CORINTHE - 1982

Fouilles de l'École américaine. — En 1982 C. K. Williams II a poursuivi les recherches entreprises l'année précédente à l'Est du théâtre, précisant la séquence de l'occupation dans ce secteur.

1) Néolithique. — Un sondage effectué dans la couche néolithique a permis de constater que les dépôts préhistoriques étaient mêlés, comme le prouvent l'absence de tout vase complet et la présence de tessons HA I jusqu'au contact du sol vierge.

2) Géométrique. — De nombreux vases fragmentaires du Géométrique Moyen et du Géométrique Récent1 1, les uns à couverte brillante, les autres en céramique commune, ont été recueillis dans un puits, mêlés à des tessons préhistoriques.

3) Corinthien. — Une fosse a produit des vases qui datent apparemment de la fin du Corinthien Ancien et qui sont pour la plupart des coupes et des cotyles à couverte brillante, brisés mais complets.

4) Classique. — La trouvaille la plus intéressante de ce niveau est un dépôt de vases miniatures — trois skyphoi, un cratérisque, un plat et une phiale — associé à une figure féminine trônante, le tout disposé sur un sol, devant un foyer à entourage de briques. Le niveau peut être daté de la fin du deuxième quart ou du début du troisième quart du V^e siècle av. J.-C.

5) Hellénistique. — Aucune trouvaille particulière n'est signalée cette année.

6) Romain. — C'est seulement à partir de l'époque romaine que l'on peut préciser la nature de l'occupation dans ce secteur. La limite Nord de la fouille est constituée par une rue Est/Ouest qui présente deux états, dont le second est pavé et bordé — au Sud tout au moins — par une colonnade. Cette rue relie une cour dallée, située à l'angle Nord-Est du théâtre, à la route de Léchaion. Une rue Nord/Sud plus étroite, dont un segment est pavé, longe le côté oriental du théâtre. Elle est bordée, à l'Est, par un bâtiment de 8,80 m de large, construit en plusieurs étapes, qui abrite une série de pièces à usage de boutique ou d'atelier. C'est immédiatement à l'Est de cet ensemble que s'étend la vaste maison romaine précédemment reconnue, et qui incorpore un sol en mosaïque de galets du IV^e siècle av. J.-C. (fig. 24). Dans la pièce voisine de celle où l'on avait trouvé, en 1981, un panneau de verre en opus sectile (v. BCH 109 [1982], p. 542, fig. 21), on a exhumé cette année, sous une couche de briques crues et de tuiles effondrées, un amas de vases domestiques (amphores, marmites, lampes, entonnoir) qui désignent la pièce comme un magasin. Des dépôts de remplissage associés à la maison ont par ailleurs livré de nombreux fragments de masques comiques et tragiques en terre cuite, tous issus de moules différents. La céramique et les monnaies permettent de dater précisément la destruction de cette maison du milieu du III^e siècle ap. J.-C.

La fouille d'un puits, dans l'une des boutiques qui bordent la rue Nord/Sud, a mis en évidence une autre phase de destruction — probablement liée aux incursions d'Alaric — à la fin du IV^e siècle ap. J.-C. Le puits était comblé par un amas de débris de construction recouvrant directement un ensemble d'objets du IV^e siècle, dont une monnaie, une lampe, plusieurs amphores ainsi que deux bouteilles en verre et une en céramique de profil identique (fig. 25-26) datables des environs de 395 ap. J.-C.

7) Antiquité tardive et Moyen Age. — Divers aménagements (fosses, foyer, bassin en pierre) attestent une réoccupation de ce secteur entre le V^e et le milieu du VII^e siècle ap. J.-C. On ne sait si c'est au VII^e siècle ou plus tard qu'il faut placer le démantèlement du théâtre dont témoigne, dans l'angle Sud-Ouest de la fouille, une couche d'éclats de pôros — résultant du débitage des blocs sur place — qui recouvre les derniers niveaux romains. Il semble toutefois, d'après l'examen des sols et des murs qui reposent sur cette couche de déchets de taille, que la cavea survécut jusqu'à l'époque byzantine tardive.