesure où l’ensemble de l’édifice n’a pas été fouillé, il semble qu’après l’incendie de la première basilique (documenté par les traces de feu sur le sol et par la couche de cendres qui le recouvrait), les objets brûlés ont été jetés dans la citerne, qui a donc connu une autre utilisation. Ses dimensions impressionnantes, son architecture et les fragments architecturaux qui ont été découverts à l’intérieur montrent qu’elle appartenait à un bâtiment important. Le remplissage contenait des tuiles, des fragments de peintures murales byzantines et de la céramique qui va jusqu’au XVIe s., ce qui fournit des indications chronologiques sur la période de fonctionnement des bâtiments ecclésiastiques et sur celle de leur abandon.
Auteur de la notice
Texte transmis par Pavlos FLOURENTZOS - (traduction : S. Fourrier)
Références bibliographiques
D. Pilides, dans le rapport d'activités du Département des antiquités de Chypre.
Légende graphique :
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Date de création
2009-11-30 00:00:00
Dernière modification
2024-02-14 12:51:43