KLIDI. - Abri Paléolithique - 1985
Voidomatis Rema
Au cours de la campagne de 1985, l'équipe dirigée par G. Bailey a poursuivi parallèlement la fouille de l'abri-sous-roche, le traitement du matériel et les recherches de paléoenvironnement.
1) Fouille. — Les trois objectifs étaient un décapage horizontal minutieux dans les deux grands sondages ouverts en 1984, leur raccord stratigraphique avec la ccupe profonde de 1983 et l'ouverture d'un petit sondage dans le secteur Est. La fouille horizontale, menée selon les mêmes méthodes que l'an dernier (v. BCH 109 [1985] Chron., p. 791), a atteint une profondeur inférieure à 0,50 m et produit environ 20 000 pièces supplémentaires d'outillage et de faune. En combinant le décapage horizontal et la stratigraphie verticale, on a pu identifier plus d'une trentaine de niveaux, qui représentent deux types de dépôts différents : des éboulis stratifiés d'origine essentiellement géologique dans la zone frontale, des dépôts de caractère anthropique au fond de l'abri (restes de foyers superposés avec zones concentriques de déchets de silex, d'os et de pierres). On notera que les analyses de radiocarbone indiquent un intervalle de 2 000 ans entre deux dépôts cendreux voisins, ce qui témoigne de l'ampleur des écarts chronologiques en stratigraphie horizontale. En valeur absolue, les cinq mesures de C 14 effectuées jusqu'à présent suggèrent que le niveau atteint à la base du sondage profond correspond au moins au maximum de la dernière glaciation, tandis que l'essentiel des dépôts anthropiques fouillés s'inscrit dans une période de 12 000 à 10 000 BP environ. Ces dépôts viennent donc combler la lacune qui existait, dans la séquence du Paléolithique d'Épire, après l'abandon du gisement de Kastritsa.
2) Traitement du matériel. — Afin d'obtenir des cartes de répartition précises permettant de localiser les différentes activités et d'en déterminer les modalités, la fréquence, etc., tous les os et les silex — repérés de façon très précise pendant la fouille — sont ensuite comptés, pesés, mesurés, décrits de manière standardisée et codés en système alpha-numérique. Un échantillonnage de 15 000 outils et 28 000 pièces de faune a fait cette année l'objet d'une analyse détaillée. L'attention s'est concentrée sur le matériel des niveaux 14 et 15, qui correspond aux principales zones de foyers découvertes au fond de l'abri.
Les os, de qualité très médiocre, sont généralement bien conservés. L'étude des marques de boucherie montre que les animaux — ibex et chamois en grande majorité — étaient démembrés et découpés sur le site, et que l'on brisait volontiers leurs os pour en consommer la moelle ; le gibier était tué de préférence à l'approche de l'âge adulte.
L'outillage lithique du niveau 15 utilisait comme matière première les nodules de silex de la rivière, qui sont de types très variés. La forte proportion d'éclats et la présence de nuclei indique un certain degré de débitage in situ. Parmi les pièces retouchées on observe la prédominance des lamelles à dos à retouches abruptes, tandis que les lamelles à retouches semi-abruptes sont rares ; en seconde position viennent les grattoirs sur éclats, éclats laminaires ou lamelles ; les perçoirs sont bien représentés, de même que les troncatures et les pièces dentelées ou denticulées. Trois nouveaux types ont été identifiés cette année : des micro-perçoirs, un outil en forme d'alêne ou de crochet et un outil multiple à encoche. Sur 93 pièces examinées au microscope, 16 seulement (8 éclats et 8 outils retouchés) ont montré des traces d'utilisation nettes ; cet examen a confirmé l'importance du travail du bois. Parmi les pièces de petites dimensions recueillies par flottation, on compte un certain nombre de microburins.
L'étude de 40 pièces d'outillage en os (dents de cerfs perforées, alênes et aiguilles, os incisés, bois de cerf aménagé) a surtout permis de préciser les techniques de fabrication.
3) Études de paléo-environnement. — Ces recherches, qui tendent d'une part à reconstituer le milieu dans lequel évoluaient les occupants de l'Épire à l'époque paléolithique, d'autre part à déterminer les changements géologiques, climatiques et botaniques intervenus depuis lors, ont livré leurs premiers résultats. Dans le bassin de Louros on a pu vérifier archéologiquement — grâce aux trouvailles de faune — certaines hypothèses relatives au rapport entre la nature des sols et la densité animale. Les cartes paléo-géographiques des régions d'Arta, Jannina, Konitsa et Pogoniani ont été dressées ; elles devront être testées et complétées. On a procédé d'autre part à des prélèvements systématiques de sédiments dans des dépôts lacustres proches de Klidi, aux fins d'analyses palynologiques et C 14.
Légende graphique :
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