KRITOU MAROTTOU - Aïs Giorkis - 2006
Informations Générales
Numéro de la notice
20
Année de l'opération
2006
Chronologie
Mots-clés
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Kritou Marottou, Gritmarut
Kritou Marottou, Gritmarut
Notices et opérations liées
Description
Le but principal de cette campagne sur le site néolithique acéramique de Kritou Marottou-Aïs Giorkis, dans le district de Paphos (Université de Nevada, sous la direction d’Alan Simmons), était de déterminer l’extension du gisement exploré au cours des quatre dernières années. 77 m2 ont été fouillés en 2006, pour une superficie de fouille totale de 199 m2. Dans certaines zones, les sondages vont jusqu’à 1 m de profondeur. Douze sondages ont été ouverts au cours de cette campagne (dix de 2,5 X 2,5 m ; un de 1,5 X 2,5 m dans la zone la plus élevée du site ; un de 10 X 1 m sur le versant).
Encore une fois, les résultats ont dépassé nos attentes. Quinze datations C14 ont pu être utilisées : elle situent la période de fréquentation du site vers 7500-7900 av. J.-C. (phase médiane du Néolithique acéramique = Pre-Pottery Neolithic B chypriote). En outre, on a découvert d’autres vestiges architecturaux — jusqu’à présent, la fouille n’avait révélé qu’une structure circulaire à soubassement de pierre et un morceau de sol enduit. On connaît désormais au moins trois fosses de grandes dimensions et plusieurs plus petites. Une seule a été fouillée entièrement, mais on a fait des coupes exploratoires dans deux autres. La stratigraphie de la fosse fouillée est assez complexe et révèle une utilisation soutenue. La cavité a un diamètre de 3 m. Il est possible qu’elle ait eu un usage domestique : on y a découvert deux trous de poteaux, des déchets de taille d’outils, ainsi que des échantillons botaniques assez bien conservés. Les autres fosses, bien que plus petites, livrent un matériel relativement important et renseignent sur la déclivité originelle du terrain. On a également dégagé une autre structure, peut-être un canal d’évacuation.
Il convient, en outre, de signaler la découverte importante, effectuée au cours de la campagne précédente, d’un sol enduit, délimité d’un côté par un mur, et qu’on avait interprété comme une chambre. Les fouilles de cette année ont montré que ce mur s’enfonce plus profondément que la surface enduite et que, donc, cette dernière ne peut pas être un sol. Il s’agit plus vraisemblablement d’une plate-forme ou d’un mur d’appui. On peut la comparer avec la plate-forme de pierre de forme ovale, dégagée plus anciennement. À peu près au centre de la structure, se trouve une fosse à surface enduite, en partie détruite à cause de l’érosion et du poids du colluvionnement. Elle devait être relativement grande (diam. peut-être supérieur à 5 m). On a également découvert une plate-forme plus petite avec une surface plane de galets et une autre fosse circulaire. On a aussi délimité les contours d’une autre fosse, qui n’a pas été fouillée. L’interprétation de ces différentes trouvailles n’est pas assurée. Il est possible qu’il s’agisse de bases de maisons ou de plates-formes sur lesquelles les habitants accomplissaient des danses rituelles. Quoi qu’il en soit, ces découvertes sont uniques dans la région à cette époque.
Le matériel botanique recueilli, dans un excellent état de conservation, sera étudié par Sue Colledge (University College, Londres). Les analyses, en cours, ont d’ores et déjà permis d’identifier des graines de céréales et d’orge.
On a également ramassé une grande quantité d’ossements animaux, qui seront étudiés par Paul Croft, et plus de 100000 outils de pierre. Certains types d’outils sont encore proches d’exemples proche-orientaux, notamment plusieurs projectiles de manufacture simple. Deux concentrations ont été identifiées, qui ont livré respectivement environ 3700 et 10000 outils en place. On a également recueilli des objets en picrolite, des coquilles marines et plusieurs lames d’obsidienne. Les instruments de pierre polie sont très nombreux et d’une grande qualité. Mentionnons notamment un vase de picrolite et des fragments d’un bassin peu profond. Un récipient du type « vaisselle blanche », qui a été restauré au laboratoire du Département des Antiquités, constitue une trouvaille particulièrement importante. Il était placé au-dessus de l’ouverture d’une fosse, à côté d’un autre vase de même forme. Dans la même fosse, on a découvert, pour la première fois, les ossements d’un nouveau-né.
La variété des trouvailles, les quelques ossements de bovidés ainsi que la présence d’importants objets de valeur invitent à supposer que le site était utilisé pour des repas collectifs.
Les recherches menées à Aïs Giorkis livrent des informations importantes concernant les premières phases du peuplement de l’île. Le site, sur les hauteurs qui dominent Paphos, grâce à ses vestiges architecturaux uniques, ses outils de belle manufacture en silex ou en pierre polie, ses espèces végétales et bovines domestiquées, éclaire d’un nouveau jour la colonisation de l’île par ses premiers habitants. Les fouilles se poursuivront en 2007.
Auteur de la notice
Texte transmis par Pavlos FLOURENTZOS - (traduction : S. Fourrier)
Références bibliographiques
A. Simmons, dans le rapport d'activités du Département des antiquités de Chypre.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran
Date de création
2009-11-30 00:00:00
Dernière modification
2024-02-14 11:46:42